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dimanche 5 février 2012

La Roue de la fortune

Cela faisait quelque temps que je n'avais pas fait de billet "sérieux" ou "perso" (ou les deux). Je continue donc mon tour des tarots avec la dixième Lame, la Roue de la Fortune. Destin, choix, bonne ou mauvaise fortune, retournements de situations : l'arcane est fantasque et les bêtes qui correspondent à cette roue, le chien, le singe et le sphinx marquent l'hybridation, le changement, l'ascendance et la décadence... Tout un programme. Je voudrai, moi, m'attarder sur la question du choix. Je me suis acheté dans l'excellente librairie Violette & co un essai sur les femmes intitulé L’Étude et le rouet (M. Le Doeuff). Oui, le rouet... C'est un essai féministe et philosophique, pour l'instant très drôle et très percutant, et qui m'a fait prendre conscience de différentes choses, évidentes pour certain(e)s, mais qui jusqu'à présent ne m'avaient pas particulièrement frappée. Ou pas assez. La philosophie est un milieu d'hommes, un milieu misogyne et intolérant - le comble pour un domaine censément synonyme d'intelligence, d'ouverture d'esprit et de pensée. Mais voilà, de Platon à Schopenhauer, en passant par l'ineffable Kant ou Auguste comte, les femmes subissent un nombre incalculable de phrases toutes faites et de grandes vérités qui feraient se retourner Descartes dans sa tombe. M. Le Doeuff de constater : pour une femme, être philosophe (devenir philosophe), c'est à peu près aussi difficile que l’ascension du Kilimandjaro, simplement parce que leurs pairs, souvent mâles, parfois femelles (simples commentatrices et historiennes de la philosophie, elles restent à leur place) lui mettent des bâtons dans les roues, la rouent de coups et font assaut de coups bas. Quant à être philosophe et féministe... Le Kilimandjaro se transforme en face nord de l'Everest. Bref, elle constatait que nombre d'entre elles abandonnent en cours de route. Et là, je me dis "merde, elle a raison." J'ai laissé tomber, d'une certaine manière. Je n'ai aps passé les concours ni chercher plus que ça à passer une habilitation ou à me qualifier comme maître de conf, etc. Non. J'ai enseignouné deux ans à côté de l'écriture, j'ai participé à des colloques, au CERLI et à Modernités médiévales, puis je suis devenue écrivaine professionnelle et j'ai jeté l'éponge. Je ne crois pas que cela soit si radical que cela, d'ailleurs : mes romans demeurent pour moi une manière de philosopher, de tenter de répondre aux mêmes questions qui me turlupinaient déjà dans ma thèse : qui suis-je ? Qui est-l'autre ? Peut-on ou doit-on tenter de définir l'humain ? Je n'ai pas cessé de faire de la philosophie, je m'y prends autrement, par des chemins de traverses... mais je ne suis pas philosophe au sens universitaire du terme. Je n'avais pas les armes, à l'époque. Aujourd'hui, pour plein de raisons, je les ai plus mais je n'en ai pas envie. Destin, roue de la fortune... Lucidité aussi. parce que quand Nietzsche écrivait que les philosophes étaient déjà morts, étaient de l'anti-vie, il ne se trompait pas tant que ça. Pas sur tous et en tous cas sur aucun de ces qui se prétendent penseurs et ne sont finalement que des machines cyniques et vides de sens... A suivre, avec la onzième arcane : La Force.

2 commentaires:

  1. n'est on pas tous un peu philosophe ? Et puis il ne faut pas te plaindre non plus , c'est de LA philosophie. En terme quin'a pas été masculinisé, donc c'estd éjjà ça :)

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  2. A se demander, d'ailleurs, ce que la philosophie a perdu en crédibilité, en découverte (de l'autre, de soi, peut-être...) et en profondeur à refuser... à réfuter sa part de féminité, qui est aussi celle de l'humanité.
    Et puis, oui, philosopher, c'est un acte de chaque instant, de chaque question, alors pourquoi chercher une chaire quand pour tribune on a le monde, on a soi, on a son voisin avec qui le refaire, ce monde ?

    En attendant le XI ^_^ (Signé: Lace')

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