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jeudi 23 décembre 2010

Der des ders de l'année : wikileaks

Extraits du génial article de Médiapart "Nous sommes tous des wikileaks"...

A propos du jeune soldat "source de Wikileaks" et emprisonné en Virginie : 
Si, d'aventure, il s'avère que le soldat Manning est bien à l'origine de tous les scoops qui, en un an, ont fait la célébrité universelle de WikiLeaks – vidéo d'une bavure en Irak (« Collateral Murder »), rapports sur la guerre en Afghanistan, puis en Irak, et, maintenant, télégrammes diplomatiques –, ce sont ses motivations qui importent. A en croire ses courriels cités par la presse américaine et récemment cités par Le Nouvel Observateur (uniquement dans l'édition imprimée), ses agissements sont totalement désintéressés et profondément motivés par le choc ressenti en découvrant les mensonges proférés et les crimes commis au nom de son propre pays. « J'ai réalisé que j'étais résolument contre ce système auquel je prenais une part active », écrit-il, ajoutant : « Suis-je juste naïf, jeune et stupide ? Je ne crois plus qu'il y ait des gentils contre des méchants. Nous sommes mieux par certains côtés. Plus subtils, nous utilisons plus de mots et de techniques juridiques pour tout légitimer... mais il ne suffit pas d'être subtil pour avoir raison. »
Si, comme Ellsberg hier, Manning est la source de WikiLeaks, c'est un parfait lanceur d'alertes qui doit être défendu et soutenu comme tel : un citoyen qui fait son devoir en alertant le peuple sur des actes illégitimes commis par son propre gouvernement. « Quel est ton but ? » lui demande le hacker qui le dénoncera, lors de leurs échanges électroniques de mai 2010. La réponse du soldat Manning est d'un idéalisme aussi sincère que louable : « Avec un peu de chance, un débat mondial et des réformes. Si rien ne se passe, ça veut dire que l'homme est maudit en tant qu'espèce... Mais je veux continuer à croire à la société... Je veux que les gens voient la vérité... » Quant aux informations révélées, ajoutait-il, « elles appartiennent au public. C'est pour cela que je l'ai fait. Je suis aussi fou que cela. Je ne suis pas un sale espion qui collecte des renseignements... »

De La Boétie à Lu Xiaobo :
Dans son texte programmatique de 2006, déjà cité, Julian Assange inscrit sa démarche dans cette longue tradition de refus des servitudes volontaires qu'a inaugurée, en 1549, le fameux traité d'Etienne de la Boétie, le grand ami de Montaigne. « Chaque fois que nous assistons à un acte que nous estimons être injuste et que nous n'agissons pas, nous nous faisons les partisans de l'injustice, écrivait le fondateur de WikiLeaks. Ceux qui restent de façon répétée passifs face à l'injustice voient bientôt leur caractère se corrompre dans la servilité. »
Idéal de la responsabilité démocratique auquel fait écho l'engagement payé au prix fort de Liu Xiaobo, le récent prix Nobel de la Paix qui n'a cessé de répéter à ses compatriotes chinois que la démocratie, c'était d'abord leur affaire : « Une participation volontaire à la vie politique de la société et un partage conscient des responsabilités s'imposent comme les devoirs sacrés de tout citoyen. Les Chinois doivent comprendre qu'en démocratie, on est avant tout un citoyen et seulement ensuite un étudiant, un professeur, un ouvrier, un cadre ou un soldat. » Très logiquement, la Charte 08 qui lui vaut son emprisonnement pour onze ans demande, entre autres ruptures démocratiques, l'abolition de « toutes les restrictions politiques imposées à la presse » et la suppression du crime d'« incitation à la subversion contre le pouvoir de l'Etat ». « Nous devons cesser de considérer les mots comme des crimes », conclut-elle.

L'intégralité de l'article, soutien intelligent comme toujours à cette formidable source  aujourd'hui en danger, peut se consulter sur ce lien. Et pour faire un tour - en VO - vers la source en question : c'est par là.


1 commentaire:

  1. L'artcile d'Edwy Plenel : http://www.mediapart.fr/club/blog/edwy-plenel/241210/en-defense-dinternet-et-de-wikileaks-1-nous-autres-barbares

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