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vendredi 21 novembre 2014

Cheval-vie à la mairie du 6ème arrondissement

J'anticipe, par rapport au salon Paris Polar et Montreuil, mais étant dans les corrections d'une anhtologie qui paraît chez Rageot en septembre prochain, et dont les droits seront reversés à cette association, je me dis que c'est l'occasion. 
A partir du 10 décembre , et jusqu'au 5 janvier 2015, aura lieu une exposition-photo autour de Cheval-Vie. 
Cheval-vie, qu'est-ce que c'est ? C'est une association qui s'adresse à des personnes souffrant de handicap physiques ou sensoriels, de maladies mentales, ayant des difficultés à s'insérer dans une société qui ne leur correspond pas, ou encore à des personnes âgées souhaitan retrtouver un contact avec l'animal et en prendre soin.

Une interview de Véronique est disponible ici.

La journée du 10 décembre propose différentes animations autour de l'association. J'y animerai un atelier de lecture/ écriture et serai ravie de vous y croiser... (par ailleurs, si un illustrateur ou une illustratrice bénévole souhaite participer, il ou est est le/la bienvenu/e)


mercredi 19 novembre 2014

Lune et l'Ombre T2 - Forger le lien

Dans le cadre d'un événement Facebook, les auteurs de SFFH francophones ont du talent  - rien que ça... Je publie un extrait du deuxième tome de Lune et l'Ombre, trilogie fantastique (à partir de 11 ans, chez Gulf Stream éditeur). Et je le dédie tout spécialement à Mona;, Emma et Harmony.Il faut toujours se méfier des clowns!



C’est une mélodie, d’abord. De joyeuses notes de flûte. Un morceau simple et entraînant. Porté par la brise du soir, il virevolte autour de moi. Incapable de résister, je tourne sur moi-même et j’esquisse quelques pas de danse, ensorcelée. Je m’élance, impatiente de découvrir la source de cette chanson. J’arrive à l’orée d’une esplanade entourée de vieilles demeures. Dans le couchant, elles sont illuminées de rayons d’ambre blond. La musique vient de là. Je ralentis, un peu intimidée. À cet instant, l’oiseau-lune se pose sur mon épaule et me pique deux fois. Réprimant un cri de douleur, je sursaute, porte la main à mon cou. Il m’a fait mal, mais la douleur, comme dans la demeure de l’horloger, m’a libérée du sortilège. Plaquée contre un antique mur de pierres sèches et moussues, je m’approche de la place, le cœur battant.
En guise de chapiteau, une roulotte hexagonale, sans moteur ni chevaux. En guise de scène, une porte fixée par des tréteaux.
Un personnage inquiétant, vêtu d’un chapeau pointu et d’une longue cape rouge, jongle au son d’une flûte invisible avec une vingtaine de minuscules sphères d’argent. Sur le seuil de sa caravane, un lion et une chouette l’écoutent sagement.
Face à lui, une quinzaine d’écoliers en uniformes gris, hypnotisés. J’ai l’impression de les avoir déjà vus. Mais où ? Soudain, je me rappelle : ils suivaient leur institutrice, une nonne sévère. Un gardien barbu les escortait : il portait dans son dos un sac rempli d’oiseaux. Certains parvenaient à s’échapper et filaient à tire d’aile dans le ciel nuageux : ce n’étaient ni des étoiles ni des soleils, mais des rossignols, des mésanges et des petits moineaux. 
Je m’avance un peu plus. Je découvre avec horreur les yeux minéraux du fauve et du rapace : ils sont empaillés. Quant aux lumières, ce sont des boules de plumes inertes, dépouilles fragiles, encore scintillantes de magie, des victimes du chasseur d’étoiles. 
La musique s’arrête. Le clown ralentit ses mouvements. Les cadavres retombent en pluie molle autour de lui. Indifférent, il s’incline et salue. Les élèves applaudissent.

vendredi 14 novembre 2014

IVG bis repetita

Je viens de terminer un roman dont l'essentiel se passe en 14-18, à Paris. Pas d'histoire de front, des histoires de femmes. Des femmes qui travaillent, vivent, s'indignent... l'une d'elles, surtout. Madeleine. Qui s'insurge contre la campagne nataliste visant à interdire l'avortement aux femmes victimes de viols de guerre. Ben oui, le gosse, c'est peut-être le fruit d'un viol, mais ça fera un petit Poilu, qui lavera le péché de son père (être Allemand, hein, pas avoir violé) en donnant son sang pour la patrie. 
Ou comment traumatiser des femmes qui le sont déjà, et culpabiliser des gamins qui ne sont pas encore nés.
En 2012, une adolescente, Amina, a été violée. Contrainte d'épouser son agresseur, elle s'est suicidée. Le destin d'Amina a scandalisé le Maroc - des nombreuses manifestations ont été organisées en réaction à cette aberration, il y a eu des pétitions, des actions d'ONG. Finalement, au premier trimestre 2014, l'amendement 475 qui permettait au violeur d'une mineur d'échapper à la prison s'il l'épousait a été abrogé. C'est un premier pas, mais ce n'est pas gagné... (cf. ici.) Et l'IVG ? Pas gagné non plus, vu que le code pénal marocain en la matière date du protectorat : en bref, l'avortement est un crime puni d'emprisonnement -, mais se pratique dans des conditions souvent terribles (le ceintre, l'aiguille, etc.) Ici, un extrait d'un artcile de Libération, de mars 2014 :

En trente ans de service au CHU de Rabat, Chakib Chraibi a accumulé les témoignages. Il les a répertoriés : «K.T., 19 ans, admise à la maternité, le col de l’utérus déchiré par l’introduction d’un objet contondant dans le vagin […]. Elle décédera 48 heures plus tard de choc septique ; B.S., 19 ans, admise aux urgences pour tétanos, l’examen révèle des plaies vaginales en rapport avec l’utilisation d’instruments souillés ; elle meurt 48 heures plus tard ; R.T., admise pour des symptômes d’intoxication aiguë, l’interrogatoire retrouve la consommation de produits abortifs. Elle meurt le jour même.» La liste est longue. Faute de données, le docteur Chraibi a mené son enquête : 600 à 800 avortements seraient pratiqués chaque jour au Maroc.
«Quand une femme veut avorter, elle le fera, quoi qu’il arrive. Alors autant que cela se passe dans des conditions dignes, où sa vie n’est pas en danger.» C’est dans cette perspective que Chakib Chraibi a créé l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin, il y a plus de dix ans. «Je me suis adressé aux députés, aux représentants religieux… En privé, ils sont d’accord avec moi, mais, en public, c’est une autre affaire, et les choses n’avancent pas. Si tous les gynécologues du pays arrêtaient les avortements, on verrait ce qui se passerait. Leur travail arrange tout le monde.»

L'intégralité, très intéressante, est disponible sur ce lien.
 Et ce, sans compter les bébés abandonnés dans un caniveau, une poubelle, ou naissant difformes (et abandonnés ensuite) parce que leur mère, désespérée, a tenté l'impossible pour s'en débarrasser.
Je peuc vous parler du Brésil, si vous voulez. De cette fillette excommuniée parce qu'avortée après un viol (elle avait 11 ans, d'après mes souvenirs). Ou tout simplement, inutile d'aller bien loin, d'enfants non désirés, d'enfants détestés par leurs parents, qui finissent par se foutre en l'air (toutes les méthodes sont bonnes), de mères qui regrettent toute leur existence de ne pas avoir vécu, et font peser sur le dos de leur gamin leur indécision, bref. Je m'éloigne, un peu, mais pas tant que cela.
Donc, l'objet de ce billet : IVG, bis repetita. Pourquoi ? Parce que... Ca.
Vous avez bien lu. Au nom de la morale et du respect de la vie, les auteurs de ce Dico des filles - je rappelle ici qu'il ne s'agit pas d'un ouvrage religieux, mais d'un truc girly vachement trop bien qu'on trouve entre Barbie princesse et Hunger games - et réintroduisent dans la sphère publique ce que la République a écarté depuis... un siècle il me semble. "Les autorités religieuses ont leur mot à dire"... Heu, non. Non, comme l'explique très bien la suite de l'article qui a extrait cette "perle". Alors, ils peuvent se le permettre, chez Fleurus. Dans les séries américaines - Glee par exemple , qu'on ne saurait taxer de puritanisme, la petite Quinn mène sa grossesse jusqu'au bout et abandonne son bébé, et de manière générale, on n'avorte pas, on perd le gamin (accident, fausse couche, etc.). On vit dans une société qui a moins de mal avec les explosions que l'IVG, c'est comme ça. 
Bref. Je voulais dire quoi, moi ? 
Ah, oui. Je trouve quant à moi cette remise en cause de l'IVG parfaitement indécente. Au lieu de polluer les étagères des librairies avec ce genre de propos nauséabonds, de parler de "morale", ces personnes feraient bien de se demander où est la leur, à elles qui osent s'ériger en juges et tentent de culpabiliser des femmes et des filles pour qui de toute façon ce n'est pas une décision facile. Ce qui n'est pas moral, mesdames et messieurs les auteurs ("commetteurs") de ce Dico des filles, c'est d'oser écrire des articles comme celui-ci,  alors que des centaines de milliers de femmes se battent pour cela, meurent à cause de cela. 

Mais en même temps, qu'attendre d'autre de la part de tartufes qui dans ce même dictionnaire écrivent... 

« C'est vrai qu'il existe des couples homosexuels stables. Mais souvent, les relations sont éphémères, instables et les homosexuels ont du mal à se projeter dans l'avenir »;
A mes ami(e)s gais et lesbiennes, vous êtes prévenus, vous manquez d'ambition, de stabilité... 
« Quand on aime quelqu'un, on a naturellement envie d'avoir un enfant avec lui."
Fabien, amour de ma vie, apparemment, je ne t'aime pas ? 
" C'est ce qui fait aussi souffrir les personnes homosexuelles: elles savent qu'elles ne pourront pas avoir d'enfants avec une personne du même sexe, et fonder une famille avec elle » 
Ah bon ? Et l'adoption, la PMA ? Non ? 
« Certains pensent que, même si les homosexuels sont des personnes aussi respectables que les autres, la société ne doit pas encourager la relation homosexuelle qui, contrairement à la relation hétérosexuelle, ne permet pas d'avoir des enfants naturellement »
No comment... Ces extraits, je les ai trouvés dans l'article de Raimbow Warrior, dans Médiapart  - et je ne saurai trop vous conseiller d'en lire l'intégralité : ici.