J-20.
Extrait n°2, donc (version non corrigée).
Extrait n°2, donc (version non corrigée).
Après le verre,
tu m’as invitée à dîner. Du comptoir, nous nous sommes déplacés vers une table
en bout de salle. Tu m’as parlé du chemin parcouru, du chemin qui te restait à
parcourir. Tu m’as confié que le groupe de parole auquel tu as participé
pendant ta cure de désintoxication t’a aidé à comprendre pourquoi tu étais
incapable de construire une relation sérieuse, pourquoi tu t’acharnais à briser
ce qu’il y avait de bien en toi. Pour la première fois depuis que je t’ai
rencontré, tu t’es véritablement ouvert à moi.
Tu ignores
l’identité de ton père. Ta mère était une junkie, qui t’a promis cent fois de
se reprendre, d’être là pour toi, mais elle a disparu avant ta dixième année. Ballotté de
foyer en famille d’accueil, trop maigre pour résister aux brutes qui faisaient
la loi dans le quartier, tu as grandi sans amour, sans autre soutien que Sid,
une gamine maigrichonne encore plus frêle que toi.
Je ne savais pas que
vous vous connaissiez depuis si longtemps, tous les deux. Sid ne m’appréciait
pas beaucoup et toi, tu ne te confiais pas.
J’avais deviné
ta blessure. Tu me l’as avouée. Tu avais tellement peur à l’idée d’être
abandonné, que tu ne laissais personne t’approcher. Au fil des années, tu as
bâti des murs assez épais pour te protéger du monde. Le problème, c’est que tu
n’avais aucune confiance ni aucune estime de toi. Alors, l’enceinte s’est
transformée en prison. Tu étouffais, pourtant tu n’osais pas sortir. Seules les
drogues, les excès, te donnaient l’illusion de t’évader. Et tu as bien failli y
perdre ton âme. Jamais je n’avais été aussi intime avec toi – ni avec personne,
je crois. Est-ce pour cela ? Est-ce parce que je t’ai enfin découvert, ce
soir-là ? Je crois que si tu m’avais demandé de te donner une seconde
chance, je n’aurais pas hésité.
Le soleil est
haut dans le ciel, à présent. La ville est réveillée. Les premiers concerts
débuteront bientôt. Certains off ont déjà commencé. Là-bas, sur la jetée, un
petit groupe s’est rassemblé autour d’un slameur. Il porte un tee-shirt trop
large sur un baggy couleur treillis, des dreadlocks attachées en queue de
cheval et des lunettes noires perchées sur le sommet de son crâne.
Zombi nation, combinaison de compromis
De petits arrangements avec la vie
Et de renoncements politiquement corrects
De rêves piétinés pour entrer dans la secte
Des adultes réalistes et avisés qui consomment
Les conneries que l’on sert à la télé…
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