Un peu de teasing ? Ci-dessous, la couverture et un extrait de mon prochain roman, à paraître le 9 mars, aux éditions Rageot...
Hors collection
Grand format
Parution : 9 mars 2016
224 pages
Prix : 14.90 €
ISBN: 9782700249422
Milwaukee. En plein Summerfest, Jace D., enfant terrible du rock underground, est retrouvé sur une plage, une balle dans la poitrine. À l’hôpital, où il
est plongé dans le coma, défilent Sidney sa guitariste, sa petite amie, son producteur.
Une à une, les étoiles qui scintillent autour de Jace tentent d’éclairer sa nuit…
Extrait 1
I was just a poor
kid
With dirty hair and bloody knees
From life I knew nothing
Except violence and bad things
Jace D., Friendship
Les flics m’ont
interrogée.
Ils ont
débarqué à l’hôtel juste après le petit-déjeuner. Un homme et une femme, j’ai
même pas retenu leur nom. Attends, je regarde, ils m’ont laissé leurs cartes.
Inspecteur Morgan, inspecteur Riggs. Badge, ordre déguisé en question polie :
« on peut entrer ? »
Difficile de
répondre non, hein ?
Ils voulaient
savoir depuis combien de temps on se connaissait, si je savais avec qui tu
étais allé dans cette cabane, et pourquoi. Ils m’ont demandé si des gens t’en
voulaient, si j’avais des soupçons sur l’identité de celui qui t’a shooté. Je
leur ai filé une liste. Morgan a eu l’air surprise par sa longueur. En même
temps, je suis sûre d’avoir oublié des noms.
Rugissements de
moteurs. Je lève les yeux de mon cheesecake. Gilets de cuir et de jean, bras
tatoués, une horde de Harley Davison roule au ralenti dans la rue. Dans leur sillage, des fumerolles noirâtres
et de la poussière. Les gens s’arrêtent pour les observer. Certains exaspérés,
d’autres effrayés ou fascinés. Moi, je me rappelle ce pub pourri du côté d’Austin.
La fille en mini rose que tu as voulu draguer, juste pour le challenge. Son
copain, biker aux cheveux blonds, un brin éméché, furieux de te voir danser
collé-serré avec elle. Votre bagarre, à la sortie du bar. Ses potes, cousins
spirituels des Hells Angels, qui ont failli avoir notre peau. On s’en est tirés
in extremis, ce soir-là.
Ça y est, ils
arrivent au carrefour, disparaissent à l’angle d’un immeuble dont les fenêtres
reflètent le bleu du ciel.
Tu sais ce que Morgan
et Riggs ont trouvé dans ton portefeuille, Jace ? Tu sais ce qu’ils m’ont
agité sous le nez ?
La photo de
nous deux, prise dans un Photomaton le jour de mes quinze ans. On est joue contre
joue, on tire une grimace de tarés. J’ai failli pleurer, je te jure. Je ne
pensais pas que tu l’avais gardée.
Tu te souviens
de cette journée ?
Elle avait mal commencé.
Remarque, à l’époque, toutes commençaient, continuaient, finissaient mal – sauf
quand tu m’envoyais un texto ou mieux, quand tu étais là. Maman était dans
l’une de ses mauvaises périodes. Tu te souviens, elle allait en boîte, au pub,
avec des copines, buvait trop, rentrait tard, s’écroulait tout habillée sur le
sofa du salon. Je reconnais qu’elle n’avait pas une vie marrante, à jongler
entre deux boulots pour payer le loyer. Fallait qu’elle se change les idées,
j’imagine. N’empêche, j’aurais bien aimé qu’elle trouve d’autres moyens de
s’amuser, de temps en temps. Le pire, c’étaient les types qu’elle ramenait à la
maison. Le genre hirsute, qui puait la bière et le tabac. Tu en as croisé
plusieurs fois. Jamais les mêmes, attention. Ils squattaient rarement plus de
trois jours à la maison. À part Matthew. Tu ne l’as jamais rencontré, lui. Il
est resté trois mois, mais t’étais en tournée. Il était cool, Matthew. J’espérais
qu’il tienne plus longtemps. C’était un gros nounours avec une barbe rousse et
des tee-shirts rigolos. Il bossait plus ou moins dans l’informatique. Il était
souvent là quand je rentrais de l’école et m’aidait à faire mes devoirs. Il me
prêtait des bouquins, aussi. Des recueils de nouvelles, des poèmes. C’est grâce
à lui que j’ai découvert la poésie d’Emily Brontë, la voix de Patti Smith et
ses textes barrés. Toi, tu n’aimes pas. Tu trouves que la première est
larmoyante, la seconde pathétique. Moi, elles me font vibrer.
Bref.
Ce matin-là, pas de loser à
l’horizon. Juste une odeur persistante de transpiration, de parfum trop sucré
et de vieille clope. Sur la table basse, un cendrier plein, une bouteille de
gin entamée. Maman s’était traînée jusqu’à sa chambre pour cuver. Mon
anniversaire, avec les pancakes et la sortie entre filles, même si c’était
seulement pour rêver devant les vitrines du Mall, lui était complètement sorti
de l’esprit.
Je triturais mes céréales
ramollies par le lait avec une grosse boule dans la gorge et l’envie de hurler
lorsque tu as appelé.
— Joyeux anniversaire,
Speedy ! Je t’emmène en virée ?