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samedi 27 février 2016

Pêle-mêle, rencontres et ITW

Après deux journées riches en rencontres et en échanges avec les élèves des collèges de Valogne et les enseignants, me voici sur le point de prendre le train pour le Salon du livre féminin d'Hagondange où je dédicacerai mes romans cet après-midi et demain. 

Un compte-rendu des rencontres avec les collégiens de l'établissement Le Buot : ici.Et des photos à la bibliothèque :

Une interview sur le site des imaginales, pour présenter le projet  auteure-associée : de ce côté

Pour terminer, des signatures ce week-end au salon du livre féminin d'Hagondange (près de Metz) : hop!

mardi 23 février 2016

Tant d'étoiles dans la nuit - dédicaces



Je serai en dédicaces à la librairie Le Chat Pitre le samedi 12 mars, après-midi, pour fêter la sortie de mon nouveau roman.

Le chat pitre
22 Bis Rue Duchefdelaville -75013 Paris




jeudi 18 février 2016

Tant d'étoiles dans la nuit (2)

J-20.
Extrait n°2, donc (version non corrigée).



Après le verre, tu m’as invitée à dîner. Du comptoir, nous nous sommes déplacés vers une table en bout de salle. Tu m’as parlé du chemin parcouru, du chemin qui te restait à parcourir. Tu m’as confié que le groupe de parole auquel tu as participé pendant ta cure de désintoxication t’a aidé à comprendre pourquoi tu étais incapable de construire une relation sérieuse, pourquoi tu t’acharnais à briser ce qu’il y avait de bien en toi. Pour la première fois depuis que je t’ai rencontré, tu t’es véritablement ouvert à moi.
Tu ignores l’identité de ton père. Ta mère était une junkie, qui t’a promis cent fois de se reprendre, d’être là pour toi, mais elle a disparu avant ta dixième année. Ballotté de foyer en famille d’accueil, trop maigre pour résister aux brutes qui faisaient la loi dans le quartier, tu as grandi sans amour, sans autre soutien que Sid, une gamine maigrichonne encore plus frêle que toi.
Je ne savais pas que vous vous connaissiez depuis si longtemps, tous les deux. Sid ne m’appréciait pas beaucoup et toi, tu ne te confiais pas.
J’avais deviné ta blessure. Tu me l’as avouée. Tu avais tellement peur à l’idée d’être abandonné, que tu ne laissais personne t’approcher. Au fil des années, tu as bâti des murs assez épais pour te protéger du monde. Le problème, c’est que tu n’avais aucune confiance ni aucune estime de toi. Alors, l’enceinte s’est transformée en prison. Tu étouffais, pourtant tu n’osais pas sortir. Seules les drogues, les excès, te donnaient l’illusion de t’évader. Et tu as bien failli y perdre ton âme. Jamais je n’avais été aussi intime avec toi – ni avec personne, je crois. Est-ce pour cela ? Est-ce parce que je t’ai enfin découvert, ce soir-là ? Je crois que si tu m’avais demandé de te donner une seconde chance, je n’aurais pas hésité.
Le soleil est haut dans le ciel, à présent. La ville est réveillée. Les premiers concerts débuteront bientôt. Certains off ont déjà commencé. Là-bas, sur la jetée, un petit groupe s’est rassemblé autour d’un slameur. Il porte un tee-shirt trop large sur un baggy couleur treillis, des dreadlocks attachées en queue de cheval et des lunettes noires perchées sur le sommet de son crâne. 

Zombi nation, combinaison de compromis
De petits arrangements avec la vie
Et de renoncements politiquement corrects
De rêves piétinés pour entrer dans la secte
Des adultes réalistes et avisés qui consomment
Les conneries que l’on sert à la télé…

vendredi 12 février 2016

Vive Pétain!... Non ?

Le plus beau métier du monde, c'est d'être maman. Parce que la place d'une femme, c'est au foyer. C'est vrai, ça : passer l'aspirateur, préparer de bons petits plats en souriant à l'idée de satisfaire les papilles de l'homme, quand il rentrera épuisé du travail. penser à cirer ses chaussures, ou nettoyer ses baskets, aussi, c'est bien. Et quand les enfants rentrent de l'école, les attendre avec un goûter, pendant que la petite aidera à débarrasser, le fils, l'héritier, ira se défouler en criant dans le jardin ou se vautrer devant la télé. Et si le père, fatigué, grogne, râle, gifle, ce n'est pas grave : son métier l'épuise, la femme se doit de continuer à sourire, puisque son rôle, c'est de maintenir la cohésion au cœur du foyer. Et le soir, l'homme, guerrier, a besoin de se changer les idées. La femme, obéissante, a le devoir d'écarter les cuisses et de le laisser faire. 
Non ? Non, ce n'est pas ce que sous-entend le tout nouveau ministère des droits des femmes, de l'enfance et de la famille ? Ah, c'est une maladresse ? Il a fallu resserrer les budgets des ministères, ils ne se sont pas rendu compte, tout ça ? 



Attendez, je bois un coup. Sérieux ? Vous avez fait des études, vous êtes censés décider de l'avenir d'un pays, de ses citoyens (si si, les crevettes qui font du bruit et qui servent à rien), mais vous êtes "maladroits"? Mauvais en com ? Ou vous vous dites simplement qu'il y a tellement de merdes en ce moment qu'on va passer à autre chose et avaler d'autres couleuvres moisies, ce en quoi vous n'avez sans doute pas tort. 
Sauf qu'il y a quand même un truc qui ne va pas, là. Hormis tout le reste. Femme, famille, enfance "et taches ménagères"...
Non, sérieusement. Aujourd'hui, la famille peut être : monoparentale, recomposée, avec deux mamans ou... deux papas. Yep. des hommes. Ca veut dire quoi ? Que la ministère ne concerne pas les hommes, ni les papas ni les gays ? Qu'une famille, c'est un papa et une maman ? Qu'en plus d'être ridiculement et ouvertement sexiste, ce nouveau ministère est en plus homophobe ? 
Pour Là Où tombent les anges, je me suis pas mal documentée sur la manière dont les femmes étaient renvoyées dans leurs pénates, avec prière d'y rester, dès 1917. 

 - Que [la censure] me reproche d'être pacifiste, soit. Nous sommes en guerre : il n'est pas de bon ton de s’opposer au massacre de dizaines de milliers d'êtres humains, poursuit Madeleine. Mais qu'on me demande de ne pas réagir lorsque nos droits sont remis en cause ![...]
Elle fait allusion aux discours et aux chansons qui évoquent la vocation du sexe faible à être mères, considérant que leur place est avant tout au foyer [...] Il faut semer de la graine de poilu, faire son devoir de française en donnant des enfants à la patrie. Et, ainsi que le conseillent les rengaines les plus populaires, accepter aussi bien l'enthousiasme du soldat à son retout du front que ne pas être la seule femme dans sa vie. (p319)

Pourquoi ai-je le sentiment qu'on en sort jamais ? peut-être parce que tant qu'on sera gouvernés par des imbéciles libidineux qui considèrent être au-dessus de tout et qu'on nous servira les mêmes recettes débiles pour "conquérir le cœur d'un homme" dans les magazines - ni trop belle ni trop intelligente ni trop bruyante, pas habillée trop court mais quand même un peu - , tant que ces modèles seront soutenus par des hommes ET des femmes, parce que la violence existe des deux côtés, ne serait-ce que par les regards, les pseudo-conseils, les jugements... on n'en sortira pas.
 
Allez. Moi, je retourne à la cuisine... en souriant... me faire un café!


mercredi 10 février 2016

Tant D'étoiles dans la nuit

Un peu de teasing ? Ci-dessous, la couverture et un extrait de mon prochain roman, à paraître le 9 mars, aux éditions Rageot...


Hors collection
Grand format

Parution : 9 mars 2016

224 pages

Prix : 14.90 €

ISBN: 9782700249422

Milwaukee. En plein Summerfest, Jace D., enfant terrible du rock underground, est retrouvé sur une plage, une balle dans la poitrine. À l’hôpital, où il est plongé dans le coma, défilent Sidney sa guitariste, sa petite amie, son producteur.
Une à une, les étoiles qui scintillent autour de Jace tentent d’éclairer sa nuit…

Extrait 1

I was just a poor kid

With dirty hair and bloody knees

From life I knew nothing

Except violence and bad things

Jace D., Friendship
 

Les flics m’ont interrogée. 
Ils ont débarqué à l’hôtel juste après le petit-déjeuner. Un homme et une femme, j’ai même pas retenu leur nom. Attends, je regarde, ils m’ont laissé leurs cartes. Inspecteur Morgan, inspecteur Riggs. Badge, ordre déguisé en question polie : « on peut entrer ? »
Difficile de répondre non, hein ?
Ils voulaient savoir depuis combien de temps on se connaissait, si je savais avec qui tu étais allé dans cette cabane, et pourquoi. Ils m’ont demandé si des gens t’en voulaient, si j’avais des soupçons sur l’identité de celui qui t’a shooté. Je leur ai filé une liste. Morgan a eu l’air surprise par sa longueur. En même temps, je suis sûre d’avoir oublié des noms.
Rugissements de moteurs. Je lève les yeux de mon cheesecake. Gilets de cuir et de jean, bras tatoués, une horde de Harley Davison roule au ralenti dans la rue.  Dans leur sillage, des fumerolles noirâtres et de la poussière. Les gens s’arrêtent pour les observer. Certains exaspérés, d’autres effrayés ou fascinés. Moi, je me rappelle ce pub pourri du côté d’Austin. La fille en mini rose que tu as voulu draguer, juste pour le challenge. Son copain, biker aux cheveux blonds, un brin éméché, furieux de te voir danser collé-serré avec elle. Votre bagarre, à la sortie du bar. Ses potes, cousins spirituels des Hells Angels, qui ont failli avoir notre peau. On s’en est tirés in extremis, ce soir-là.
Ça y est, ils arrivent au carrefour, disparaissent à l’angle d’un immeuble dont les fenêtres reflètent le bleu du ciel.
Tu sais ce que Morgan et Riggs ont trouvé dans ton portefeuille, Jace ? Tu sais ce qu’ils m’ont agité sous le nez ?
La photo de nous deux, prise dans un Photomaton le jour de mes quinze ans. On est joue contre joue, on tire une grimace de tarés. J’ai failli pleurer, je te jure. Je ne pensais pas que tu l’avais gardée.
Tu te souviens de cette journée ?
Elle avait mal commencé. Remarque, à l’époque, toutes commençaient, continuaient, finissaient mal – sauf quand tu m’envoyais un texto ou mieux, quand tu étais là. Maman était dans l’une de ses mauvaises périodes. Tu te souviens, elle allait en boîte, au pub, avec des copines, buvait trop, rentrait tard, s’écroulait tout habillée sur le sofa du salon. Je reconnais qu’elle n’avait pas une vie marrante, à jongler entre deux boulots pour payer le loyer. Fallait qu’elle se change les idées, j’imagine. N’empêche, j’aurais bien aimé qu’elle trouve d’autres moyens de s’amuser, de temps en temps. Le pire, c’étaient les types qu’elle ramenait à la maison. Le genre hirsute, qui puait la bière et le tabac. Tu en as croisé plusieurs fois. Jamais les mêmes, attention. Ils squattaient rarement plus de trois jours à la maison. À part Matthew. Tu ne l’as jamais rencontré, lui. Il est resté trois mois, mais t’étais en tournée. Il était cool, Matthew. J’espérais qu’il tienne plus longtemps. C’était un gros nounours avec une barbe rousse et des tee-shirts rigolos. Il bossait plus ou moins dans l’informatique. Il était souvent là quand je rentrais de l’école et m’aidait à faire mes devoirs. Il me prêtait des bouquins, aussi. Des recueils de nouvelles, des poèmes. C’est grâce à lui que j’ai découvert la poésie d’Emily Brontë, la voix de Patti Smith et ses textes barrés. Toi, tu n’aimes pas. Tu trouves que la première est larmoyante, la seconde pathétique. Moi, elles me font vibrer.
Bref.
Ce matin-là, pas de loser à l’horizon. Juste une odeur persistante de transpiration, de parfum trop sucré et de vieille clope. Sur la table basse, un cendrier plein, une bouteille de gin entamée. Maman s’était traînée jusqu’à sa chambre pour cuver. Mon anniversaire, avec les pancakes et la sortie entre filles, même si c’était seulement pour rêver devant les vitrines du Mall, lui était complètement sorti de l’esprit.
Je triturais mes céréales ramollies par le lait avec une grosse boule dans la gorge et l’envie de hurler lorsque tu as appelé.
— Joyeux anniversaire, Speedy ! Je t’emmène en virée ?