29 juillet 1916,
Ma chère Blanche,
C’est un beau jour pour mourir.
Le soleil brille, les oiseaux volent dans le ciel bleu et d’étranges
petites fleurs rouges poussent au bord de notre tranchée. Du moins, celle
qui nous sert de base provisoire depuis dix jours. Le colonel a ordonné un
assaut. J’ai tenté de m’y opposer, mais il n’a rien voulu entendre.
Apparemment, les ordres viennent d’en haut. L’attaque fait partie d’une
stratégie à grande échelle imaginée par nos généraux, qui espèrent une fois
encore repousser les Allemands et leur prendre du terrain, mais ne réussiront
qu’à mener les hommes au massacre pour quelques tranchées ou un cratère d’obus.
C’est l’enfer, ici. Pire encore que ce que nous avons vécu cet hiver ; les
soldats meurent par centaines, par milliers, fauchés par les mitrailleuses et
les obus, asphyxiés ou transpercés par les baïonnettes, tirés comme du gibier
par des tireurs embusqués. Et quand ils survivent, ce sont d’autres ennemis,
tétanos, dysenterie, syphilis, gangrène, qui ont raison d’eux.
Nous rendons œil pour œil, mais nos rangs sont décimés et les renforts
tardent à nous rejoindre. J’en ai l’intuition, ma chère Blanche, je ne
survivrai pas...
Pétition pour réhabiliter les fusillés de la Grande Guerre : ici.
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