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mercredi 25 décembre 2013

Equitation et sentiments

Non, ce n'est ni une romance ni un pastiche de Jane Austen.
Ce sont quasiment les premiers mots des deux livres de Nicolas Blondeau : Équitation éthologique et Le Débourrage...  Et ça fait du bien. Je n'ai pas encore tout lu(j'en suis aux trois-quart des deux), mais je trouve ces ouvrages à la fois intelligents, pédagogiques et "questionnants" (oui, c'est un néologisme). Parce qu'ils permettent à la fois de confirmer des choses que l'on sent, que l'on fait instinctivement et de se remettre en question, de s'interroger sur son rapport au cheval et à l'équitation, et d'une certaine façon, de se "débourrer soi-même" ou de se "remettre en confiance" avant d'aborder le cheval. Je ne sais pas si vous êtes, lectrices et lecteurs cavaliers, des traumatisés du cheval, mais moi, si. Je me souviens d'une époque où j'avais une grosse boule dans l'estomac en arrivant dans les centres équestres où je montais. 
Pas quand j'étais gamine, à cru et à Shetland, non. Mais plus tard.
Quand il a fallu supporter des profs qui gueulaient ou braillaient, nous appelaient par le nom de notre cheval avec un "sur", histoire de différencier cavalier/ère du pauvre animal blasé dans lequel on rentrait dedans à coups de talons. "Sur Jupiter, des talons! Il est mou... Des talons, putain! il se fout de toi, là!" (je reste très édulcorée)... N'en déplaise à cette prof, Jupiter ne se moquait pas , il était indifférent,  lobotomisé. Et ça, c'était sur le plat. 
Ah, les joies des obstacles bien flippants sur lesquels on nous lançait sans autre ordre que "redresse-toi!" "réagis!" "si tu ne veux pas passer, tu descends, tu n'as rien à faire dans mon cours!". 
Et ce, sans compter le vieil adage expliquant qu'un "bon cavalier doit savoir monter n'importe quel cheval", mis en application au pied de la lettre, sans tenir compte ni de l'état ni du niveau du cavalier en question - en l'occurrence de la cavalière. Je me rappelle une séance cauchemardesque dans une sorte de grand rond de longe couvert, en stage, avec des poneys que l'on devait débourrer. Enfin, avec le recul, je comprends que c'était ça... Trois poulains hystériques, des gamins qui n'en menaient pas large et une folle qui hurlait au milieu.


Dîn, 10 mois. Photo : Paule Frizon.
Ah, oui... Ces mêmes profs, hommes ou femmes, vous expliquent que les chevaux "sont cons" (en même temps, qui ne le deviendrait pas, à tourner en rond et se faire tirer sur la bouche tous les jours), qu'il ne faut pas faire "trop de sentiment", qu'il faut leur montrer "qui c'est le chef", qui "commande".
Je me rends compte, avec le recul, qu'on m'a enseigné l'équitation comme les maths : en me demandant d'appliquer des théorèmes auxquels je ne comprenais rien, sans jamais donner aucune explication et avec beaucoup de zéros pointés. Au bac, j'ai eu 5, en maths. Sans ce truc qui vibre en moi dès que je vois un cheval, j'aurais laissé tomber.
Et puis, il y a eu les randonnées, le Maroc, Keyrann... Apprendre à ne plus avoir peur - avec lui du moins - parce que c'est mon cheval, ma responsabilité ("et si tu renonces parce qu'il se cabre, cocotte, vous êtes foutus lui et toi"..; me disait ma petite voix intérieure.) Apprendre à monter autrement un peu sur le tas, un peu parce que les gens avaient confiance en moi. 
Tâtonner. Avec des sentiments, avec de l'amour. Avec moins de peur et plus de confiance. Jouer des partitions en essayant de se rappeler le solfège et quand ça ne vient pas, y aller à l'instinct. Nicolas Blondeau écrit qu'il ne faut pas laisser des rênes longues à un (jeune) cheval, qu'il ne faut pas qu'il se sente seul, désorienté, hésitant. Or, s'il y a bien un truc que j'ai fait avec Keyrann, c'est ça. D'accord, j'étais là, avec lui, à parler, chanter (oui, je sais...) tout ça, mais le nombre de fois où je m'en suis remise aveuglément à lui... Les raisons ? Perdue en pleine montagne avec mon cher et tendre malade juste derrière moi (un raccourci indiqué qui n'en était pas, une route inondée...), un gros vertige, perdue (encore), peur de l'orage en rase-motte (moi, pas lui), etc. Keyrann, j'ai de la chance, est un cheval qui assume - grincheux et psychorigide avec l'âge, certes, mais un roc. Avec d'autres, cela aurait peut-être été une catastrophe...
Keyrann et le pied d'Amin, décembre 2013. Photo : Paule Frizon
Bref. je digresse, je raconte ma vie... et j'en reviens au sujet principal. L'équitation sentimentale que développe Nicolas Blondeau. L'apprentissage de la confiance en soi, l'acception de ses propres limites et la reconnaissance de ses peurs avant d'approcher le cheval et de lui imposer, en vrac, ses propres incertitudes, trouilles, envies, contradictions.
Par amour ?

Assarab et l'horizon. Photo : Paule Frizon.
Depuis quelques années, je réapprends mon solfège (oui, je préfère cette métaphore aux mathématiques, décidément trop... mathématiques). Grâce à des chevaux. Et aussi, grâce à des personnes qui montent et enseignent avec du cœur et des sentiments. Je pense aujourd'hui à Salah, du Ranch Aïn Soltane qui sait exactement quand proposer tel cheval à tel cavalier et comment donner confiance, à la fois aux humains et aux chevaux(pour anecdote, il y a presque exactement deux ans, pour mon anniversaire, Salah m'a fait monter pour la première fois Assarab. OK, j'adorais ce cheval. Mais un PSA, de course... et aujourd'hui, je l'ai acheté.). Et à Véronique, de La Houssine, qui sait transmettre,donner envie de progresser... et d'essayer.
La preuve ? 

Inoui du Vcard et moi, avec la tenue des Amazones de France et le carré Hermès! Photo : Véronique Chérubin Venancio.
Je termine ce dernier billet de l'année 2013 avec un bref retour sur l'équitaxe. J'en ai parlé dans deux précédents articles de blog : ici et . Des manifestations ont eu lieu à échelle européenne lundi. Elles vont, je l'espère, se poursuivre, en France et en Europe. Savez-vous que les envois de cartes et lettres à l'Elysée sont gratuits ? Moi, pour le Nouvel An, je vais envoyer une carte là-bas. Une carte avec un court slogan :

LGBT friendly
Equitaxe contrary
L'équitaxe, c'est la fermeture de 2000 centres équestres, 6000 chômeurs et 80 000 chevaux à l'abattoir 

Je vous encourage, de votre côté, à protester en envoyant des cartes postales à l'Elysée  - les slogans, il y en a plein, il suffit de piocher dans ceux des manifestants... (j'aime bien "liberté-équidés-fraternité")...

jeudi 12 décembre 2013

Tribune : Lacenaire... "Chalutage profond – pourquoi j’exige la démission de ministres et d’eurodéputés"

Vous le savez, de temps en temps, je transforme ce blog en tribune. Voici, celle, énervée à juste titre et argumentée, de Thomas Hervet, alias Lacenaire, ami, écrivain...  

Son titre aura le mérite de poser l’objectif de ce billet : en qualité de citoyen de France,  d’Europe et du Monde, j’exige la démission des ministres de l’écologie, du travail et de l’emploi, de l’agriculture et de l’agroalimentaire, du délégué aux affaires européennes, du délégué à l’économie sociale et solidaire, du délégué au développement, du délégué  aux transports et à l’économie maritime et de l’ensemble des eurodéputés Français qui ont voté contre l’amendement du 10 Décembre 2013.

Amendement qui, pour mémoire, avait pour objet d’interdire dans les eaux européennes le chalutage profond, méthode de pêche agressive, destructrice et contre-productive portée par les lobbys industriels (groupe Mousquetaire, pour n’en citer qu’un) qui en tirent des subventions à hauteur de 10 M€ par an.

Toujours en guise de rappel, les méfaits de cette méthode industrielle ont été documentés et prouvés ; son abandon aurait eu pour effet, entre autres bénéfices, de créer des emplois et d’alléger les politiques de subvention européennes et – qui sait – peut-être d’employer cet argent à des fins plus humaines. Là aussi, il s’agit de faits étayés.

Que les lobbys soient parvenus à bloquer ce texte de loi prouve plusieurs choses.
Primo les élus, les délégués et les ministres qui ont agis en sa défaveur ne sont pas républicains, dans le sens ou Res Publica, la chose commune, le domaine commun a été bafoué. 750.000 personnes ont signé une pétition en faveur de ce texte parlementaire. Des citoyennes et des citoyens ont exigé que leurs élus, leurs représentants votent en ce sens. N’en n’ayant pas tenus compte, ces « décideurs » se sont désolidarisés de la République.
Secundo, préférant des résultats immédiats (en échange, sait-on jamais, de contreparties de la part des lobbys ?), au détriment des systèmes écologiques maritimes, ces « décideurs » et élus se sont doublement exclus de la chose publique. Les fonds marins sont la responsabilité de chacun et en ce sens il n’appartient pas à un groupe d’industriels d’influencer les choix des députés et il est du devoir de ceux-ci de dénoncer ces groupes de pression. Ne prenant pas la défense de ce patrimoine, ils en donnent l’exclusivité à des groupes financiers qui s’estiment hors  du domaine public (et ça n’est pas l’adresse de leurs sièges sociaux qui dira le contraire).
Tertio, ce vote prouve, noir sur blanc et dur comme fer, que les gouvernements autoritaristes, notamment les deux gouvernements précédents de France, sont en grande partie constitués de carriéristes qui entretiennent des liens étroits avec les lobbys et les grands groupes financiers. Comment sinon expliquer que les mêmes entités aient pu influencer à ce point un vote à portée cruciale et humaine ? En ce sens encore une fois ils se sont désolidarisés de la République. En cela ils ne sont plus aptes à gouverner.
Pour finir, la preuve est une fois de plus faite que l’UMP au même titre que l’actuel gouvernement « socialiste » qui se veut de gauche et qui avance masqué n’ont pour objectif que le bien-être et le bénéfice de leurs membres et amis. La pléthore de lois électorales, lois que je qualifie de scélérates et abusives, en témoigne également.
Nous en sommes réduits à pétitionner tandis que la distribution de postes et de titres se poursuit depuis des décennies.
Il suffit.
Sous couvert de socialisme, c’est une économie de marché et ses dirigeants que servent nos élus et gouvernants ; ceux-là qui estiment que toute denrée terrestre est monnayable, éligible pour produire des bénéfices et des profits. Ceux-là mêmes qui accélèrent la destruction du globe et de sa surface. Celles et ceux qui influencent les élus qui bénéficient ou ont bénéficié de nos votes.
Il n’est pas question de verser dans le populisme, façon FN, mais bel et bien, à notre échelle, de marquer à la fois notre désarroi et nos plus hautes aspirations. Nous refusons que se poursuive cette valse des décisions d’abord financières, à portée destructrice, pour repenser notre rapport au monde, aux autres et à soi dans une optique de conservation d’un patrimoine que nous partageons avec le règne animal : la Terre.

Et pour cela, nul besoin de politiciens qui travaillent avant toute chose à leur carrière.
Je le répète donc : démissions pour les gens cités en introduction.

Thomas Hervet, alias « Lacenaire » ou « Lace ’Colère »

lundi 9 décembre 2013

Monsieur le Président

Je n'avais pas l'intention d'écrire une lettre ouverte, au début. Ni une lettre tout court. Mais les événements des dernières semaines, et votre réaction quant à l'équitaxe, m'ont décidée. Monsieur le président, je suis une femme de gauche. De vraie gauche. Je suis aussi une femme engagée : je suis descendue dans la rue pour soutenir le mariage pour tous, je signe régulièrement des pétitions pour protester contre l'expulsion de personnes sans papiers et les livres que j'écris ne sont jamais neutres... Jamais. C'est ma façon de militer. Pour une réelle égalité homme-femmes. Pour le mariage pour tous, la PMA et l'adoption par des couples gays et lesbiens. Pour le respect de l'autre, qu'il soit parisien du 12ème ou manouche. Pour la préservation de l'environnement, et contre la souffrance animale - dans le programme, d'ailleurs, de Jean-Luc Mélenchon. 
Je vous écris aujourd'hui, parce que je suis choquée par les assimilations que vous faites, parce que je trouve paradoxal de comparer les manifestations contre l'équitaxe, qui risquent de mettre plus de 6000 personnes au chômage, et de mener 80 000 équidés à l'abattoir, et les "manifs pour tous", qui sont le fait d'une frange odieuse de la population appelant à la discrimination et à la haine de l'autre (n'y a-t-il pas une loi, contre cela ? Ah, si... juste ici... et je ne comprends pas pourquoi ces individus n'ont pas été plus inquiétés que cela). Cette même frange odieuse de la population, d'ailleurs, qui traite l'une de vos ministres de "guenon" en utilisant une petite fille pour proférer ces horreurs racistes, sans qu'il y ait de réaction ferme et immédiate de votre part pour sanctionner ces propos et soutenir la Garde des Sceaux...
Voyez-vous, monsieur le Président, les centres équestres permettent à des centaines de milliers d'enfants et d'adultes de s'épanouir au contact d'un animal merveilleux, de pratiquer un sport qui allie la dépense physique, le partage, l'émotion, la découverte de soi et de l'autre. A travers les chevaux, à travers les différentes activités qu'ils proposent, les randonnées, par exemple, les centres équestres font le lien avec la nature - une nature souvent éloignée lorsqu'on est citadin. Le contact avec les chevaux donne la possibilité aux plus introvertis de s'épanouir,  d'oser aller vers l'autre, équin comme humain et exige de tous patience et humilité. L'équithérapie, elle, permet aux personnes en situation de handicap, physique ou mental, de se sentir mieux, d'aller vers le monde, de progresser... 
L'équitation, c'est une ouverture sur le monde, c'est un sport qui va vers la vie. Je suis sûre que si vous preniez la peine  de visiter des centres équestres, vous le comprendriez. Et vous comprendriez qu'en nous comparant à ces extrémistes, vous nous insultez doublement. 
Monsieur le président, comme je l'écrivais tout au début de cette lettre, je suis une femme de gauche - et vous n'étiez pas mon candidat. J'ai décidé de voter pour vous, au second tour, parce que je ne voulais pas d'un autre quinquennat de droite décomplexée, injuste, raciste et veule. J'ai décidé de voter pour vous, au second tour, parce que j'avais lu votre programme, et que vous y aviez finalement intégré  des valeurs dans lesquelles je pouvais me reconnaître. Des valeurs réellement socialistes - humanisme, culture, éducation, égalité. Des valeurs dont je ne retrouve presque aucune trace dans votre politique, en dehors la loi sur le mariage pour tous, qui reste cependant trop timide (quid du statut des transgenres, de l'adoption, de la PAM ?).
 En revanche, je retrouve dans votre politique actuelle de nombreuses similitudes avec celle de votre prédécesseur : indifférence envers l'environnement, vision économique à court terme, avec taxes croissantes et actionnaires toujours plus puissants, chasse aux pauvres et aux minorités, stigmatisation et traque des Roms, malgré les avertissements de Bruxelles, malgré les protestations de la ligue des Droits de l'homme, réduction du budget de la culture, augmentation de la TVA pour les écrivains (c'est vrai que nous sommes riches, nous autres auteurs... et si nous manifestions, serions-nous aussi assimilés à la "manif pour tous" ?), et j'en passe. 
Votre politique, monsieur le Président, n'est pas différente de celle de Nicolas Sarkozy.
A cause de cela, je sais que des milliers d'électeurs "déçus du sarkozysme",  ne voteront plus socialiste, puisqu'ils assimilent ce que vous faites depuis votre élection à une politique "de gauche", ouvrant grand la porte à l'UMP et à l'extrême-droite.
Alors, monsieur le Président, je sais que vous n'êtes pas à un paradoxe près, mais quand vous nous renvoyez dos à dos avec Frigide Barjot et ses amis, alors que vous les tolérez, alors que votre politique est bien plus proche de celle qu'ils plébiscitent que de celle que les vrais gens de gauche souhaitent, j'ai à la fois envie de rire et de hurler.
Monsieur le président, je ne vous salue pas. Vous m'en excuserez : il faut que j'aille manifester. 

Charlotte Bousquet
Auteure et cavalière, féministe et LGBT friendly.




lundi 11 novembre 2013

Cavaliers en colère

C'était l'un des slogans de la manifestation - l'une des nombreuses organisées en France aujourd'hui - qui a eu lieu pour défendre les centres équestres, menacés par la hausse de la TVA à 20. En clair, la commission européenne demande à la France de s'aligner sur les autres pays. Et notre gouvernement, si compétent lorsqu'il s'agit de faire la chasse aux Roms pour laquelle l'Europe ne cesse de menacer la France de "sanctions" (cf les différents articles de journaux datant du 25 septembre dernier, notamment ici et ), s'est empressé, là, de baisser la tête et de dire "O.K." Sinon, on a un gouvernement qui est censé, je dis bien censé être à gauche... 
Désolée, je n'ai pas u prendre de photo. Vous en verrez quelques unes en cliquant ici ou . En attendant, je peux vous parler des beaux chevaux de la police montée qui ont accompagné la manifestation, des quelques 180 poneys et chevaux, tous impressionnants de calme face aux sifflets, slogans et autres...
Ce qui est sur, c'est qu'à l'heure actuelle, si cette taxe passe, ce sont près d'un tiers des centres équestres qui sont menacés de fermeture, 6000 personnes au chômage et plus de 80 000 chevaux à l'abattoir. C'est aussi une régression terrible : à l'heure où l'équitation se démocratise, où de plus en plus de centres équestres sont des lieux de découverte et d'apprentissage et où l'on parle d'équitation pour tous, à l'heure où une autre forme d'équitation se dessine, une équitation faite de respect de l'autre (humain ou cheval), de partage, à l'heure où de plus en plus de centres se forment à l'équi-thérapie, la hausse de la TVA risque bel et bien de balayer tous ces efforts, de fouler aux pieds les rêves  de milliers de gosses pour qui monter à cheval était devenu possible, et de renvoyer l'équitation des décennies en arrière, au temps où elle était réservée à des privilégiés (blancs et riches à défaut d'être aristocratiques).
Cavalière en colère, je suis.
Parce qu'au lieu de faire la chasse aux pauvres, de soutenir des banques qui se sont elles-mêmes enfoncées, et de "taxer" au mépris de toute logique (sauf celle du petit bout de la lorgnette), ce gouvernement ferait mieux pour une fois d'agir correctement, de faire ce pour quoi il a été élu - agir humainement, intelligemment, équitablement.
Liberté - Équidés - Fraternité. Un autre slogan. Et celui-ci, je l'aime particulièrement.

vendredi 8 novembre 2013

Dédiaces de fin d'année

Je serai en dédicace le 17 novembre prochain, au festival du roman historique du 5ème, en excellente compagnie puisqu'il y aura avec moi mes copines et super auteures Béatrice Egemar, Anne-Sophie Silvestre et Christine Féret-Fleury (entre autres...) 
Pendant le Salon du Livre et de la presse jeunesse de Montreuil, je serai un peu femme-orchestre (mais rassurez vous, je ne ferai que parler... et signer... et lire... et animer une partie de jeu de rôles... Il n'y aura PAS de chanson ni de solfège... ce ne serait pas sympa pour Nathalie et Séverine qui ont eu la gentillesse de m'inviter, et encore moins pour les auditeurs) : je vous donnerai plus d'informations très vite, mais ce que je peux vous dire pour le moment, c'est que je parlerai de héros et d'héroïnes, que je ferai une lecture le samedi à 14H et que je serai en dédicace sur le stand Gulf Stream le samedi, de 16H à 18H avec Stéphanie Rubini et le dimanche sur le stand Rageot avec l'immense Christian Grenier.


Ensuite, il se peut que j'aille faire un tour du côté de Saint-Quentin le 08 décembre, ainsi qu'à La Rochelle, en librairie... A confirmer.
Voilà!

vendredi 1 novembre 2013

Touche pas à mes pulsions

« Les 343 salopes demandaient à disposer de leur corps, les 343 salauds demandent à disposer du corps des autres », Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement et ministre des droits des femmes.

Je suis assez hostile aux lois visant à réprimer la prostitution et ses aficionados. Pourquoi ? Parce que ce ne sont pas les macs et les clients (surtout riches...) qui trinquent, dans ces cas-là. ce sont les prostitué(e)s : condition d’exercice de leur métier de plus en plus précaires, rapports non protégés, clandestinité, misère, développement de réseaux parallèles, utilisant des esclaves venus de Chine, de l'Est, d'Afrique - qui, elles/ eux, ne sont rien d'autre que de la chair, consommable, jetable... Tant que les macs, les gros pleins de fric à la tête des réseaux, les gros clients, les violents n'auront pas été, eux, mis sous les verrous, ça continuera. A ce propos, je suis tombée sur un blog, celui de Ulla, à la tête du mouvement des prostituées, en 1975 :

Chacun est libre de disposer de son corps comme il veut. 
C'était, comme l'a déclaré Najat Vallaud-Belkacem, l'objet de la déclaration des 343 salopes... qui avait pour objet, en 1971, la légalisation de l'avortement.
J'en rappelle le texte :

Un million de femmes se font avorter chaque année en France.
Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples.
On fait le silence sur ces millions de femmes.
Je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir avorté.
De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l'avortement libre.

Il y a deux jours, le magazine Causeur, qui se prétend éclectique dans ses positions, publications, collaborateurs (parmi lesquels Basile de Koch, l'époux de l'infecte Frigide Barjot, Finkelkraut, etc.), a publié un "manifeste des 343 salauds", qui en réalité ne sont que 19, en préambule d'une pétition intitulée "touche pas à ma pute". Autre slogan symbolique, détourné, sali... "Touche pas à mon pote", c'était SOS Racisme, Malik Oussékine, les manifs des années 85/86 contre la xénophobie, la discrimination, le racisme...

Je suis relativement hostile aux lois anti-prostitution, parce qu'elles ne protègent pas mais discriminent encore plus, mais quand je lis le tissu de conneries, de veulerie, contenu dans ce pseudo-manifeste, quand je lis les réactions des Élisabeth Lévy (grande réac devant l’Éternel et fondatrice dudit magazine) qui traite en gros celles qui protestent de féministes hystériques, quand je décrypte derrière le discours pseudo-libertaire de ces 19 minables (non, ils ne méritent ni le 343, ni aucun de ces trois chiffres), en gros la volonté de pouvoir continuer à disposer du corps de l'autre, sans trop être taxé merci, j'ai envie de vomir. De frapper. Mais comme je suis une fille civilisée, je me contenterai de mettre ci-dessous quelques extraits de la tribune de Annie Sugier dans Le Nouvel Obs :

Les slogans choisis sont :  ..."une façon de mettre sur le même plan le combat des femmes pour la liberté de disposer de leur corps et celui des clients à disposer du corps des femmes dès lors qu'ils ont les moyens de se le payer. Détournement tout aussi choquant du slogan "touche pas à mon pote" porté dans les années 80 par un mouvement qui voulait construire une solidarité nouvelle, au-delà de la diversité, dans l'égalité et la fraternité.
[...]Plus grave encore est la pauvreté du raisonnement, qui finalement traduit sans doute une forme d'inconfort intellectuel des auteurs du manifeste.
"Nous ne défendons pas la prostitution, nous défendons la liberté". Cette phrase est étonnante de la part de personnes qui affichent justement leur volonté d'avoir librement accès aux services de personnes prostituées. Elle est surtout paradoxale. Dirait-on "nous ne défendons pas le viol, mais nous défendons la liberté" ? Ou encore "nous ne défendons pas l'inceste, mais nous défendons la liberté" ?
C'est faire semblant d'ignorer que dans un État de droit, la loi se doit de limiter la liberté, dès lors que celle-ci conduit à l'asservissement d'une catégorie d'êtres humains, en l'occurrence, des femmes, le plus souvent en situations de vulnérabilité psychologique et économique.
[...]
Les auteurs du manifeste de "Causeur", citant une pétition de jeunes pour l’abolition de la prostitution, dans laquelle il est indiqué que "les victimes sont presque toujours des femmes [...] les clients sont toujours des hommes : ils achètent et imposent leurs propres désirs", en concluent que les féministes sont décidément contre les hommes. Ne serait-il pas plus logique de dire que ce sont des hommes - en fait une minorité d'entre eux -  qui, en permettant à la prostitution de se poursuivre, sont les ennemis des femmes ?

Pour conclure, messieurs et mesdames les 19 minables, raisonnons un peu. Vous ne voulez pas qu'on touche à vos pulsions  ni à votre portefeuille ? Vous êtes favorables au fait de pouvoir librement disposer du corps de l'autre sans trop vous poser de question... pas de souci. je ne sais pas si vous connaissez un peu ces grands philosophes que sont Kant (qu'on aime ou pas) et Sade ? Vous connaissez le principe de la morale kantienne :  "agis de telle sorte que ta maxime ait valeur universelle"... Et vous n'êtes pas sans savoir la façon dont Sade l'a utilisée ? Si ? Bon, alors "ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu'ils te fassent." Si tu utilises autrui comme un objet sexuel, c'est qu'a priori tu es d'accord pour qu'il en fasse de même. Si tu te fous de savoir si celui ou celles que tu utilises pour assouvir tes pulsions agit librement ou non, est en souffrance ou non, c'est que tu acceptes qu'il en aille de même pour toi. 
Alors voici ce que je vous propose, chers 19 minables... Allez faire un tour du côté de la porte Saint-Denis, à Pigalle ou dans le 13ème, tapinez en scrud du côté du bois de Vincennes, à la merci des patrouilles de flics, allez si vous êtes en mal d'edxotisme aller et venir sur l'Oranienburgerstrasse de Berlin ou place Jemaa el Fna, à Marrakech, devenez pour quelque temps femme de chambre au Carlton, écartez les jambes, l'anus, faites des pipes sans préservatifs, renoncez à vos droits, vous verrez si c'est vraiment cette maxime-là que vous voulez universelle... 



mercredi 16 octobre 2013

Leonarda, 15 ans, expulsée

Sous Sarkozy, l'ignominie avançait sans masque et les rafles, tout ignobles qu'elles soient, collaient bien au reste. On a mis du temps à parler de rafle, d'ailleurs... Un nom terrible, pour des faits qui n'étaient pas censés l'être, mais l'étaient tout autant. Aujourd'hui, l'ignominie porte un masque - de plus en plus fendillé, il est vrai... Mais la politique de droite extrême, la politique inhumaine et honteuse dénoncée par notre actuel président et son équipe lors de la campagne se poursuit - tout aussi méprisable, tout aussi minable. En voilà un résultat... et si vous connaissez les faits, si ça vous ennuie de lire une revue de presse, le lien pour la pétition demandant le retour de Leonarda est juste là : il suffit de cliquer.


Rappel des faits dans Le Monde :
Il y a un embarras certain au ministère de l'intérieur. Comme si la machine Valls sur l'immigration irrégulière – des expulsions, mais de manière "humaine" –, s'était grippée. En cause, les circonstances de l'éloignement de Leonarda, 15 ans, vers son Kosovo d'origine, après avoir été récupérée par les policiers lors d'une sortie scolaire, le 9 octobre, dans le Doubs.

Petit résumé sur Rue 89 :
Leonarda a 15 ans, elle vivait en France, à Levier (Doubs), depuis presque cinq ans. A deux mois près, elle aurait pu prétendre à une régularisation.
Le texte, rédigé par les enseignants du collège André Malraux et du lycée Toussaint Louverture, donne longuement la parole à sa professeur d’histoire-géographie, qui raconte le coup de fil du maire de Levier et les moments qui ont suivi : « J’ai demandé aux policiers de laisser s’éloigner le bus pour que les élèves ne voient pas Léonarda monter dans la voiture de police, elle ne voulait pas être humiliée devant ses amis ! Mes collègues ont ensuite expliqué la situation à certains élèves qui croyaient que Léonarda avait volé ou commis un délit. Les élèves et les professeurs ont été extrêmement choqués et j’ai dû parler à nouveau de ce qui s’était passé le lendemain pour ne pas inquiéter les élèves et les parents. » 

Ci-dessous, la lettre ouverte des enseignants du Collège André malraux et du Lycée Toussaint Louverture, publiée par le Blog RESF hébergé par Médiapart : 
Mme Dibrani et ses 6 enfants ont été expulsés  mercredi  9 octobre au matin vers le Kosovo. Ils habitaient un appartement à Levier (Doubs) qu'ils occupaient dans le cadre de la prise en charge des demandeurs d'asile du DLHD.
 M. Dibrani était depuis fin août retenu au centre de rétention de Strasbourg. Assigné à résidence, il a été arrêté à Mulhouse. Son expulsion programmée 2 fois a été repoussée jusqu'à mardi 8 octobre au matin.
Après cette expulsion, le mardi soir Mme Dibrani a réaffirmé son vœu de rester en France pour l'avenir de ses enfants malgré l'angoisse qu'elle ressentait à l'idée d'être seule avec sa famille. Les enfants qui ont entre 5 et 17 ans étaient scolarisés depuis plus de 3 ans, ils étaient en France depuis presque 5 ans (4 ans et 10 mois), autrement dit, dans deux mois, ils entraient de plein droit dans le cadre dela circulaire Valls et pouvaient être régularisés. Le mardi soir avant l'expulsion la mère était perdue, les enfants attendaient et Hasan, l'avant dernier âgé de 5 ans, recopiait des lettres apprises à l'école agenouillé au-dessus d'un carton.
La plus petite Médina est âgée d'un an, elle est née en France. Tous les enfants parlent parfaitement le français. Maria et Leonarda ont obtenu le DELF diplôme de français niveau B1 demandé par la préfecture pour obtenir la nationalité française. Après ses années de collège, Maria a fait cette année sa rentrée au lycée Toussaint Louverture en première année de CAP service. Son professeur de français souligne sa volonté et son enthousiasme. Dans le petit sac de sport qu'elle a pris le matin de l'expulsion, elle a emporté son costume de travail.
 Leonarda, scolarisée en 3ème DP3 (option découverte professionnelle) au collège André Malraux, n'était pas chez elle ce matin là. Les professeurs de la classe avaient organisé une sortie à Sochaux sur toute la journée avec un départ à 7h00. Pour être à l'heure, elle ne pouvait pas prendre le bus de son domicile. Elle a donc dormi chez une amie à Pontarlier. Les policiers ont été renseignés sur l'endroit où elle se trouvait. Le maire de Levier a appelé Léonarda et a demandé à parler à un professeur présent dans le bus, elle a transmis son téléphone à Madame Giacoma, professeur d'histoire-géographie-éducation civique au collège Malraux.
 Mme Giacoma : «je n'ai pas compris tout de suite ce qui se passait, j'ai cru que c'était la mère de Léonarda qui voulait être rassurée et en fait, c'était  le maire  de Levier, commune de résidence de Léonarda, qui m'a précisé qu'il savait que nous nous rendions à Sochaux et il me demandait expressément de faire arrêter le bus. Dans un premier temps j'ai refusé en précisant que ma mission était d'aller à Sochaux avec tous les élèves inscrits pour cette sortie pédagogique (visite de lycées + visite de l'usine Peugeot). Le maire de Levier, Albert Jeannin, m'a alors passé au téléphone un agent de la PAF qui était dans son bureau : son langage était plus ferme et plus directif, il m'a dit que nous n'avions pas le choix que nous devions impérativement faire stopper le bus là où nous étions car il voulait récupérer une de nos élèves en situation irrégulière : Léonarda Dibrani cette dernière devait retrouver sa famille pour être expulsée avec sa maman et ses frères et soeurs ! Je lui ai dit qu'il ne pouvait pas me demander une telle chose car je trouvais ça totalement inhumain ...  il m'a intimé l'ordre de faire arrêter le bus immédiatement à l'endroit exact où nous nous trouvions, le bus était alors sur une rocade très passante, un tel arrêt aurait été dangereux ! Prise au piège avec 40 élèves,  j'ai demandé à ma collègue d'aller voir le chauffeur et nous avons décidé d'arrêter le bus sur le parking d'un autre collège (Lucie Aubrac de Doubs). J'ai demandé à Léonarda de dire au revoir à ses copines, puis je suis descendue du bus avec elle, nous sommes allées dans l'enceinte du collège à l'abri des regards et je lui ai expliqué la situation, elle a beaucoup pleuré, je l'ai prise dans mes bras pour la réconforter et lui expliquer qu'elle allait traverser des moments difficiles, qu'il lui faudrait beaucoup de courage... Une voiture de police est arrivée, deux policiers en uniforme sont sortis. Je leur ai dit que la façon de procéder à l'interpellation d'une jeune fille dans le cadre des activités scolaires est totalement inhumaine et qu'ils auraient pu procéder différemment, il m'ont répondu qu'ils n'avaient pas le choix, qu'elle devait retrouver sa famille...Je leur ai encore demandé pour rester un peu avec Léoanarda et lui dire au revoir (je l'a connais depuis 4 ans et l'émotion était très forte). Puis j'ai demandé aux policiers de laisser s'éloigner le bus pour que les élèves ne voient pas Léonarda monter dans la voiture de police, elle ne voulait pas être humiliée devant ses amis ! Mes collègues ont ensuite expliqué la situation à certains élèves qui croyaient que Léonarda avait volé ou commis un délit. Les élèves et les professeurs ont été extrêmement choqués et j'ai du parler à nouveau de ce qui s'était passé le lendemain pour ne pas inquiéter les élèves et les parents.»
Lorsque la famille est partie, nous avons essayé de joindre par mail la préfecture fermée le mercredi matin. Mais la famille a été emmenée directement à l'aéroport pour prendre un avion à 13h00 le même jour. Nous avons eu au téléphone les deux filles Maria et Leonarda jusqu'au départ de l'avion.
Nous, professeurs du collège André Malraux et du lycée Toussaint Louverture, sommes profondément choqués par les méthodes utilisées pour renvoyer des enfants issus de la minorité rom vers des pays qu'ils ne connaissent pas et dont ils ne parlent pas la langue.
 Nous, professeurs du collège André Malraux et du lycée Toussaint Louverture, sommes choqués de voir comment les efforts d'intégration fournis par ces enfants à l'école sont réduits à néant par des politiques aveugles et inhumaines.
 Nous demandons le retour immédiat des enfants en France pour leur sécurité.
                                        Enseignants du collège André Malraux et du lycée Toussaint Louverture

mardi 8 octobre 2013

SOS pour Inoui

Plusieurs sites comme Actu Animaux ou Clic Animaux proposent d'aider des animaux en soutenant les associations qui les accueillent. Inoui du Vicard, merveilleux petit cheval de l'association Cheval Vie, a besoin d'aide - une maladie auto-immune qui risque de le rendre aveugle s'il n'est pas opéré rapidement. Mais l'opération coûte cher.
Pourquoi parler de lui sur ce blog ? Parce que je le connais! Parce que je l'ai monté, parce que je l'ai pansé, gratouillé.Parce qu'il est adorable, patient, gentil... Parce que cela me fend le cœur de savoir qu'il ne peut plus se rouler dans son paddock, qu'il souffre et risque de devenir aveugle.
Pour tout savoir sur Inoui et découvrir l'association Cheval Vie, qui permet à des personnes souffrant de handicap (physique, mental, sensoriel) de s'épanouir au contact des chevaux, cliquez sur le lien ci-dessous. 
Merci d'avance!

mardi 1 octobre 2013

Dédicaces et rencontres d'octobre

Un point rapide sur mes prochains salons :
Les 4, 5 et 6 octobre , je serai au festival du polar de Villeneuve-les-Avignon. 
Toutes les informations : sur ce lien.
Les 19 et 20 octobre, je serai, avec Fabien Fernandez, Adrien Thomas et d'autres, à Autres Mondes, le festival de l'imaginaire du Pays d'Aix. Et comme Fabien a fait l'affiche...


Tous les renseignements sont ici.


lundi 30 septembre 2013

Un peu de lecture, un peu de musique

Ce n'est pas parce que notre gouvernement se gargarise d'une crise qui profite surtout aux riches pour faire la chasse aux Roms et réduire de 4 le budget de la culture (quoi, c'est contraire aux promesses électorales? ce n'étaient que des promesses, justement...) qu'il ne faut pas  en parler! Aujourd'hui, je vais donc - brièvement - évoquer deux séries classées jeunesse/ jeunes adultes, mais dévorables à tout âge et une création musicale.

Chevalier d’Éon, Une série d'Anne-Sophie Silvestre, qui compte pour le moment quatre tomes, et paraît aux éditions Flammarion.
Quand Anne-Sophie Silvestre donne encre et vie à l'un des personnages les plus ambigus de l'histoire de France, cela donne... un merveilleux mélange de panache, de courage, de sensibilité, de... Bref, quatre excellents romans (et le cinquième est en route, heureusement), qui mine de rien brossent un portrait passionnant de la Russie du XVIIIème siècle et de la situation politique des différentes puissances à l'époque. J'ai dévoré et adoré les quatre volumes de cette série accessible à tous (adultes comme adolescents peuvent y trouver différents niveaux de lecture), enlevée et remarquablement bien écrite.

Apocalypsis. Une pentalogie d'Eli Esseriam,parue en 2011/2012 aux éditions Nouvelle angle.
Changement de registre, avec cette fresque à la fois cynique, drôle, émouvante et tragique. Alice, Edo, Maximilian et Elias ont dix-sept ans et ont été choisis pour être les Cavaliers de l'Apocalypse. Au fil des autre premiers volumes, on suit chacun des personnages - qui, tous, sont différents (surdouée, accro à la violence, manipulateur, mélancolique) dans son évolution personnelle et la découverte de ses pouvoirs. Le cinquième les rassemble... La trame de ces destins entremêlés est remarquablement bien construite et là encore, on peut y voir plusieurs niveaux de lecture. 

Musique, maintenant, avec le dernier spectacle de Sonia Wieder-Atherton : les suites pour violoncelles de Benjamin Britten répondant aux poèmes de Sylvia Plath, dits par Charlotte Rampling (en v.o). C'était hier, à la Cité de la musique. Sa précédente création, Odyssée pour violoncelle et chœur imaginaire, était beaucoup plus âpre. Danses nocturnes était beaucoup plus... nocturne, beaucoup plus gothique, avec quelques éclats de vie au milieu de ténèbres. Voici, ci-dessous, une interview de Sonia Wider-Atherton à propos de cette dernière création.

vendredi 20 septembre 2013

ReLire : J-1

ReLIRE, c'est le registre des livres indisponibles du XXe siècle mis à disposition par la BNF. Foin des 70 ans, pour les morts. Et pour les vivants, s'ils ont des livres qu'ils ne sont plus édités, ceux-ci se retrouveront d'office, sans qu'ils soient prévenus, dans une base de données fourre-tout où leur oeuvre pourra allègrement être pillée. Il ne toucheront rien dessus. Pas de droit d'auteur. Nada. C'est ce qu'on appelle du vol d'état. Vol qui peut être empêché jusqu'à demain, puisque  les auteurs concernés et au courant ont comme date-butoir cette date 21 septembre 2013, pour décider de sortir ou rester dans ledit registre. Pour rappel, cette base de données publique, gratuite et libre d’accès, répond à la loi du 1er mars 2012 relative à l’exploitation numérique des livres indisponibles du XXe siècle. ReLIRE répertorie pour le moment 60 000 livres indisponibles publiés avant le 1er janvier 2001. Cette liste sera mise à jour une fois par an, chaque 21 mars.
Oui, c'est parfaitement dégueulasse. 
Si vous ne voyez pas en quoi, imaginez simplement qu'on  décide simplement de ne plus tenir compte de vos premiers postes pour le décompte de vos points-retraite. Voilà. 
Mon amie Hélène a lancé une pétition sur change.org., adressée à la Bibliothèque nationale de France.  Vous trouverez ci-dessous le texte et le lien pour signer. 

ReLire or not ReLire


Au mois de mars dernier, un cauchemar culturel et juridique est devenu réalité. La publication de la base ReLIRE par la BnF marque en effet le lancement public du projet de numérisation des livres indisponibles du Xxe siècle, dans les conditions définies par la loi du 1er mars 2012, et dénoncées d’emblée par nombre d’acteurs du monde du livre, les auteurs en première ligne. Sitôt le registre ouvert à la consultation, la forme du projet n’a fait que renforcer les craintes déjà éveillées par le fond : le piège du système de l’opt-out, si paresseux, si insultant, se resserre à chaque erreur de référencement – et il en fut relevé un nombre édifiant, en l’espace de seulement quelques jours. L’incompétence s’allie à l’immoralité, et le droit d’auteur s’en trouve ébranlé jusqu’en ses bases juridiques, jusqu’en ses garanties internationales.
C’est pourquoi nous lecteurs, amoureux du livre sous ses diverses formes, conscients et respectueux du statut du créateur, atterrés par les flous, les failles, les vices du projet et de son application, nous déclarons que nous ne sommes pas dupes, et refusons d’être complices.
Nous ne sommes pas dupes d’un discours officiel qui présente le projet comme une avancée culturelle pour le plus grand bien du public, alors qu’il est clair que sa principale raison d’être est de renforcer le pouvoir d’une minorité d’éditeurs sur des œuvres qui, inexploitées, leur échappaient contractuellement – et leur échappaient d’autant mieux que les contrats d’origine n’incluaient pas de clause de cession des droits d’exploitation au format numérique, Xxe siècle oblige.
Nous qui faisons partie du public, nous ne reconnaissons pas notre intérêt dans un système à but lucratif qui, en absorbant les œuvres orphelines, prive les lecteurs francophones de l’espoir d’une mise à disposition qui aurait pu être encadrée par les bibliothèques, dans des conditions plus équitables et plus démocratiques, ainsi que le prévoyait la directive européenne adoptée en 2012.
Nous qui nous nourrissons de culture, nous ne voyons aucun avantage à une entreprise de numérisation massive où se perd le travail de révision et/ou d’édition qui contribue à la beauté d’un livre en sa renaissance. Nous accusons le projet de numérisation des livres indisponibles de menacer le dynamisme du secteur du livre, en refroidissant l’intérêt d’éditeurs ayant vocation traditionnelle de redécouverte, en échaudant les auteurs qui voient leurs droits bafoués et leur œuvre usurpée, en ralentissant jusqu’aux plus motivés d’entre eux, contraints de gaspiller leur énergie et leur temps à se soumettre au laborieux système de l’opt-out : c’est autant de temps et d’énergie qu’ils ne pourront consacrer à l’exploration des possibilités et alternatives qui s’ouvrent à l’ère du numérique.
Nous qui considérons que culture sans droiture n’est que ruine de l’art, nous ne voyons aucun bien dans un projet qui, pour défendre les intérêts privés d’un petit groupe, altère la relation de confiance entre un auteur et un éditeur, déséquilibre au préjudice de l’auteur leur ancienne position d’égal à égal, invalide le lien sacré unissant l’auteur à l’État qui vient de sacrifier les droits qu’il avait le devoir de garantir, au mépris du Code de la Propriété Intellectuelle et des conventions internationales assurant le respect du droit moral.
Nous soutenons donc les signataires de la pétition « Le droit d’auteur doit rester inaliénable », et joignons notre voix solidaire à celles, nombreuses, d’auteurs, d’éditeurs et d’autres acteurs du livre, qui se sont élevées pour demander un réexamen de la loi n° 2012-287, en réelle concertation avec les principaux concernés.
Mais nous n’en restons pas là. Si, en dépit de tous ces appels, ReLIRE et la loi qui l’encadre ne révisent pas leur copie, nous nous ferons un devoir de ne pas ReLIRE : nous refusons d’alimenter la machine aliénante, d’engraisser les abuseurs. Nous nous ferons un plaisir d’apporter plutôt notre soutien financier aux écrivains qui s’en iront, leurs œuvres sauvées du désastre sous le bras, bâtir ailleurs de meilleures structures de publication, aux éditeurs qui n’auront pas sacrifié leur sens de l’éthique et de l’esthétique à leur survie économique, aux libraires indépendants qui défendent tous ceux-là. Dans cette même logique, nous saurons nous souvenir des maisons d’édition qui n’hésitèrent pas à trahir leurs auteurs, en prenant avantage du déséquilibre instauré par une loi qui fait leur seul profit : celles-là perdent notre confiance, notre respect, et notre appui financier. Elles verront bien, à l’heure du bilan comptable, si les cadeaux de l’État valent la loyauté des lecteurs.
Le prix que cette loi en l’état voudrait nous faire payer à tous pour la numérisation des livres indisponibles du Xxe siècle est aberrant. Mais un public de lecteurs n’est pas un troupeau de consommateurs.
Si le projet ReLIRE se fait, nous nous engageons à ne pas faire vivre ReLIRE : considérez ceci comme notre opt-out.

Le lien pour signer : clic!

mardi 17 septembre 2013

Communiqué de presse FERUS : le retour de la louvèterie

Je copie-colle l'article. Rien de plus à ajouter. Ce gouvernement est navrant d'indigence et d'incompétence en plus d'être destructeur.

L'écologie selon le gouvernement Hollande : le retour des battues aux loups du 19ème siècle !

battues-loup
Photo Anthony Kohler
Communiqué FERUS / ASPAS / WWF / SFEPM / LPO / FNE
Le 19 septembre 2013
Le ministère de l’Environnement autorise les chasseurs des Alpes-Maritimes et du Var à tuer des loups au cours de leurs battues au « gibier » dans les secteurs concernés par des arrêtés de « tir de prélèvement », sans aucun encadrement officiel.
Y a-t-il encore un ministère de l’écologie en France ?
L’autorisation des battues aux loups est une régression d’un siècle et un coup de poignard dans le dos de la protection de la biodiversité. L’Etat piétine son propre Plan loup 2013-2017 signé en mars dernier, bafoue la protection légale de l’espèce, et s’assoit sur les engagements européens de la France. Nous demandons au Président de la République l’annulation immédiate de cette mesure extrêmement grave et irrecevable juridiquement.
Des destructions incontrôlées
Le Plan loup, déjà défavorable à l’espèce, fixait un plafond de 24 loups pouvant être tués pour l’année en cours. Ce nombre maximal est immédiatement devenu un objectif à atteindre pour les pouvoirs publics et pour certains politiques proches des milieux agricoles. Le constat est déjà fait que ces tirs ne solutionnent rien. Les battues de chasseurs non encadrés sont en plus la porte ouverte à toutes les dérives, alors que les tirs sont déjà mal maîtrisés : une louve allaitant 5 louveteaux a été abattue, un loup a été tiré par des chasseurs sans que son cadavre ait été retrouvé. Il est évident que plusieurs loups pourront être tués ou blessés au cours d’une battue sans qu’on le sache, et sans qu’on puisse avoir aucun contrôle.
Le loup ne doit pas être instrumentalisé contre l’intérêt général
Alors que la seule solution viable à long terme passe par un gardiennage efficace des troupeaux et une remise en cause des conduites pastorales inadaptées, le gouvernement s’attaque au loup pour donner des gages aux lobbies de la chasse et de l’agriculture. La filière ovine est économiquement en difficulté. Si la société française fait le choix de maintenir l’élevage ovin en le soutenant avec de l’argent public, on est en droit d’attendre que cette activité soit mise en oeuvre de façon compatible avec les enjeux du 21ème siècle, et avec les attentes de la société en matière de protection de la biodiversité.
Voir aussi la plaquette des associations : LOUP : Pour en finir avec les contre-vérités sur le pastoralisme et sur la chasse

+ d’actus

lundi 16 septembre 2013

Le bai est une couleur chaude

Rendons à César... J'ai adoré Le Bleu est une couleur chaude, de Julie Maroh (et je n'irai certainement pas voir le film qui s'en est inspiré sans vergogne ni honnêteté). Voici son blog : les cœurs exacerbés
Et passons au sujet de ce billet. Le bai est une couleur chaude, une robe, devrai-je-dire, celle de mes chevaux adorés - Keyrann et Dîn, mais aussi, celle d'une grande majorité de grands copains à crinière... C'est comme ça. les bais, cerise, brûlé, brun, clair, doré, cuivré me font craquer... Donc, pour ceux qui ne sont pas sur FB et veulent des nouvelles (et des photos)... 

Keyrann et moi, Anne et Aydane avant une balade

Keyrann se roule...



Dîn: sortie en carrière

... puis dans le champ




Timhadite, la jument de Salah et Paule, mère de Dîn


Fabien et Timhadite, travail en liberté




Avec Assarab, le cheval de Lahcen



mercredi 4 septembre 2013

Le silence...

La parole est d'argent.
Le silence est d'or. 
Je me rends compte aujourd'hui ces sages propos ne le sont pas. La parole est d'or - oui, mais si elle est méchante ? ou trop franche ? ou pas assez... blablabla, je vous vois venir. Je vous parle d'une vraie parole. Du genre discussion, explication, se parler, communiquer, exprimer. Et celle-ci, franchement, vaut bien plus que de l'or. Parce qu'elle relie les gens entre eux, parce qu'elle guérit des blessures, parce qu'elle est courageuse. 
D'accord, ce n'est pas toujours facile de dire les choses à ceux que l'on aime, de discuter, de se disputer. Mais le silence est pire. Le silence - et là, il n'est pas question de celui, proche du recueillement, qui permet de ce centrer ou qui est une forme de respect - est une source de malaise, de non-dits, de petites lâchetés de l'ordre du "laisser pisser", de la "mauvaise conscience" et parfois, d'un réflexe à la fois égoïste et couard. Ne pas dire pour ne pas prendre de risque, ne pas s'engager, ne pas répondre aussi, c'est laisser s'installer un malaise,un malaise paradoxalement confortable, qui grandit, grandit jusqu'à ce que l'autre ou un tiers (je pense ici à une expérience professionnelle) fasse l'effort de prendre la parole (on y revient) pour crever l'abcès, ou simplement rétablir le courant... 
Mais le temps ? " Pas le temps débordé zappé désolé"? Fausse excuse, vraie impolitesse, qui implique, en plus, dans le cas d'un mail par exemple, que celui qui l'a envoyé, lui, n'a rien à foutre de ses journées... Alors que c'est généralement juste une question d'organisation (ou d'importance accordée à l'autre). 
Voilà, c'étaient les mini-réflexions du jour...
(sans doll parce que la connexion rame, mais rame...)

jeudi 22 août 2013

Revue de presse - jusqu'ici, tout va bien...



Blog Fini de rire, lisible ici

Et encore, il n'est pas dans cet article question des camps, des enfants arrachés à leur école et j'en passe. Toute ressemblance avec la politique du précédent ministre ou des événements ayant eu lieu il y a près de 70 ans est purement fortuite. Faut-il également rappeler que les Bulgares et Roumains qui fuient leur pays ont de bonnees raison de le faire ? Que la Bulgarie est le pays le plus pauvre d'Europe, proie d'une corruption écourante et en révolte depuis fécrier ? Que les rvenus moyens sont à 200 euro/mois ? Qu'il y a la mafia, aussi? La montée de l'extrême-droite, et une extrême-droite bien immonde qui parle de faire des chiffons avec la peau des Tziganes (Ataka) ? Et que, Roms, Roumains, Bulgares, tous exilés, traités comme des sous-hommes par les pays qui les accueillent, sont Européens ? Bref...

Dans un entretien à Mediapart, le secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts, Pascal Durand, accuse Manuel Valls d’oublier d’être « ministre de la République » en devenant le « porte-parole des syndicats les plus conservateurs de la police ». 

Espérons que les Verts arriveront à la fois à influencer la politique de droite extrême menée par l'Intérieur et défendre l'environnement : pas de gaz de schiste, tout ça tout ça... 


La couverture de Valeurs actuelles....
Un torchon qui, à grand renfort de chiffres (ah, des chiffres, toujours des chiffres) explique à quel point la France est en danger. Un extrait, ci-dessous, de l'article de Rue 89 à ce propos : 
« Roms, l’overdose » : le nouveau numéro de Valeurs actuelles n’est pas encore dans les kiosques, mais sa couverture suscite déjà une violente polémique. La formule est en fait bien rodée. Grâce à ses couvertures-chocs, l’hebdomadaire veut s’imposer comme l’organe officiel de la droite décomplexée – très décomplexée. [...] Derrière ces couvertures et ces titres, Valeurs actuelles semble écrire la nouvelle mythologie de la droite. Avec ses plumes, comme Camille Pascal, ancien « nègre » de Nicolas Sarkozy, et Basile de Koch, le mari de Frigide Barjot. 
Ah booooon ? 

De Frigide Barjot à la Russie homophobe, il n'y a qu'un pas, n'est-ce pas ? Toujours sur Médiapart :
A six mois des Jeux Olympiques de Scotchi, l’ambiance homophobe règnant en Russie laisse penser aux froids hivernaux qui agitent les glaces de la Grande Dixence.
Voyons donc où vogue la terre de Dostoïevski et de Tosltoï si proche de l’intime politique de ce conseiller national en attente de la démission de son chef charismatique Oskar Freysinger.
Dmitri Kiselev, journaliste vedette de la Première chaîne, nous dit Le Monde« a galvanisé les esprits en expliquant qu’il fallait «enterrer ou brûler les cœurs des homosexuels décédés » puisqu’ils sont incapables de transmettre la vie. La députée de la Douma Elena Mizoulina a pour sa part enjoint aux services sociaux de confisquer les enfants élevés par des couples de même sexe ».
La Russie, emblème de l'homophobie décomplexée (elle aussi) de l'Europe. Faut-il boycotter les jeux d'hiver de Scotchi ? Ben c'est qu'il y a des histoires de sous, hein... Et qu'il ne faudrait pas faire de la peine à tonton Poutine. Personne n'avait rien fait pour les jeux de Pekin, en 2010 (et puis tout le monde était content d'être à Berlin en 36, non ? ) alors pourquoi changer une lâcheté qui gagne ?
Espérons que les athlètes réagiront au moins individuellement, comme Kseniya Ryzhova et Tatiana Firova sur le podium, à Moscou, samedi dernier.


 Le gouvernement Japon aime le nucléaire. A peine un petit Fukushima passé, qu'il en projette d'autres. Mais le nucléaire n'aime pas le gouvernement du Japon. La preuve, cette nouvelle fuite à Fukushima. Une fuite classée comme "incident grave" (tu m'étonnes), mais qui n'est que la conséquence logique de négligences graves...Un petit extrait d'un article de France info
Depuis deux ans, les avaries autour du site de Fukushima n'ont jamais cessé. Le refroidissement des réacteurs et des piscines est toujours en cours, rendant la situation sur le site très instable.
En juillet dernier, Tepco a constaté une forte hausse du niveau de césium radioactif dans un puits de prélèvement situé entre les réacteurs et la mer : d'après le site de l'Association Santé Environnement France (Asef), les taux de césium avaient été multipliés par 90 en trois jours
Des chiffres embarrassants pour la compagnie électrique Tokyo Electronic Power, déjà au coeur d'une polémique sur le nettoyage du site : au mois de janvier 2013, le gouvernement japonais a été obligé de présenter publiquement ses excuses, la presse ayant révélé que l'opération était bâclée par des sociétés privées.
Nouvelle polémique quelques mois plus tard avec deux pannes en mars et en avril 2013 dans le système de refroidissement. Liés selon Tepco "à des travaux sur le site", les incidents sont vite réparés mais interrogent sur la maîtrise réelle de la situation par la compagnie japonaise.
Preuve que rien ne change vraiment à Fukushima et alors que Tepco affirme régulièrement que la situation sur place est "stable", l'état d'urgence a été décrété début août - soit plus de deux après les premiers incidents - déjà en raison des fuites de réservoirs de stockage.
 Et si je vous dis que la faune et la flore ont muté, qu'il y a des cas de cancer, etc. Un bonheur, non ? 

Pour terminer en beauté cette revue de presse, les gaz neurotoxiques en Syrie. près de 1500 personnes, en majorité des femmes et des enfants, mortes de convulsions. Extraits de l'article de Médiapart :

Alors qu'une mission de l'Onu est arrivée dimanche en Syrie pour recueillir des preuves d'utilisation d'armes chimiques, des bombes de gaz neurotoxique ont tué plus de 1 200 personnes dans la nuit de mardi à mercredi, en banlieue de Damas. « Dans la mesure où les grandes puissances n’ont rien fait dès le départ, le régime se moque des lignes rouges et regarde jusqu’où il peut aller », constate un médecin sur place.[...]
D’une voix posée qui ne laisse en rien transparaître l’horreur vécue, le Dr Majed, 38 ans, raconte « les bombardements de vaste ampleur sur toute la banlieue de la Ghouta, qui commencent à 3 heures du matin ». De 3 heures à 7 heures du matin, son équipe a pris en charge 630 victimes, en grande majorité des femmes et des enfants. Soixante-cinq sont décédées, la moitié des autres cas étaient dans un état grave en début d’après-midi ce mardi.
Pour dispenser les soins, ils sont soixante en tout, médecins et secouristes. « Un nombre inférieur aux autres centres médicaux de la Ghouta, car nous avons été moins touchés que les autres zones », précise le docteur Majed.
[...]de nombreuses vidéos envoyées par les centres médiatiques de la Ghouta permettent de documenter la nature de l’attaque : les victimes ne portent aucune blessure physique et meurent par convulsions. Tout indique qu’il s’agit d’une intoxication par neurotoxique. Ce que confirme le Dr Majed : « Problèmes respiratoires, (bradycardie), ralentissement du rythme cardiaque, vomissements, sécrétions bronchiques, convulsions, les victimes portent tous les symptômes du gaz sarin », diagnostique le médecin. Dans la soirée de mercredi, l'ONG Human Rights Watch affirme que le témoignage qu'elle a recueilli sur place auprès de deux médecins fait état de ces mêmes symptômes, « ceux d'empoisonnements aux gaz neurotoxiques ».

 Jusqu'ici, tout va bien. Et puis, je n'évoque que des catastrophes humaines, hein... 
 

mardi 20 août 2013

Citations et exergues


En pleine fin d'écriture d'un roman dont l'héroïne est comédienne, je me rends compte à quel point les références font partie inhérente de mon écriture. Pas pour le plaisir de citer, encore que... mais aussi, surtout, parce qu'elles me permettent de construire mon récit. Pour Fanny Forever, j'ai trois "sources" principales, Le Misanthrope, La Voix humaine et Jeux d'enfants, et chacune d'elles apporte un éclairage différent sur le personnage principal, l'aide à se construire.
Pour moi, les personnages ne sont pas "blancs". Ils arrivent dans le récit avec un passé, des casseroles, des peurs, une culture. Et cette culture qui fait partie d'eux, je ne peux ni ne veux en faire abstraction. ce serait malhonnête vis-à-vis d'eux et vis-à-vis des lecteurs. 
Or, cette culture devient, aux yeux de certains, politiquement incorrecte. Citer Molière, c'est faire "intello", supposer que le personnage lit, c'est suspect... Pour écrire un livre, il faudrait faire table rase de tout ce qui peut apparaître comme un signe extérieur d'intellectualité, mots, phrases, citations, références, pour ne surtout pas risquer de froisser l'égo du lecteur, forcément moyen et forcément médiocre aux yeux de ces mêmes personnes... 
Prendre les lecteurs pour des cons, je crois que je ne sais pas faire.
Donc, je moliérise... 
Célimène au lycée
Quant aux exergues... Les exergues, ce sont un peu les starting-blocks du roman. C'est vrai pour moi, je crois savoir que cela l'est également pour d'autres auteurs. Trouver la bonne citation, celle qui donne le coup d'envoi, c'est très important : je peux passer un, deux jours à tourner en rond, à chercher la bonne poésie, la bonne phrase... 
Et qu'importe qu'elle soit de Virginia Woolf, de Marilyn Monroe ou de Gainsbourg ? L'important, c'est qu'elle fasse sens. Et si les lecteurs ne connaissent pas, ce n'est pas grave, ce n'est pas les insulter que de citer une écrivaine ou un poète. Au pire,  il peuvent chercher sur internet! En tous cas, c'est ce que je fais quand je ne connais pas et que cela m'intéresse...
Je crois qu'il ne faut jamais sous-estimer ceux qui nous lisent. 
Voilà, c'était un petit billet pas très bien construit... que je terminerai sans citation!


lundi 12 août 2013

L'Ecole de la mort



Editions Gulf Stream
Collection Courants noirs
Auteurs : Lilian Bathelot, Charlotte Bousquet, Martial Caroff, Béatrice Égémar 

Quoi de plus important que l’école ? Mais quoi de plus inquiétant aussi ? Lieu clos, territoire aux mille secrets, monde étrange et mystérieux… De tout temps l’école a abrité en ses murs histoires, légendes et mythes, rumeurs et rituels autour du savoir et de la culture, et accompagné la transmission de ceux-ci de règles intangibles et de règlements insidieux. Car l’école s’est donnée une mission : l’élévation. Celle des esprits, celle des corps, celle des âmes bien sûr. Dans cet univers normatif, l’élève ou l’étudiant, s’il accepte les règles et consent à suivre l’enseignement qui lui est dispensé, recherche malgré tout la brèche dans le mur, la faille dans le système, l’espace de liberté où il pourra respirer. Si la mort est rarement au rendez-vous dans les institutions éducatives, elle représente somme toute le prix à payer pour cette liberté aux yeux d’un écrivain de littérature noire. C’est dans cette brèche qu’il va s’engouffrer pour imaginer les pires aventures, traquer les turpitudes cachées. Quatre auteurs ont relevé le défi d’aller explorer les marges de l’école, ses cours, ses internats, ses cénacles. Leurs huit nouvelles sont autant de petits bijoux. De la préhistoire à la première moitié du XXe siècle, de l’Égypte à l’Amérique ou à l’Union soviétique, nombre de savoirs, de méthodes éducatives, d’établissements livrent ici les crimes et exactions qui se sont commis en leur nom.

Pour ma part, j'ai choisi pour ma première nouvelle le cadre riant des pensions catholiques destinée aux Natifs, dans l'Amérique des années 20 et pour la seconde, la sueur et l'acier des salles d'armes du 17eme siècle parisien. 

Cette anthologie, à laquelle je suis ravie d'avoir participé, sort le 22 août dans toutes les bonnes librairies.


lundi 5 août 2013

Manger de la viande, à quel prix ?

Un reportage d'ARTE, très édifiant sur la viande, sur nos habitudes et le lobbying de l'industrie agro-alimentaire, ainsi que la façon dont l'ensemble affecte le monde qui nous entoure. Il y est également largement question de la manière dont sont traités les animaux de boucherie.
A regarder absolument.

mercredi 31 juillet 2013

Les émotions des animaux et autres lectures


Je n’ai pas tout à fait terminé Les émotions des animaux, de Mark Bekoff – mais presque. J’ai en revanche terminé Ce que les chevaux ont à nous dire, d’Antoinette Delylle il y a une semaine. Deux ouvrages très différents, le second, recueil de témoignages, le premier, essai d’éthologie cognitive, qui tous deux, peut-être parce qu’ils confirment mes intuitions,  m’apportent énormément. Les animaux ressentent-il des émotions ? Sont-ils capables de sentiments ?  Est-ce de l’anthropomorphisme, que de dire qu’un cheval ou un chat (je « parle » de ceux que je connais le mieux) éprouvent de la joie, de la tristesse, de la jalousie, de l’affection ?  Non, ou plutôt si… Et tant mieux, puisque nous partageons des émotions semblables et que nous sommes capables de nous comprendre. Tant mieux puisque l’une des meilleures manières d’appréhender le monde animal est de raisonner par analogie. Un exemple ?
Les hommes éprouvent des émotions qui peuvent être liées à certaines structures cérébrales, et comme les animaux ont des structures cérébrales identiques ou similaires, ils connaissent des états affectifs similaires. (Bekoff, Les émotions animales, p 80)
 Un exemple, développé par Bekoff, qui en a fait l’un de ses sujets d’étude : le jeu. Il existe chez les animaux des ce qu’il appelle « play bow », des invitations à jouer se traduisant par des postures caractéristiques, compréhensibles par tous (humains comme animaux, d’espèces différentes ou pas). Ainsi, quand Quevedo me regarde en faisant les gros yeux, limite frétillant, je sais qu’il veut jouer « à chat ». Et quand je siffle deux fois, à La Rochelle, il grimpe l’escalier à toute blinde et saute sur la poutre. Je ne lui ai pas appris à faire ça, je ne l’ai pas dressé à acquérir un automatisme (d’ailleurs il ne le fait pas toujours…) mais c’est la règle du jeu. Quand Keyrann (380 kg de bonheur…), en liberté, me fonce dessus et m’évite au dernier moment, se cabre juste devant moi, c’est du jeu – du jeu mode étalon, mais du jeu quand même. Après, je suis plus ou moins fatiguée, plus ou moins capable de gérer, mais c’est moi…
Fin de digression. Retour à la case « commentaire de texte ». Avec des chevaux, bien entendu. Ce que j’ai apprécié, dans l’ouvrage de Delylle, c’est qu’il est à la fois cohérent (le fond est le même : apprendre, écouter, aimer, se rmettre ecnore et toujours en question) et très diversifié : chaque témoignage, qu’il s’agisse de celui de Bartabas, de Catherine Senne ou de l’auteure, apporte de l’eau au moulin de l’équitation : chaque cheval est un individu, avec une personnalité différente, des goûts différents. Aucune méthode d’apprentissage n’est universellement valable (et la philosophe qui est en moi jubile, en pensant à ce qu’écrit Descartes dans son Discours à propos de sa « méthode » : il ne s’agit pas de l’appliquer bêtement à tous, mais de faire l’effort, individuellement, de l’éprouver… sachant qu’elle ne sera pas nécessairement identique et valable pour tous… J’adore d’autant plus ce passage qu’il est extrêmement méchant, bref…) : il faut sans cesse s’adapter, se remettre en question, se dire que bon, Pitchoun n’a pas la bosse du dressage, mais semble beaucoup plus doué à l’extérieur – par exemple. Le dernier article, qui évoque une approche thérapeutique du cheval, m’a profondément bouleversée.

Les animaux ressentent un large éventail d’émotions, dont les six universelles de Darwin : la colère, le contentement, la tristesse, le dégoût, la peur et la surprise. […] Les animaux peuvent être courageux, timides, joueurs, agressifs, sociables, curieux, équilibrés ou sympathiques ; ils peuvent être extravertis, introvertis, dominants ou soumis. Les différences d’un individu à l’autre et d’une espèce à l’autre rendent l’étude des émotions animales plus ardue, plus ambitieuse, mais aussi, plus passionnante… (Bekoff, Les émotions animales, p 90-91)
Le parcours de Bekoff (ai-je signalé que son ouvrage est préfacé par la grand Jane Goodhall ?) est intéressant : au départ, il étudiait les animaux en laboratoire. C’était des objets d’étude, fort différents des animaux qu’il avait chez lui. Et donc, il n’était censé ni les nommer ni s’y attacher puisque les bêtes, désignées par des numéros, devaient de toute façon finir disséquées. Ça a duré jusqu’au jour où il a étudié un chat, un chat qu’il a appelé (malgré les consignes, donc) Speedy, et qu’il a été obligé de tuer. Un chat dont il a croisé les yeux, au dernier moment. Bekoff s’est tourné vers l’éthologie cognitive : il a d’ailleurs fondé avec Jane Goodhall Ethologists For The Ethical Treatment Of Animal. Il retrace l’histoire dans son essai de l’éthologie, des critiques dont elle a fait l’objet « on ne peut pas dire qu’un animal pense/ ressent/ etc. », des obligations scientifiques du « comme si » (ne pas écrire, mon chat s’amuse mais c’est comme s’i mon chat s’amusait),  puis, aujourd’hui les mentalités qui changent, le fait de pouvoir écrire sans se prendre la communauté scientifique sur le dos : cet éléphant est malheureux.
Cette longue histoire critique de l’éthologie et du rapport des sciences du comportement aux animaux m’a fait penser par bien des aspects aux travaux de Vinciane Desprets, qui fait de l’éthologie d’éthologistes… Dans Penser comme un rat et dans La Danse du cratérope écaillé, elle prend plusieurs fois les scientifiques comme sujet/objet d’étude, et montre qu’aucune de leurs grandes théories, en particulier quand elles sont liées à l’étude de l’altruisme,  ne sont absolument objectives : il y a toujours de l’interprétation humaine, dedans. Autrement dit, de l’anthropomorphisme (de tête, un scientifique de gauche aura tendance à penser : ces rats coopèrent parce qu’ils sont altruistes et un scientifique de droite dira : ils coopèrent pour défendre leurs intérêts propres). Bien sûr, Bekoff passe beaucoup de temps à justifier son propos – un grand zoologue a dit que, une grande biologiste a écrit que – et c’est parfois un peu lourd, mais c’est essentiel – après tout, lorsqu’on écrit une thèse, on passe son temps à se référer à d’autres pour donner plus de poids à ce que l’on soutient. D’autant plus essentiel, que nous vivons dans un monde où le registre de l’émotion, du sentiment, de l’empathie – oserais-je rajouter de l’imaginaire ? – est systématiquement dénigré au profit du chiffre, de la prétendue objectivité, du rendement.
De mémoire, encore, il me semble que Michel Terestchenko, dans Un si fragile vernis d’humanité, montre de façon très intéressante l’avènement, au XIXème siècle du modèle économique actuel à travers l’étude de philosophes comme Hobbes et de courants de pensée pour lesquels les rapports humains sont nécessairement fondés sur la volonté de puissance et l’intérêt, l’altruisme n’existe pas et la notion d’harmonie est une vaste plaisanterie… Je ne suis pas à la maison, là donc je n’ai pas les passages sous les yeux, mais c’est passionnant.
Ethologie et philosophie au menu, donc.
Voilà, alors ce long article est incomplet, survole trop de choses mais là, j’ai vraiment un chapitre à écrire et un timing serré.
Si vous vous intéressez à l’éthologie, je vous conseille donc de lire :
Les émotions des animaux, de Mark Bekoff.
Penser comme un rat, de Vinciane Desprets.
Aux chevaux :
Ce que les chevaux ont à nous dire, d’Antoinette Delylle.

Et parce que cela ne fait jamais de mal de réviser ses classiques :
Un si fragile vernis d’humanité, de Michel Terestchenko et Femmes qui courent avec les loups, de Carola Pinkola Estes.

Il y a un lien. Je vous le promets.