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dimanche 17 septembre 2017

Des personnes

Juste quelques remarques.
"Les animaux n'éprouvent pas de sentiments".
Je comprends mieux les guerres, les morts, les violences. 
"Les animaux ont des besoins simples, dormir, manger, être en sécurité. C'est tout."
Je comprends mieux la bêtise de certains de mes semblables. 
"Les animaux ne pensent pas. Ils n'ont que l'instinct."
Je comprends mieux le résultat des dernières élections. 
"Les animaux ne sont pas des personnes."
Je comprends mieux le capitalisme et les termes comme "dégraissage" employés pour licencier les travailleurs.

N'en déplaise aux spécistes, nous sommes des animaux. 
Nous sommes l'espèce humaine, différente de l'espèce féline, elle-même différente de celle des chevaux. Nous sommes déjà incapables de nous comprendre les uns les autres,de nous définir,  sans nous comparer, nous étiqueter, établir des échelles de valeur absurdes, qu'elles soient ou non philosophiques (pour évoquer les femmes, par exemple...), je trouve plus absurde encore en plus d'être prétentieux de juger les capacités intellectuelles et émotionnelles d'une espèce qui nous est étrangère, et qui est elle-même, comme la nôtre,  composée d'une multitude d'individus singuliers.

Quand je me rends dans un pays étranger, je fais l'effort d'apprendre les mots de base et je me renseigne pour savoir ce qui est ou non admis (ex. non, on ne se balade pas en short à Essaouira, en revanche à Lisbonne tout le monde s'en fout) ; quand je rencontre une nouvelle personne, je l'écoute, j'essaie de trouver des points d'accroche communs (parfois, il n'y en a pas, parfois, cela prend du temps), sans forcer sa "bulle". C'est ce que Winnicott appelle "l'aire intermédiaire d'expérience".  Parfois je me plante - ou pas. j'apprends à la connaître comme j'apprends une nouvelle langue. Et j'attends d'elle sinon la même chose du moins qu'elle ait la politesse de ne pas forcer "ma" bulle.

Et puis, il arrive que je commette une bourde, que je blesse l'autre involontairement, parce que je ne suis pas lui, tout ce que je peux faire, c'est interpréter - voire, mal interpréter si je suis fragile - ses mots, réactions émotions. Parce que l'autre me demeure caché. Parce que j'aurais beau essayer de "me mettre à sa place", je n'aurais qu'une vision faussé de qui il est/ éprouve/ devient.
D'une certaine façon, je fais du charlottomorphisme. Parce que ce sont aussi mes outils d'interprétation. J'essaie cependant de ne pas faire trop de charlottocentrisme, même si c'est très difficile quand je suis fatiguée et que j'ai le sentiment que personne ne m'aime, que tout le monde m'en veut, etc.



Avec les autres espèces animales, la moindre des choses est de leur accorder la même politesse : se renseigner sur leur mode d'existence, apprendre leur langage de la même manière qu'ils s'efforcent d'apprendre le nôtre (les chats, par exemple, miaulent beaucoup plus en présence d'humains, et ont au moins deux ronronnements différents, pour exprimer des désirs ou des émotions) et les considérer en tant que personnes, capables de réfléchir, d'éprouver, d'apprendre et d'enseigner, d'avoir ou non des affinités, mais surtout   en tant qu'individus singuliers - avec toute la complexité que cela engendre.
Et bien sûr, que nous allons "faire de l'anthropomorphisme", puisque c'est notre manière en tant qu'humains d'appréhender les autres. Mais un chat va faire du catomorphisme, un cheval, de l'équidomorphisme, etc. puisque c'est ainsi qu'ils ont l'habitude de considérer le monde.
Et puisqu'il s'agit de rapport à l'autre, d'une singularité à l'autre, je peux évoquer des exemples. Avec nous, Quevedo faisait du quevedomorphisme (voire, était parfois quevedocentrique) et le lien qu'il avait avec Fabien n'était pas le même que nous avions forgé lui et moi. Fabien et lui avaient développé une "aire intermédiaire d'expérience,", une "aire de partage" qui leur était propre. Et bien sûr, il y avait des frictions. bien sûr, il y avait des questions de territoire. parce que l'homme est un animal comme le chat et que les "bulles" ne sont pas toujours respectées...  L'une de mes amies, Diane, qui a vécu avec des rats pendant très longtemps pourrait également évoquer le ratomorphisme et surtout la façon dont chacun vivait différemment avec elle. 

Bref. 
L'un des axes fondamentaux de mon doctorat de philosophie était le rapport à l'autre, qu'il soit ou non de la même espèce. A l'époque, j'interrogeais surtout les "monstres" de la littérature et de la mythologie, comme la Sphinge grecque et me demandais ce qui se serait passé si Œdipe, refusant l'énigme, avait simplement demandé à la Sphinge "pourquoi?", ouvrant ainsi un dialogue avec l'altérité...  Aujourd'hui, je me rends compte que cette problématique continue à m'interroger, et qu'elle est d'autant plus fondamentale à mes yeux qu'elle permet de déconstruire les systèmes dans leqsquels on tente de nous enfermer et de penser les liens entre les vivants de façon horizontale et non pyramidale, de singularité à singularité, et d'éviter les jugements qui enferment, rabaissent, détruisent
Et pour ceux que cela intéresse, je conseille : 

clic
Un bon début pour commencer à penser autrement.Et s'interroger sur ce que la façon dont nous considérons l'autre - animal - dit de nous
 

dimanche 3 septembre 2017

Les Romans de la rentrée

LE ROMAN QUE J'AURAIS VOULU ÉCRIRE


... et que j'ai juste pu découvrir en avant-première... 

Auteur : Fabien Fernandez
Éditions : Gulf Stream
 
Malmenée par les rixes des gangsters, les liquidations judiciaires et les combats de chiens, Detroit observe ses habitants parcourir son ossature de métal et de goudron, guette celui qui la sauvera de sa lente décrépitude. Pendant qu’Ethan, jeune journaliste new-yorkais fasciné par cette ville au passé industriel et musical glorieux, explore les quartiers de Motor City jusque dans ses bas-fonds, Tyrell attend fébrilement le moment où, son année de lycée terminée, il pourra enfin prendre son envol. Mais victime d’accès de colère incontrôlés, il peine à éviter les heurts avec les membres des Crips et l’expulsion scolaire. Quand ses recherches mettent Ethan sur la piste d’un détournement de fonds au sein de l’établissement de Tyrell, il soupçonne rapidement que l’affaire est sérieuse… Tous deux vont s’opposer comme ils le peuvent aux gangs qui règnent en maîtres à Motown. Nul ne sera épargné.

Pour lire les premiers chapitres : c'est ici


LE ROMAN DONT J'AI ADORÉ FAIRE LA DIRECTION LITTÉRAIRE



... et que j'ai hâte d'avoir entre les mains

Autrice : Christine Féret-Fleury
Éditions : Lynks

Quand je n’ai rien à faire, et c’est rare, je regarde la mer. Je sais depuis longtemps que plus rien ne viendra de là, que rien ne fendra les vagues qui bouillonnent et s’allongent sur la grève encombrée de blocs d’où dépassent des tiges tordues, couleur de sang séché. L’écume lave leur laideur, puis repart. Puis revient. Puis repart. Je me laisse bercer, je vois les algues collées aux rochers onduler et danser, je me demande à quels animaux elles me font penser. J’ai oublié leur nom. Ou peut-être que je ne l’ai jamais su. Je suis en colère. Je cogne ma tête contre le parapet du phare, ma tête vide, j’ai mal, mais cette douleur-là cessera, alors que l’autre, jamais. J’ai mal de ce vide. J’ai mal à l’intérieur de moi, c’est comme la faim, l’oubli est une bête qui me ronge, sans arrêt.
Quand elle aura tout dévoré, que restera-t-il ?

Pour lire un extrait, c'est

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