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mercredi 10 février 2016

Tant D'étoiles dans la nuit

Un peu de teasing ? Ci-dessous, la couverture et un extrait de mon prochain roman, à paraître le 9 mars, aux éditions Rageot...


Hors collection
Grand format

Parution : 9 mars 2016

224 pages

Prix : 14.90 €

ISBN: 9782700249422

Milwaukee. En plein Summerfest, Jace D., enfant terrible du rock underground, est retrouvé sur une plage, une balle dans la poitrine. À l’hôpital, où il est plongé dans le coma, défilent Sidney sa guitariste, sa petite amie, son producteur.
Une à une, les étoiles qui scintillent autour de Jace tentent d’éclairer sa nuit…

Extrait 1

I was just a poor kid

With dirty hair and bloody knees

From life I knew nothing

Except violence and bad things

Jace D., Friendship
 

Les flics m’ont interrogée. 
Ils ont débarqué à l’hôtel juste après le petit-déjeuner. Un homme et une femme, j’ai même pas retenu leur nom. Attends, je regarde, ils m’ont laissé leurs cartes. Inspecteur Morgan, inspecteur Riggs. Badge, ordre déguisé en question polie : « on peut entrer ? »
Difficile de répondre non, hein ?
Ils voulaient savoir depuis combien de temps on se connaissait, si je savais avec qui tu étais allé dans cette cabane, et pourquoi. Ils m’ont demandé si des gens t’en voulaient, si j’avais des soupçons sur l’identité de celui qui t’a shooté. Je leur ai filé une liste. Morgan a eu l’air surprise par sa longueur. En même temps, je suis sûre d’avoir oublié des noms.
Rugissements de moteurs. Je lève les yeux de mon cheesecake. Gilets de cuir et de jean, bras tatoués, une horde de Harley Davison roule au ralenti dans la rue.  Dans leur sillage, des fumerolles noirâtres et de la poussière. Les gens s’arrêtent pour les observer. Certains exaspérés, d’autres effrayés ou fascinés. Moi, je me rappelle ce pub pourri du côté d’Austin. La fille en mini rose que tu as voulu draguer, juste pour le challenge. Son copain, biker aux cheveux blonds, un brin éméché, furieux de te voir danser collé-serré avec elle. Votre bagarre, à la sortie du bar. Ses potes, cousins spirituels des Hells Angels, qui ont failli avoir notre peau. On s’en est tirés in extremis, ce soir-là.
Ça y est, ils arrivent au carrefour, disparaissent à l’angle d’un immeuble dont les fenêtres reflètent le bleu du ciel.
Tu sais ce que Morgan et Riggs ont trouvé dans ton portefeuille, Jace ? Tu sais ce qu’ils m’ont agité sous le nez ?
La photo de nous deux, prise dans un Photomaton le jour de mes quinze ans. On est joue contre joue, on tire une grimace de tarés. J’ai failli pleurer, je te jure. Je ne pensais pas que tu l’avais gardée.
Tu te souviens de cette journée ?
Elle avait mal commencé. Remarque, à l’époque, toutes commençaient, continuaient, finissaient mal – sauf quand tu m’envoyais un texto ou mieux, quand tu étais là. Maman était dans l’une de ses mauvaises périodes. Tu te souviens, elle allait en boîte, au pub, avec des copines, buvait trop, rentrait tard, s’écroulait tout habillée sur le sofa du salon. Je reconnais qu’elle n’avait pas une vie marrante, à jongler entre deux boulots pour payer le loyer. Fallait qu’elle se change les idées, j’imagine. N’empêche, j’aurais bien aimé qu’elle trouve d’autres moyens de s’amuser, de temps en temps. Le pire, c’étaient les types qu’elle ramenait à la maison. Le genre hirsute, qui puait la bière et le tabac. Tu en as croisé plusieurs fois. Jamais les mêmes, attention. Ils squattaient rarement plus de trois jours à la maison. À part Matthew. Tu ne l’as jamais rencontré, lui. Il est resté trois mois, mais t’étais en tournée. Il était cool, Matthew. J’espérais qu’il tienne plus longtemps. C’était un gros nounours avec une barbe rousse et des tee-shirts rigolos. Il bossait plus ou moins dans l’informatique. Il était souvent là quand je rentrais de l’école et m’aidait à faire mes devoirs. Il me prêtait des bouquins, aussi. Des recueils de nouvelles, des poèmes. C’est grâce à lui que j’ai découvert la poésie d’Emily Brontë, la voix de Patti Smith et ses textes barrés. Toi, tu n’aimes pas. Tu trouves que la première est larmoyante, la seconde pathétique. Moi, elles me font vibrer.
Bref.
Ce matin-là, pas de loser à l’horizon. Juste une odeur persistante de transpiration, de parfum trop sucré et de vieille clope. Sur la table basse, un cendrier plein, une bouteille de gin entamée. Maman s’était traînée jusqu’à sa chambre pour cuver. Mon anniversaire, avec les pancakes et la sortie entre filles, même si c’était seulement pour rêver devant les vitrines du Mall, lui était complètement sorti de l’esprit.
Je triturais mes céréales ramollies par le lait avec une grosse boule dans la gorge et l’envie de hurler lorsque tu as appelé.
— Joyeux anniversaire, Speedy ! Je t’emmène en virée ?




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