Comme vous le savez, de temps en temps, j'ouvre le blog à des billets d'amis. Coups de coeur, coups de gueule. Aujourd'hui, donc, à 15 jours de Noël, la parole est à Lacenaire.
A l’adresse des regards
Le décor : un wagon de RER, peu avant Noël.
Les protagonistes : un peuple, des Rroms, moi et la lâcheté.
Sincèrement, j’aimerais être un héros, un personnage parfait, une icône, plus qu’un dieu, moins
qu’un archétype. Pourtant, qu’ai-je de plus que le citoyen lambda ? Une conscience, l’envie de
partager ?
La gamine allait en mocassins usés, les yeux gonflés de fatigue. Sa mère suivait, un autre bambin
sur les épaules, et elles mendiaient. A la môme, j’ai tendu 2 Euros, une pièce pitoyable. A sa mère,
quelques centimes, ce qui me restait au creux de la poche.
Que lui avez-vous donné ? Rien. Ni l’ombre d’un regard, tout juste une sensation d’opprobre. Une
jeune femme, belle, ne s’est détournée de sa lecture que pour lancer un regard agacé. Un homme
d’âge moyen a grogné. Ce sont les seules attentions qu’ont récoltées les miséreuses. Les pauvresses.
A l’aube de cette belle fête de Noël.
Car, voyez-vous, la pauvreté est contagieuse. La compassion véhicule ce virus honteux.
L’humanité, c’est prouvé, est un antibiotique inefficace. Ne les regardez pas. Ne leur souriez pas. Ils
ont choisi leur situation, sur catalogue, à l’approche des fêtes. C’est leur choix, leur fardeau, pas le
vôtre.
Avec cette adresse directe, vous fais-je la morale ? Qui suis-je, pour cela ? Moi qui ai toujours
souhaité que Noël soit l’occasion d’une retraite, de réflexion plus que de consommation, qui suis-je
pour songer que 10 centimes ne manqueront à presque personne dans ce wagon ? 10 malheureux
centimes, ça n’est pas le prix d’un sourire. L’humanité et le partage ont coûté bien plus, ces dernières
décennies – la taxe a été prélevée en sang. Aujourd’hui, c’est un bien que je croyais commun.
Suis-je un idéaliste ? Peut-être. Me suis-je dédouané en versant une obole ? Non, car la
compassion est une forme de douleur, n’en doutons pas.
Sincèrement… J’ai honte pour vos prophètes, eux qui prêchaient la solidarité.
Allez, à une autre fois, dans un autre wagon, en espérant mieux qu’une prière muette.
A l’adresse des regards
Le décor : un wagon de RER, peu avant Noël.
Les protagonistes : un peuple, des Rroms, moi et la lâcheté.
Sincèrement, j’aimerais être un héros, un personnage parfait, une icône, plus qu’un dieu, moins
qu’un archétype. Pourtant, qu’ai-je de plus que le citoyen lambda ? Une conscience, l’envie de
partager ?
La gamine allait en mocassins usés, les yeux gonflés de fatigue. Sa mère suivait, un autre bambin
sur les épaules, et elles mendiaient. A la môme, j’ai tendu 2 Euros, une pièce pitoyable. A sa mère,
quelques centimes, ce qui me restait au creux de la poche.
Que lui avez-vous donné ? Rien. Ni l’ombre d’un regard, tout juste une sensation d’opprobre. Une
jeune femme, belle, ne s’est détournée de sa lecture que pour lancer un regard agacé. Un homme
d’âge moyen a grogné. Ce sont les seules attentions qu’ont récoltées les miséreuses. Les pauvresses.
A l’aube de cette belle fête de Noël.
Car, voyez-vous, la pauvreté est contagieuse. La compassion véhicule ce virus honteux.
L’humanité, c’est prouvé, est un antibiotique inefficace. Ne les regardez pas. Ne leur souriez pas. Ils
ont choisi leur situation, sur catalogue, à l’approche des fêtes. C’est leur choix, leur fardeau, pas le
vôtre.
Avec cette adresse directe, vous fais-je la morale ? Qui suis-je, pour cela ? Moi qui ai toujours
souhaité que Noël soit l’occasion d’une retraite, de réflexion plus que de consommation, qui suis-je
pour songer que 10 centimes ne manqueront à presque personne dans ce wagon ? 10 malheureux
centimes, ça n’est pas le prix d’un sourire. L’humanité et le partage ont coûté bien plus, ces dernières
décennies – la taxe a été prélevée en sang. Aujourd’hui, c’est un bien que je croyais commun.
Suis-je un idéaliste ? Peut-être. Me suis-je dédouané en versant une obole ? Non, car la
compassion est une forme de douleur, n’en doutons pas.
Sincèrement… J’ai honte pour vos prophètes, eux qui prêchaient la solidarité.
Allez, à une autre fois, dans un autre wagon, en espérant mieux qu’une prière muette.
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