Nous nous sommes beaucoup interrogés, Fabien Clavel, Camille Brissot et moi, pour savoir quel genre d'extrait vous proposer, pour cette nouvelle incursion commune dans nos romans. Finalement, ce sera une surprise! La mienne risque de faire un peu polémique, mais tant pis. Moi, j'aime bien, cette "néo-tradition" débile. Et puis, ici, elle est annonciatrice d'orage...
—
C’était bien, Bologne ? me demande-t-elle lorsque nous quittons le hall
encombré.
—
Sans toi, c’était long.
Elle
ne répond pas, m’entraîne vers le C2, l’un des bus électriques qui conduisent
vers le centre-ville. Nous grimpons, trouvons une place au fond du véhicule. Je
passe le bras autour de son cou ; elle se raidit, au début, puis se laisse
aller contre moi. Cette réserve m’inquiète. Je devrais lui en parler, n’ose
pas. Alors je me tais, je regarde les vieux palais, les églises, les rues
bondées de touristes. Quand nous passons à proximité du Ponte Vecchio, je me
rappelle soudain la tradition des amoureux. Jamais nous n’avons pris le temps
d’y obéir ; il me paraît soudain urgent de le faire.
Je
me lève.
—
Viens, on descend.
—
Pourquoi ?
—
Tu verras bien !
Une
minute plus tard, nous sommes dehors, sous les doux rayons du soleil matinal et
marchons vers le pont. Ici, bien sûr que je ne trouverai que des joailleries et
des échoppes de souvenirs, mais il y a, sur l’autre rive, quelques
quincailleries. J’en aperçois une, située à côté d’un café. J’installe Violetta
à la terrasse, étouffant ses questions d’un baiser.
—
Prends-toi ce que tu veux, moi je veux bien un cappuccino et une
ciambella : je n’ai pas vraiment pris de petit-déjeuner ce matin.
Je
m’engouffre dans la boutique. L’homme qui me reçoit derrière son comptoir,
cheveux blancs, moustaches hirsutes et tablier de cuir, ressemble comme deux
gouttes d’eau à Gepetto, le « père » de Pinocchio. Son regard brun
s’éclaire quand je lui explique ce que je veux. Il me propose aussitôt une
douzaine de cadenas ; tailles différentes, couleurs différentes, certains
en métal, d’autres rouge, orange, vert, jaune, bleu ou rose. J’hésite, j’en
chois finalement un cuivré : il me paraît plus solide, plus authentique
que les autres.
—
Revenez dans un quart d’heure, me propose-t-il. Ce sera fait.
Je
rejoins Violetta. Un paquet de gianduiotti ouvert sur la table, elle pianote un message sur son téléphone
portable, sourcils froncés. Sursaute, comme prise en faute, lorsque je m’assois
en face d’elle.
—
C’était qui ?
—
Personne d’important.
Elle me sourit, mais je lis une étrange tristesse
dans son regard. Vous avez aimé ? Alors, n'hésitez pas à cliquer sur le lien qui mène vers le choix de Fabien Clavel, et par ici, laissez-vous porter par la plume de Camille Brissot!
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