Je ne fais de bon matin que copier-coller des extraits d'articles. Celui de Fini de rire, d'abord. 
Les déclarations fracassantes du ministre de l'intérieur contre les  étrangers ne sont pas de la pure communication; elles induisent des  actions préfectorales qui fracassent des vies. En même temps, elles  renforcent la détermination de ceux qui luttent aux côtés des étrangers  en quête d'une vie au grand jour. 
Prenez un décret-loi de 1935, sous la Troisième République, tombé en désuétude depuis longtemps. Toilettez-le le 19 mai 2011 en abrogeant l'article 8 qui stipulait que  " le décret de loi est applicable à l'Algérie". Vous avez un texte "portant réglementation des mesures relatives au renforcement du maintien de l'ordre public" prêt à l'emploi.  
Et, justement, ces amis des étrangers qui n'arrêtent pas d'organiser,  à Clermont-Ferrand comme à Nice ou ailleurs, des rassemblements de  soutien aux demandeurs d'asile à la rue, aux migrants menacés  d'expulsion alors que leur vie s'est réorganisée est ici, ils empêchent  le préfet de maintenir l'ordre public. 
 C'est ainsi que deux militantes de RESF 63 (Réseau éducation sans  frontières) ont été convoquées, jeudi 16 juin 2011, au commissariat de  Clermont-Ferrand. Une enquête préliminaire avait été ouverte après une  manifestation en soutien à Lulzim et Valdete Sylejmani et leur fils  Erjon (15 mois),  une famille Kosovare auvergnate qui se trouvait  enfermée au centre de rétention à Toulouse, en vue de son expulsion. On  leur reprochait que la déclaration de rassemblement du 8 juin n'ait pas  été déposée en préfecture sous « 3 jours francs » mais seulement la  veille. Quand l'expulsion peut intervenir à tout moment, on ne peut pas  forcément attendre trois jours pour réagir. 
Cette convocation a provoqué une levée de boucliers générale des réseaux sociaux, syndicaux et associatifs de la région. Avec pour mot d'ordre "Le préfet veut nous faire taire. Nous ne nous tairons pas." Le 16 juin 2011, 160 personnes étaient rassemblées devant le  commissariat central de Clermont-Ferrand. Les deux militantes se sont vu  offrir le texte du fameux décret-loi fraîchement toiletté. Suite à  cette audition, le procureur de la République leur a adressé un Rappel à  la loi pour avoir "organisé une manifestation illicite sur la voie publique".  
Avant d'apposer leur signature sur la convocation devant le délégué du procureur de la République, elles ont écrit "Je ne reconnais aucune infraction",  comme le leur avait conseillé leur avocat. En fin de journée, ils  étaient 400 devant la préfecture pour manifester contre la  criminalisation des militant-e-s aux cris de "Nous sommes tous responsables". Et le cycle des protestations continue. 
La famille Sylejmani avait été libérée le 11 juin sur décision de la  Cour Européenne des Droits de l'Homme.  Ce préfet n'a vraiment pas de  chance, lui qui, dans son précédent poste à Nice, avait déjà eu maille à partir avec des citoyens solidaires des demandeurs d'asile à la rue. 
L'intégralité de l'article est disponible ici. 
Ensuite, un extrait du "j'accuse" - manifeste du comité de soutien aux 4 de Tours...  
 J’accuse les gouvernements et les  dirigeants de l’État français de ne pas respecter les  engagements  internationaux de la France à travers la Déclaration Universelle des Droits de l’Hommeet la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. [1]
  J’accuse les gouvernements et les  dirigeants de l’État français de discréditer par là même les valeurs  fondatrices de ces textes et les engagements pris en notre nom. En  effet, en proclamant, en 1789, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et en adoptant comme devise « Liberté, Égalité, Fraternité »,  la France a pris la responsabilité historique que, venant d’elle, toute  violation de ces principes est une mise en cause des valeurs portées  par ces textes et un blanc-seing offert aux dictatures. L’application à  des boucs émissaires - les sans-papiers, les étrangers, ceux qui  manifestent de la solidarité à leur égard – de mesures attentatoires aux libertés et aux droits fondamentaux, constitue la prémisse de l’installation d’une forme d’État dont nous serons tous les victimes.
  J’accuse les gouvernements et les dirigeants de l’État français d’atteinte aux droits fondamentaux liés à la vie humaine. Ainsi je m’indigne que, sous prétexte qu’elles sont sans papiers, des personnes puissent être privées d’ « un  niveau de vie suffisant pour assurer leur santé, leur bien être et ceux  de leur famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le  logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux  nécessaires »,  Je m’indigne par exemple de la fin de la gratuité des soins pour les sans-papiers pauvres. Je m’indigne que des personnes et des familles ne puissent bénéficier des prestations familialesnécessaires à une vie décente alors que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». Je m’indigne que le Conseil d’État puisse suggérer au Préfet de Paris de loger les sans-papiers sous des tentes.  Je m’indigne de la destruction des habitats des familles Roms et des  gens du voyage. Je m’indigne qu’il ait fallu faire condamner 19 fois par  le Tribunal Administratif  le Préfet d’Indre-et-Loire, pour qu’il  applique la loi sur le droit à l’hébergement  des demandeurs d’asile. Je refuse de m’habituer à la précarité et je continuerai à lutter contre toutes ses formes, pour tous.
  J’accuse les gouvernements et les dirigeants de l’État français d’atteinte au respect dû à la personne humaine. Je m’indigne notamment de la brutalité policière lors d’arrestations ou d’expulsions. Je m’insurge contre les arrestations à proximité des écoles comme celle qui a eu lieu, à Tours, le 7 janvier 2011, à la sortie de l’école Paul Bert. Je m’indigne de l’existence de Centres de Rétention Administrative où sont « retenus », c’est-à-dire parqués, des hommes, des femmes, des enfants,   sur simple décision administrative. Je m’indigne que l’on puisse séparer un enfant de l’un de ses parents alors que « Les  États parties veillent à ce que l’enfant ne soit pas séparé de ses  parents contre leur gré, à moins que les autorités compétentes ne  décident, sous réserve de révision judiciaire et conformément aux lois  et procédures applicables, que cette séparation est nécessaire dans  intérêt supérieur de l’enfant. ». Je m’indigne que la législation relative à l’entrée et au séjour en France crée une catégorie de travailleurs corvéables à merci parce que privés des droits liés au travail : «   1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à  des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la  protection contre le chômage. 2. Tous ont droit, sans aucune  discrimination, à un salaire égal pour un travail égal. 3. Quiconque  travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui  assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité  humaine et complétée, s’il y a lieu, par tous autres moyens de  protection sociale. 4. Toute personne a le droit de fonder avec d’autres  des syndicats et de s’affilier à des syndicats pour la défense de ses  intérêts. » Je refuse de m’habituer à toute forme de discrimination et je m’engage à lutter contre toutes les régressions des droits de la personne et pour leur extension à tous. 
  J’accuse les gouvernements et les dirigeants de l’État français de pratiques attentatoires aux libertés. « Tout  individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui  implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de  chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières,  les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce  soit. »  Je m’indigne des prétentions du gouvernement français à  interdire à des citoyens la réflexion sur les enseignements à tirer de  l’Histoire, notamment celle de la période Vichy pour les quatre prévenu-e-s de Tours. Je m’indigne de toutes les tentatives d’intimidation visant à l’instauration d’une autocensure. Je m’indigne aussi  des atteintes à la vie privée que représentent par exemple les suspicions quasi systématiques de « mariage blanc » et les entraves au mariage qui pèsent sur les couples mixtes alors que « Nul  ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa  famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur  et à sa réputation. » Je refuse de m’habituer à des pratiques liberticides.  Je continuerai d’exiger que l’exercice de la citoyenneté ne soit pas  réduit au fait de glisser un bulletin dans une urne et je m’engage à  lutter pour les droits et libertés fondamentaux et leur extension pour  tous. 
L'intégralité du manifeste est disponible ici et tout ce que vous voulez savoir à propos de cette affaire scandaleuse, vous l'apprendrez là.  
Voilà voilà...
Le manifeste des innombrables est toujours autant de brûlante, poignante actualité...
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