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mercredi 29 février 2012

Précieuses, pas ridicules... Le making off!

Dans un abécédaire, il faut choisir,  ouvrir les yeux et faire des coupes au montage. Parfois, seule comme une grande, parfois aidée d'un regard extérieur (en l'occurrence, P... et vous n'avez qu'à lire l'intro de ces Précieuses pour savoir qui se dissimule derrière l'initiale), en grognoufant ou avec le sourire (et un peu de recul). Bref, voici deux coupures... 

Marina Tsvetaieva
 Comment ça va la vie avec une autre, / plus simple n’est-ce pas ? […]Comment ça va la vie près d’un pastiche/ pour vous qui trahîtes le Sinaï ?  ironise Marina Tsvetaieva dans son poème « Tentative de jalousie ». Le Sinaï, c’est elle ! Capable de broyer les mots comme du plus grand lyrisme, Marina Tsvetaieva naît à Moscou, grandit entre l’Italie, l’Allemagne, la Suisse… et la France, pour voir jouer Sarah Bernhardt. Son premier recueil, L’Album du soir, paraît en 1910.  Sa vie, tumultueuse, est marquée par les deuils, la Révolution russe, les guerres, des amours passionnées et une longue correspondance avec le poète Rainer Maria Rilke. Elle se suicide en 1941 et laisse une quarantaine d’œuvres (théâtre, essais, poésies) :  Au Créateur : grand temps/ de rendre mon billet/ À ton monde insensé / Je ne dis que : refus.

... pour une question de "T"!


 Car dans les Précieuses, pas ridicules, vous trouverez  à la lettre susmentionnée de jolies poupées en guirlande,  et le terme travail, expliqué en long en large et en travers... ainsi qu'une incursion dans la super série Mad Men.

Vous y trouverez, également, aux lettres S et U des suffragettes, Hillary Swank et la douce uranie. Avec un jeu en plus. Et toujours, les géniales illustrations de ma complice Stéphanie Rubini!

mardi 28 février 2012

A blog ouvert : un léger goût de cendres

Après Fanny, c'est au tour de Lacenaire, assez remonté, de profiter de ce blog ouvert... 


Il y a des instants et des périodes dans l’existence où l’on ne peut plus accepter d’entendre tout et n’importe quoi. C’est un constat tardif, je l’admets, évident, je suis d’accord, mais qui nécessite d’être écrit, dit. Exemple ?
« … Brasserie populaire… » (En évoquant, tout le monde s’en souvient, le Fouquet’s, maintenant célèbre).
« … civilisations supérieures… » (Flottement dans l’assistance, tort réparé par la réponse de Mr Letchimy à  l’auteur de ces mots, malgré la déroute du gouvernement et des élus UMP).
« … l’homme africain doit entrer dans l’histoire… » (Là, je paraphrase le fameux discours de Dakar).

Au-delà des fautes historiques, humaines, de l’ignorance ou de l’ignorance ainsi feinte, ce qu’il faut retenir c’est que ces aberrations ont été dites par des sommités, que dis-je ? Des représentants de l’Etat Français. Et ça, ça la fout mal.
Parce qu’au travers de ces paroles lourdes de conséquences, c’est nous autres, du peuple de France, d’origine incontrôlable, qui sommes concernés en premier lieu. D’abord parce que quoi que nous en pensions, quelle que soit l’estime que nous leur portons ou nos griefs à leur égard, ce sont nos dirigeants élus qui profèrent ces idioties. Ensuite parce que ces paroles resteront dans l’Histoire et que ce sera un travail de longue haleine que de revenir dessus.

Et si aujourd’hui je me permets d’intervenir à ce sujet, c’est qu’une fois de plus, pendant la campagne électorale, une dépêche de l’AFP a vite disparu des radars. A savoir que Mr Eric Besson, ministre de l’Industrie, s’est rendu à Fukushima, là où « s’il y avait eu des réacteurs EPR, il n’y aurait pas eu de fuites » (Anne Lauvergeon, directrice d’Areva, dans les jours qui ont suivi la double catastrophe).
A en croire cette dépêche, Mr Besson s’est rendu devant le bâtiment de la tranche 4, et a lâché ceci, petite perle qui n’annonçait pas la bombe à venir :
«Dès l'accident qui a frappé cette centrale, nous avons voulu marquer la solidarité du gouvernement français et la collaboration de l'industrie nucléaire française avec le Japon».
Ou pas, puisque nos dirigeants paniqués ont d’abord appelé tous les ressortissants Français à quitter manu militari l’archipel nippon.
Fort de cette affirmation pour le moins teintée d’amnésie sélective, Mr Besson, tout de même ministre du président-candidat, a poursuivi sa visite. Du centre antisismique de contrôle des opérations au front de mer, il n’a pas ôté sa combinaison de sécurité, semblable à celles que portent les 3000 employés de TEPCO. Puis, devant ce même océan, il l’a sortie, sa bombe : le voilà « rassuré ». Finalement la situation est moins dramatique qu’il n’y parait (à ce stade la dépêche elle-même paraphrase). Ainsi donc, en France comme en Turquie ou encore en Inde, nous pourrons poursuivre nos chantiers sur des failles sismiques, déplorer plusieurs milliers « d’incidents » nucléaires, voir des fours exploser « sans rejet de produits radioactifs », etc.
Ouf. On peut souffler. Puisque Mr Besson « continue de croire à un nucléaire civil avec le plus haut niveau de sécurité, nous comptons sur vous pour redonner vie à ce secteur», laissons-lui sa chance. Il aura effectué un déplacement à Fukushima, le 21 février dernier, pour nous prouver combien on peut dire n’importe quoi, n’importe où, sans se soucier de la substance du discours, de ce qu’il implique.

Une fois de plus.
L’élégie de l’énergie atomique à Fukushima, ce serait comme l’apologie de la supériorité des civilisations sur l’île de Gorée. Mais je suppose que d’autres y ont déjà songé. Bref, plutôt que de les laisser parler, évoquer à tort et à travers des sujets auxquels ils ne maîtrisent rien et ensuite seulement s’insurger, il serait peut-être temps de leur montrer courtoisement la sortie – par les urnes.
Comme le conclut la dépêche : « En près de deux heures, il (Mr Besson) a reçu une dose d'environ 40 micro sieverts*, 200 fois supérieure à celle absorbée pendant la même durée dans un environnement non contaminé ».
J’espère pour lui qu’il n’en a pas conçu un mélanome – ce ne serait pas très malin.

* impact des rayonnements sur l'homme.

dimanche 26 février 2012

Rugissez pour les grands fauves

Une campagne lancée par National Geographic pour la sauvegarde des grands félins. Le principe est simple : un rugissement donne un euro. Et pour rugir, soit vous avez une webcam et vous vous lâchez (grrr), soit vous cliquez sur l’enregistrement qui vous correspond le plus.

Celui-ci est tout petit, mais...


que diriez-vous de rugir comme les lions et les panthères  du projet ?

Pour aider, il suffit de cliquer sur ce lien.

dimanche 19 février 2012

Parce que le droit d'auteur doit rester inaliénable

 Le collectif d'auteurs "les droits du serfs" adresse une pétition à l'assemblée nationale. Je fais suivre via ce mail le texte de la pétition et vous invite à le signer en cliquant sur le lien ad hoc.

Mesdames et messieurs les députés,
Le 13 février, le Sénat a adopté une proposition de loi relative à l’exploitation numérique des livres indisponibles du XXe siècle que vous aviez approuvée en première lecture le 19 janvier.
Cette loi vise à rendre accessible sous forme numérique l’ensemble de la production littéraire française du XXe siècle dès lors que les œuvres ne sont plus exploitées commercialement. Elle prévoit que la BnF recenserait dans une banque de données publique l’ensemble desdites œuvres dont l’exploitation serait gérée par une Société de perception et de répartition des droits (SRPD) qui assurerait, de façon paritaire, une rémunération aux éditeurs et aux auteurs.
Vous allez être prochainement appelés à voter cette loi pour adoption définitive.
Après lecture attentive, il nous apparait que ce texte ne répond pas à l’objectif affiché de concilier la protection des auteurs et l’accès de tous aux ouvrages considérés comme introuvables. Au contraire il dévoie le droit d’auteur défini par le Code de la Propriété Intellectuelle, sans offrir la moindre garantie à tous les lecteurs de pouvoir accéder aux ouvrages dans des conditions raisonnables.
Il est entendu que, par « auteurs », nous désignons ici les écrivains, les traducteurs, les dessinateurs et les illustrateurs, auxquels sont évidemment liés leurs ayants droit.
Pour rappel, le droit d’auteur est inaliénable et confère aux auteurs et à leurs ayants droit la libre disposition de leur œuvre et de ses exploitations. C’est, entre autres, pour cette raison que vous avez statué sur le droit de copie et sur ce qu’il est convenu d’appeler piratage en matière d’œuvres numériques.
Selon le projet de loi, les auteurs ou ayants droit auraient obligation de s'opposer à l'inscription de leur œuvre sur la base de données, ce qui revient à effectuer une confiscation automatique de la propriété des auteurs et ayants droit, avec une possibilité très limitée de rétraction par les propriétaires légitimes des œuvres. Il s’agit donc d’une remise en question du droit d’auteur inaliénable.
Pour information, il est rarissime que l’indisponibilité d’un ouvrage ressortisse à la volonté délibérée de l’auteur ou de ses ayants droit. Dans une immense majorité des cas, elle est le fait des éditeurs auxquels les auteurs ont cédé le droit d’exploitation commerciale et qui ont cessé d’exploiter ce droit sans toutefois leur en rendre l’usage. Or, le projet de loi que vous allez réexaminer prévoit que l’éditeur en défaut de commercialisation bénéficie au même titre que l’auteur des dispositions de la loi.
Pour réflexion, il arrive également qu’un auteur ne souhaite pas que tel ou tel de ses ouvrages soient remis dans les circuits de diffusion, par exemple parce qu’il a depuis publié un autre ouvrage plus complet auquel la publication numérique du précédent ferait concurrence.
L’auteur seul – ou à défaut ses ayants droit – peut décider d’une nouvelle diffusion de son œuvre. Tout éditeur – numérique ou papier – qui souhaiterait exploiter son œuvre se doit en premier chef de lui proposer un contrat.
Pour comble, la facture générée par la collecte des données et les frais de fonctionnement des sociétés agréées aurait un coût important qui rejaillirait directement sur le prix de vente des ouvrages ainsi exploités et sur la rémunération des auteurs, entraînant l’un à la hausse et l’autre à la baisse.
En conclusion, bien que, en cette période pré-électorale, nous vous savons fort occupés par la multiplication des textes qui vous sont soumis, nous vous appelons à reconsidérer votre position, au regard des achoppements que nous vous exposons, et à rejeter purement et simplement cette proposition de loi qui ne ferait qu’instituer un piratage officiel et général des œuvres littéraires du XXe siècle sous la forme d’une atteinte sans précédent au droit de propriété, ici celui des auteurs.

Pour signer : cliquez sur ce lien 

mercredi 15 février 2012

Parce que c'est aussi notre avenir

vendredi 17 février prochain à la bibliothèque de Clignancourt, de 18H30 à 20H, Hervé le Treut et Johan Héliot donneront une conférence sur le changement climatique. Voici la présentation de la bibliothèque : 

Entre alarmisme excessif des uns et déni aveugle des autres, il est souvent difficile de se faire une idée juste de ce que les changements climatiques en marche nous réserveront. Pour faire le point sur la question, un scientifique et un auteur de fiction. Hervé Le Treut dirige l'Institut Pierre Simon Laplace, un consortium de 6 laboratoires franciliens dans le domaine des Sciences de l'Environnement. Au niveau international, il est membre du Comité Scientifique du Programme Mondial de Recherche sur le Climat et a participé aux différents rapports du GIEC. Il est l'auteur de Nouveau climat sur la terre : comprendre, prédire, réagir (éd. Flammarion). Pour sa part, Johan Heliot a publié une quarantaine de romans chez de nombreux éditeurs, dans tous les genres de l'imaginaire, pour adultes comme pour la jeunesse. Une partie de son œuvre, axée sur la science-fiction, explore les futurs possibles de l’humanité et les conséquences des grandes dérives actuelles de la société – climatiques, sécuritaires...

Même si les termes "alarmisme excessif" me semblent bien trop prudents, en cette ère de sixième extinction, de saccage programmé de la planète et de génocide(s) programmé(s), concernant les pays d'Afrique, je ne saurais trop vous conseiller d'y aller si vous le pouvez. 

Plus de renseignements (adresse, etc.) : sur ce lien.

A lire, de Johan Héliot : Création (Nouveaux millénaires), Ados sous contrôle (Mango)
A lire de Hervé le Treut : Nouveau climat sur la terre : comprendre, prédire, réagir (Flammarion)



mardi 7 février 2012

Nuit brûlée : dernier extrait avant la sortie

... du non corrigé, toujours!

Une demi-heure, à peine, s’était écoulée quand une espèce de tronc évidé s’échoua au pied du tertre. À l’intérieur, les membres pendant dans l’eau noirâtre, un cadavre ensanglanté.
« Serait-ce le Dégénéré tué par Axel ? se demanda Cléo. Impossible. Il a dû rester coincé dans les roseaux. Quoi qu’il en soit, autant récupérer le radeau. Qui sait, s’il ne revient pas, ça pourrait me servir à sortir d’ici… » 
La jeune fille descendit la pente, son couteau de chasse pointé devant elle. Mieux valait être prudente. Les cannibales étaient rusés, capables d’utiliser des leurres, de profiter de la moindre ouverture pour attaquer. Quelques bulles éclatèrent à la surface, libérant des gaz nauséabonds. Plus loin, dans les joncs, quelque chose plongea. Cléo s’immobilisa, aux aguets. Réprima un frisson. Avança la main vers la dépouille, s’arrêta, redoutant que celle-ci se retourne brusquement et bondisse sur elle. Mais elle était inerte et froide ; le coup reçu avait largement pénétré dans les chairs, sectionnant la colonne vertébrale. Cléo inspira profondément, regarda une fois encore alentour – rien. Alors, elle entreprit de faire basculer le corps dans les marais. Sifflement soudain dans l’air. Elle s’aplatit derrière l’embarcation rudimentaire, évitant de justesse une flèche. N’eut guère le temps de se reprendre. Jaillissant dans une gerbe huileuse et glacée, un mangeur d’homme se jeta sur elle en grondant. Vêtu d’un pantalon loqueteux, trempé, il portait sur sa peau cuivrée des traces de peintures rituelles. Dans le clair de lune, ses cheveux blanchâtres brillaient d’une lueur malsaine. En un éclair, Cléo se retrouva plaquée sur la roche gluante du tertre, les bras maintenus au-dessus de sa tête. Approchant d’elle son faciès grossier, son agresseur dévoila une rangée de dents taillées en pointe. Une rangée de dents faites pour déchiqueter. Elle se débattit, s’efforçant d’échapper à son adversaire...

dimanche 5 février 2012

La Roue de la fortune

Cela faisait quelque temps que je n'avais pas fait de billet "sérieux" ou "perso" (ou les deux). Je continue donc mon tour des tarots avec la dixième Lame, la Roue de la Fortune. Destin, choix, bonne ou mauvaise fortune, retournements de situations : l'arcane est fantasque et les bêtes qui correspondent à cette roue, le chien, le singe et le sphinx marquent l'hybridation, le changement, l'ascendance et la décadence... Tout un programme. Je voudrai, moi, m'attarder sur la question du choix. Je me suis acheté dans l'excellente librairie Violette & co un essai sur les femmes intitulé L’Étude et le rouet (M. Le Doeuff). Oui, le rouet... C'est un essai féministe et philosophique, pour l'instant très drôle et très percutant, et qui m'a fait prendre conscience de différentes choses, évidentes pour certain(e)s, mais qui jusqu'à présent ne m'avaient pas particulièrement frappée. Ou pas assez. La philosophie est un milieu d'hommes, un milieu misogyne et intolérant - le comble pour un domaine censément synonyme d'intelligence, d'ouverture d'esprit et de pensée. Mais voilà, de Platon à Schopenhauer, en passant par l'ineffable Kant ou Auguste comte, les femmes subissent un nombre incalculable de phrases toutes faites et de grandes vérités qui feraient se retourner Descartes dans sa tombe. M. Le Doeuff de constater : pour une femme, être philosophe (devenir philosophe), c'est à peu près aussi difficile que l’ascension du Kilimandjaro, simplement parce que leurs pairs, souvent mâles, parfois femelles (simples commentatrices et historiennes de la philosophie, elles restent à leur place) lui mettent des bâtons dans les roues, la rouent de coups et font assaut de coups bas. Quant à être philosophe et féministe... Le Kilimandjaro se transforme en face nord de l'Everest. Bref, elle constatait que nombre d'entre elles abandonnent en cours de route. Et là, je me dis "merde, elle a raison." J'ai laissé tomber, d'une certaine manière. Je n'ai aps passé les concours ni chercher plus que ça à passer une habilitation ou à me qualifier comme maître de conf, etc. Non. J'ai enseignouné deux ans à côté de l'écriture, j'ai participé à des colloques, au CERLI et à Modernités médiévales, puis je suis devenue écrivaine professionnelle et j'ai jeté l'éponge. Je ne crois pas que cela soit si radical que cela, d'ailleurs : mes romans demeurent pour moi une manière de philosopher, de tenter de répondre aux mêmes questions qui me turlupinaient déjà dans ma thèse : qui suis-je ? Qui est-l'autre ? Peut-on ou doit-on tenter de définir l'humain ? Je n'ai pas cessé de faire de la philosophie, je m'y prends autrement, par des chemins de traverses... mais je ne suis pas philosophe au sens universitaire du terme. Je n'avais pas les armes, à l'époque. Aujourd'hui, pour plein de raisons, je les ai plus mais je n'en ai pas envie. Destin, roue de la fortune... Lucidité aussi. parce que quand Nietzsche écrivait que les philosophes étaient déjà morts, étaient de l'anti-vie, il ne se trompait pas tant que ça. Pas sur tous et en tous cas sur aucun de ces qui se prétendent penseurs et ne sont finalement que des machines cyniques et vides de sens... A suivre, avec la onzième arcane : La Force.