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mercredi 25 novembre 2015

Rencontres

Cet automne, c'était marathon salons. Avec des hauts et des bas. Des hôtels parfois pourris (option trains qui passent, chambre qui pue, petit dej en cantine surpeuplée...), qui évoquent un peu les expériences décrites par Colette dans Vagabonde, parfois sympa, avec baignoire en option. une organisation plus ou moins au point., plus ou moins chaleureuse Mais il y a eu une constante : les rencontres scolaires, effectuées du collège au lycée. 




Toujours enrichissantes, et bien préparées. je ne le répèterai jamais assez, les adolescents sont bien plus ouverts, plus matures et plus intéressants que certains fâcheux veulent le faire croire. 


Cet automne, la plupart des élèves que j'ai rencontrés ont étudié Saison rouge. Ils ont aimé le texte, mais l'absence de fin les a déroutés. Alors, ils en ont imaginé, chacun à leur façon... 

Parce que tous m'ont posé la question, voici quelques éléments. [attention, spoilers]
Si Kenza survit, il y a fort à parier qu'elle soit prise en charge par une association ou un foyer d'accueil pour femmes en difficulté (liens SOS femmes). la principale difficulté, pour Kenza, est qu'elle ne parle pas très bien français et n'a pas ses papiers sur elle. Mais il y a fort à parier que son histoire intéresse des ONG qui luttent contre l'esclavage domestique. Comme Plan. Aucun hôpital, aucun médecin, ne la renverrait dans sa "famille". Il existe des lois, en France, pour protéger les femmes victimes de violences... En revanche, au vu des politiques actuelles relatives aux demandeurs d'asile et aux migrants, il y a fort à parier qu'elle reçoive une OQTF, émise par un préfet en mal de statistiques. mouloud et ses parents risquent amendes et prison.  

 J'ai aussi eu droit à de super accueils, avec vitrines et tout, des goûters (non, je n'ai pas grossi...), de très bon moments avec les équipes pédagogiques, et des cadeaux : masques, livres d'or. 




 

A tous, merci beaucoup pour ces moments de partage et d'échange!

lundi 16 novembre 2015

trois jours plus tard


Je voulais écrire un poème, texte, slam, aujourd'hui. Un truc fort, alerte à la haine, à la méfiance, coup de gueule contre les politiques qui attisent la méfiance et les abrutis de tous poils qui appellent à chasser les réfugiés alors qu'ils fuient ceux qui nous agressent, rétablir la peine de mort pour des kamikaze et bousiller la démocratie (faisant, au passage, exactement le jeu des terroristes).... Mais en fait, non.A midi, j'irai devant la mairie faire une minute de silence. Je pense que pendant quelques nuits, il y aura une petite bougie qui brûlera pour Paris, Beyrouth, mais aussi toutes les victimes de de Daech, de leur folie. 

FAITES L'AMOUR, PAS LA HAINE


lundi 9 novembre 2015

Retour sur un rêve, et pot-pourri (2)

Vendredi dernier, en prélude à la foire du livre de Brive, où j'étais invitée, j'ai eu l'occasion de rencontrer des classes de 4ème autour de Si j'étais un rêve. Parmi les principaux thèmes abordés, l'identité et le genre. Comment devenir soi-même quand on ne naît pas dans le bon corps ? Parmi les élèves, il y a eu quelques gênes, mais surtout énormément de questions. Et bien moins de l'ordre du "c'est pas normal" (j'ai eu des "c'est bizarre" en remarques, mais c'est tout) que du : "j'ai une copine qui sort avec une fille, mais elle dit qu'elle est un garçon du coup elle est quoi ?"  






Une fois encore, je suis heureuse de constater à quel point les adolescents sont bien plus ouverts et bien plus matures que l'on pense généralement. Au lieu de les tirer vers le bas, des textes qui font réfléchir, même "un peu difficiles", c'est beaucoup plus constructif. La preuve ? Une jeune fille de SEGPA m'a dit, à la fin de la rencontre de vendredi matin, que c'était le premier livre qu'elle terminait de sa vie. de quoi embellir ma journée. 

Et pour terminer ce billet, un pot-pourri de citations issues de romansintelligents,sensibles... parce que c'est surtout ça, la littérature jeunesse.

Main dans la main, vie et mort mêlées, Cathy et Jason traversent la ville d'un pas rapide en direction du sud. Ils s'enfoncent dans un sous-bois, trébuchent contre des branches mortes, font s'envoler des oiseaux nocturnes et fuir des lapins et des écureuils. 
Jérôme Noirez, Brainless.

Les journées s'allongeaient doucement, et depuis près d'une semaine le ciel était clair et dégagé, offrant la ville aux doigts glacés des vents. debout sur ce toi, au-dessus de la ville qui plongeait peu à peu dans la nuit, Anna ressemblait à l'un de ces fantômes qui peuplent les légendes de Crossswind.
 Camille Brissot, Le vent te prendra

 Il sent sur son cou la main de son grand-père, et respire un peu plus vite, un peu plus fort.
 - Je perds ma vie, la mémoire. Et ce garçon, assis là, il tente de réveiller ce qui dort. des souvenirs enfouis. C'est pas beau, ça ? 
Séverine Vidal, Quelqu'un qu'on aime

Sonia s'enroule sous sa couette, comme pour se former un cocon protecteur. elle palce ses mains sous sa joue, puis des pensées négatives frôlent sa conscience, la harcèlent. Il y a ce mensonge. Ce mensonge qui lui pèse depuis un an. 
Samantha Bailly, Nos âmes jumelles