Derniers articles

mercredi 23 décembre 2015

Auteure associée, c'est parti!

Nouvelle du soir... La naissance d'un nouveau blog : Contes de Shâhra
Pourquoi ? Parce que j'ai la chance de bénéficier d'une résidence  établie en partenariat avec le festival des Imaginales d’Épinal,  dans le cadre d'un dispositif qui s'inscrit dans une démarche inédite initiée par la DRAC Lorraine, la Région Lorraine et le CNL.  
Donc, oui, l'année 2016 sera celle de l'écriture d'un roman de fantasy.Un retour, après la géniale expérience de Jadis!
Je ne vous en dis pas plus et vous propose de cliquez sur le lien ci-dessus...

mercredi 16 décembre 2015

Bancale!

J'avais préparé une sorte de billet slamé sur l'actualité. un truc qui expliquait pourquoi, en ce moment, je ne dis pas grand-chose - sur la haine, le FN, le monde, tout ça. Sauf que... Je ne sais pas, mais je crois que j'en ai un peu marre, là. Alors, histoire de faire un peu de positif, en tous cas du positif pour moi, quelques réflexions équines, ça faisait longtemps. 
Plus je côtoie les chevaux, plus j'apprends - sur eux et sur moi. 
 Je l'ai déjà dit, je le redis, impossible de monter sans amour - sans écoute de l'autre, cet autre qu'est le cheval. Impossible de monter sans volonté de partage, sans concession, sans apprentissage d'un langage différent. Un langage qui va dans les deux sens. Parce que les chevaux sont des êtres vivants, avec leurs humeurs, leur singularité",parce qu'ils sont intelligents, extrêmement sensibles et qu'ils font aussi pas mal d'efforts de leur côté. 
Bref. Pourquoi ces remarques ? Parce que cela fait plusieurs fois que je lis des articles sur les signes de mal-être ou de souffrance chez les chevaux, hélas souvent mal interprétés - mauvaise volonté, agressivité, défenses, etc. le souci, c'est qu'on - on, cavaliers en général - entre une intuition qui nous souffle que notre monture/ami/compagnon de route a peut-être un souci de santé, notre frustration de ne pas être accueillis et obéis comme il se doit (ou comme nous pensons qu'on doit l'être) et par les divers éléments extérieurs. L'exercice est difficile quand on n'est pas sûr de soi, quand on culpabilise pour tout, ou qu'on a du mal à trouver la juste mesure entre le trop (d'autorité, de dominance) et le pas assez (désolé d'exister... ).
Vu que les chevaux sont des éponges, encaissent - plus ou moins bien (merci, Keyrann, d'être le roc équin sur lequel je m'appuie) - vos humeurs, vos raideurs, vos faiblesses, la moindre des politesses est de lui rendre la pareille. Autrement dit, de faire l'effort de comprendre ce qu'il dit - à sa manière :  il peut s'agir d'envies "là, une balade, franchement, bof... tu préférerais pas une séance en liberté ?" ou "et si on allait plus loin, et plus vite, tant qu'à faire?", d'affinités ou non avec une discipline - pourquoi forcer un cheval d'obstacle à faire du dressage (et vice-versa), un cheval d'extérieur à tourner dans un manège, etc. Objectivement, si on se met à leur place... J'ai détesté la danse classique et j'aurais été très malheureuse si on m'avait obligée à poursuivre - juste parce que mes parents, ou X, en auraient décidé ainsi... "parce que".
il peut aussi s'agir de douleurs : mal aux dents (ce qui explique pourquoi un cheval refuse le mors), au dos, aux muscles, fatigué, etc. tous n'ont pas la même capacité d'encaissement où simplement, à se faire comprendre. Mais un cheval qui dit "non", se raidit quand on l'approche, le brosse, le selle, présente des signes d'angoisse, ne le fait pas par caprice. Mais parce qu'il a les boules et ne sait pas comment le montrer sans brutalité... S'il se cabre, mord, etc. C'est qu'il estime ne pas avoir été assdez clair, ou qu'on s'est montré particulièrement obtus.
Pour clore ce petit billet, deux articles glanés sur le net.
Le premier parle de dorsalgies... Il est à découvrir ici.
Le second, qui a inspiré le non de cet article, est . Parce qu'on n'est que rarement en parfait équilibre à cheval. Parce que - on se crispe, on penche d'un côté ou de l'autre, on oublie de respirer, on ne monte pas assez avec - nos problèmes physiques se répercutent sur leur corps. Et c'est aussi à nous de nouscorriger...

mercredi 2 décembre 2015

Salon de Montreuil

J'avais deux interventions prévues au Salon du livre jeunesse de Montreuil demain. Les femmes à la barre, et une discussion autour de la collection in love. les deux ont été annulées. Les femmes à la barre sera cependant remplacé pour une intervention dans un collège de Nogent le matin. Mes horaires de signature sur le salon :

Stand Rageot
Vendredi 4 décembre :
10h – 12h30 : en compagnie de Pascale Perrier

Stand Gulf Stream
Salmedi 5 décembre :
10H30-12H30 : en compagnie de Stéphanie Rubini (et un peu de françoise Grard)
16H30-18H : en compagnie de Jérôme Noirez

Je serai cet après-midi au Salon du cheval pour dédicacer Mon cheval, mon espoir


mercredi 25 novembre 2015

Rencontres

Cet automne, c'était marathon salons. Avec des hauts et des bas. Des hôtels parfois pourris (option trains qui passent, chambre qui pue, petit dej en cantine surpeuplée...), qui évoquent un peu les expériences décrites par Colette dans Vagabonde, parfois sympa, avec baignoire en option. une organisation plus ou moins au point., plus ou moins chaleureuse Mais il y a eu une constante : les rencontres scolaires, effectuées du collège au lycée. 




Toujours enrichissantes, et bien préparées. je ne le répèterai jamais assez, les adolescents sont bien plus ouverts, plus matures et plus intéressants que certains fâcheux veulent le faire croire. 


Cet automne, la plupart des élèves que j'ai rencontrés ont étudié Saison rouge. Ils ont aimé le texte, mais l'absence de fin les a déroutés. Alors, ils en ont imaginé, chacun à leur façon... 

Parce que tous m'ont posé la question, voici quelques éléments. [attention, spoilers]
Si Kenza survit, il y a fort à parier qu'elle soit prise en charge par une association ou un foyer d'accueil pour femmes en difficulté (liens SOS femmes). la principale difficulté, pour Kenza, est qu'elle ne parle pas très bien français et n'a pas ses papiers sur elle. Mais il y a fort à parier que son histoire intéresse des ONG qui luttent contre l'esclavage domestique. Comme Plan. Aucun hôpital, aucun médecin, ne la renverrait dans sa "famille". Il existe des lois, en France, pour protéger les femmes victimes de violences... En revanche, au vu des politiques actuelles relatives aux demandeurs d'asile et aux migrants, il y a fort à parier qu'elle reçoive une OQTF, émise par un préfet en mal de statistiques. mouloud et ses parents risquent amendes et prison.  

 J'ai aussi eu droit à de super accueils, avec vitrines et tout, des goûters (non, je n'ai pas grossi...), de très bon moments avec les équipes pédagogiques, et des cadeaux : masques, livres d'or. 




 

A tous, merci beaucoup pour ces moments de partage et d'échange!

lundi 16 novembre 2015

trois jours plus tard


Je voulais écrire un poème, texte, slam, aujourd'hui. Un truc fort, alerte à la haine, à la méfiance, coup de gueule contre les politiques qui attisent la méfiance et les abrutis de tous poils qui appellent à chasser les réfugiés alors qu'ils fuient ceux qui nous agressent, rétablir la peine de mort pour des kamikaze et bousiller la démocratie (faisant, au passage, exactement le jeu des terroristes).... Mais en fait, non.A midi, j'irai devant la mairie faire une minute de silence. Je pense que pendant quelques nuits, il y aura une petite bougie qui brûlera pour Paris, Beyrouth, mais aussi toutes les victimes de de Daech, de leur folie. 

FAITES L'AMOUR, PAS LA HAINE


lundi 9 novembre 2015

Retour sur un rêve, et pot-pourri (2)

Vendredi dernier, en prélude à la foire du livre de Brive, où j'étais invitée, j'ai eu l'occasion de rencontrer des classes de 4ème autour de Si j'étais un rêve. Parmi les principaux thèmes abordés, l'identité et le genre. Comment devenir soi-même quand on ne naît pas dans le bon corps ? Parmi les élèves, il y a eu quelques gênes, mais surtout énormément de questions. Et bien moins de l'ordre du "c'est pas normal" (j'ai eu des "c'est bizarre" en remarques, mais c'est tout) que du : "j'ai une copine qui sort avec une fille, mais elle dit qu'elle est un garçon du coup elle est quoi ?"  






Une fois encore, je suis heureuse de constater à quel point les adolescents sont bien plus ouverts et bien plus matures que l'on pense généralement. Au lieu de les tirer vers le bas, des textes qui font réfléchir, même "un peu difficiles", c'est beaucoup plus constructif. La preuve ? Une jeune fille de SEGPA m'a dit, à la fin de la rencontre de vendredi matin, que c'était le premier livre qu'elle terminait de sa vie. de quoi embellir ma journée. 

Et pour terminer ce billet, un pot-pourri de citations issues de romansintelligents,sensibles... parce que c'est surtout ça, la littérature jeunesse.

Main dans la main, vie et mort mêlées, Cathy et Jason traversent la ville d'un pas rapide en direction du sud. Ils s'enfoncent dans un sous-bois, trébuchent contre des branches mortes, font s'envoler des oiseaux nocturnes et fuir des lapins et des écureuils. 
Jérôme Noirez, Brainless.

Les journées s'allongeaient doucement, et depuis près d'une semaine le ciel était clair et dégagé, offrant la ville aux doigts glacés des vents. debout sur ce toi, au-dessus de la ville qui plongeait peu à peu dans la nuit, Anna ressemblait à l'un de ces fantômes qui peuplent les légendes de Crossswind.
 Camille Brissot, Le vent te prendra

 Il sent sur son cou la main de son grand-père, et respire un peu plus vite, un peu plus fort.
 - Je perds ma vie, la mémoire. Et ce garçon, assis là, il tente de réveiller ce qui dort. des souvenirs enfouis. C'est pas beau, ça ? 
Séverine Vidal, Quelqu'un qu'on aime

Sonia s'enroule sous sa couette, comme pour se former un cocon protecteur. elle palce ses mains sous sa joue, puis des pensées négatives frôlent sa conscience, la harcèlent. Il y a ce mensonge. Ce mensonge qui lui pèse depuis un an. 
Samantha Bailly, Nos âmes jumelles


vendredi 23 octobre 2015

Equitation et sexisme

... et beaucoup d'éléments en "isme", aussi : spécisme, kantisme, extrémisme...  Bon, c'était quoi le titre ? Le sexisme, d'accord. C'est parti!
Donc. L'équitation a une longue tradition sexiste. 
Depuis toute petite, j'entends des conneries sur les cavalières "trop chochottes", "trop sentimentales", de la part de certains gros lourds qui sont persuadés qu'en maltraitant leur entier, ils prouveront que ce sont des hommes, des vrais, estiment normal de mater les fesses des clientes ou de les traiter en "proies" (je reste vague, exprès, vous noterez), avec vannes débiles et rapports de force ad nauseam en plus.
Et je ne vous parle même pas des "vrais cavaliers", forcément des hommes, etc. etc. (JPD, cf. suite du billet ci-dessous, n'a rien inventé en la matière, il se contente de reprendre des discours discriminatoires et de leur donner une vague teinte scientifique)

Alors : suite au scandale de l'abattoir d'Alès (je ne vous montre pas la vidéo, vous êtes grands, vous tapez "vidéo abattoir Alès" sur google et vous avez tout ce qu'il vous faut), j'ai eu connaissance de plusieurs rapports de chercheurs - Jean-Pierre Digart et sa disciple Catherine Tourre-Malen, qui m'ont d'abord mise en colère, avant de me faire marrer...
A en croire le premier, quand l'amour (féminin) remplace le respect (masculin), tout va mal. Vision bien kantienne et bien limitée, vous me l'accorderez... Car il ne peut y avoir amour sans respect, sinon, c'est du désir (dans le meilleur des cas) ou de l'envie (beurk).
(Dites, je peux faire une digression, là ? Oui ? ben je trouve qu'il a une conception de l'amour qui fait froid dans le dos, moi. Ça pue le pervers narcissique, non ? )
 Pour la seconde, la féminisation de l'équitation et l'incitation au maternage du cheval, "ce bel indifférent" (la disciple du monsieur a été monitrice, ce qui est censé lui conférer une espèce de légitimité en la matière...) et mènera à terme à la disparition de l'équitation et des équidés, rien que ça.

Au passage, le premier regrette la "sous-utilisation du cheval" en équitation de loisir (en parcourant son papier, j'ai eu l'impression de revenir 20 ans en arrière, avant le développement du tourisme équestre, avec d'un côté les "vrais" cavaliers et de l'autre les "couillons" qui se font trimballer de chemin en plage sur leurs monture... ) 
(un jour, monsieur JPD,,quand je serai riche et célèbre, je vous offrirai une rando à cheval. Je vous offrirai aussi les œuvres complètes de Vinciane Desprets( ici) )

... et les réactions des associations, magazines et autres qui s'insurgent contre les abus à l'encontre des chevaux de sport. Vive les barres fixes et le rollkür, hein ?  Ah au fait...

Sans grâce, il n'y a pas d'équitation fine, et sans finesse, on ne peut pas songer à l'Art. La dureté, la force, c'est l'apanage des médiocres, qui ne sauraient jamais être vrais. 
Nuno Oliveira*. 
Oups, hein ?
L'autre regrette que les cavalières en soient réduites à materner leurs montures avec le temps passé à les panser et la recherche du plaisir et de la sécurité avant tout (Monitrice, vraiment ? Il y a 30 ans peut-être...) Autant pour mes amis cavaliERS, qui aiment passer du temps à brosser et gratouiller leurs chevaux. Bref. Je ne suis pas là pour paraphraser tout ça, d'autant que vous êtes grands, vous pouvez lire si ça vous chante, mais pour poser une autre question... *


Pourquoi, au lieu de s'attaquer aux femmes, ne pas s'interroger sur les dérives du genre ? 
Je vous explique : la relation homme-cheval ou femme-cheval, l'aspect fusionnel, passionnel, dévorant, existe, a toujours existé n'en déplaise à nos deux  spécistes. Bucéphale et Alexandre. Euclides et Nuno Oliveira. Bartabas (à qui on ne saurait reprocher d'être gnangnan) et Zingaro. oui ce ne sont que des mâles, mais c'est exprès. Des fois qu'on me traite de sentimentale cucul...
L'équitation respectueuse des chevaux, où sont privilégiées l'harmonie du couple cavalier-cheval (c'est la base quand même...) et le respect (pas de respect sans amour...) est une véritable avancée. 
Ce qui est en revanche très pénible, c'est la genrisation des produits dérivés. Et c'est sur ce sujet qu'un travail anthropologique pourrait être effectué - et serait autrement plus pertinent que des pamphlets condescendants et contradictoires sur la "nouvelle "équitation. Mais plus dangereux, aussi. Plus dangereux, parce qu'il mettrait certainement en cause un immense pan de l'économie moderne qui justement s'appuie sur le genre pour exister.



Cure-pieds à paillettes (perso, j'adore). Licols multicolores (éthologiques ou pas). Brosses de massage (Assarabe vous dit merci). Tapis de selle et bombe assorties. Littérature... à l'eau de rose. Là, ça me fait un peu moins kiffer tout de suite, mais on rentre véritablement dans le vif du sujet. Pour une vraie fan de littérature équestre, ça pique les yeux quand les trois-quarts des romans sur les chevaux se réduisent à du crêpage de chignon sur fond de compétition de CSO. Mais au lieu d'incriminer les lectrices ou les filles, peut-être faut-il se poser la question du marketing, non ? Entre nous, la différence entre un cure-pieds noir et un cure-pied rose, c'est quoi ? Quelques centimes d'euro en plus côté "fille", comme pour les stylos Bic "Crystal"! Pourquoi les maisons d'édition, et j'en sais quelque chose, s'acharnent-elles à produire en série - surtout au moment des fêtes - des livres rose et strass pour les filles, des livres bleus et pirates pour les garçons, des princesses à poney d'un côté, des cavaliers des steppes de l'autre ? 



Ainsi, si l'équitation est en majorité féminine (cf. chiffres de licencié(e)es FFE), elle est également toujours aussi sexiste. Sexiste, pour toutes les raisons susmentionnées. Tradition sportive machiste. Discours méprisants et haineux.Matraquage marketing indécent (grâce auquel, rassurez-vous madame la scientifique, les équidés ont encore de beaux jours devant eux... tant qu'il y a du rose, il y a de l'espoir). 
Sexiste, également, pour une dernière raison, peut-être. Je ne m'y connais pas très bien en sport, mais vachement plus en art. Depuis 2010 - et je ne remercierai jamais assez Paola Grieco de m'avoir mise sur les rails - et Précieuses, pas ridicules! , je m'intéresse aux femmes artistes, et plus précisément, à la façon dont elles ont été et sont encore minorées et/ou exclues. Des peintres "académiques (bah, caca)" aux compositrices oubliées, en passant par les autrices "mineures", les femmes-ont été largement occultées dans l'histoire des arts... une femme est à pour accoucher, interpréter, mais pas créer, vous comprenez. 
"On a tendance, de nos jours, à oublier que l'équitation est un art, écrivait Nuno Oliveira,. Or, l'art n'existe pas sans amour." Je me demande s'il n'y a pas là, dans cette notion d'art, une explication supplémentaire au sexisme qui règne dans le monde du cheval... 

Sur ce, je vous laisse. J'ai un nouveau cure-pied rose bonbnon à tester. 

* Nuno Oliveira est le plus grand maître équestre du XXème siècle

mardi 13 octobre 2015

Jeu littéraire, joyaux littéraires

Je souhaite vous faire partager quelques extraits de romans qui m'ont particulièrement marquée, lorsque je les ai lus. Pour leur style, pour leur contenu, leur humanité, les questions qu'ils posent. Mon choix est loin d'être exhaustif, c'est une question de place surtout. Ce ne sont pas quelques perles isolées dans une nasse de gris. Ce sont des éclats, épars, dans une mer de belle littérature. A vous de trouver d'où ce florilège est tiré...

 Le sol était dur comme la pierre. il n'a pas plu depuis des lustres. J'ai creusé comme j'ai pu, jusqu'à en avoir mal aux mains, puis j'ai tiré le corps dans le trou à la clarté de la lune.
Il affleurait à la surface du sol. Ce n'était pas assez profond, mais je ne pouvais pas davantage. Avant de le recouvrir de terre et de grosses pierres que les sangliers et les lynx ne pourraient pas déplacer, j'aurais voulu voir son visage une dernière fois. Mais sous le foulard bruni, ce n'était plus un visage. Alors, je me suis allongée sur la terre remuée et j'ai posé ma tête sur la poitrine inerte. Un souffle d'air remuait les feuilles des chênes verts et, de temps en temps, le cri d'une hulotte transperçait l'odeur de la terre. 

Il y a des choses que tu sais ne pas être pour toi. Tu ne sentiras jamais le frisson sur la peau de quelqu'un grisé par ta main. Tu ne devineras pas sa timidité en sentant sa paume devenir moite contre la tienne. tu ne pourras jamais vivre ton premier baiser parce qu'il serait fatalement le dernier pour l'être aimé. Tu ne connaîtras pas les plaisirs de la chair puisque cela ferait de toi un assassin.

- Gamin capricieux ?! on est baisés si on reste ici, Ban! A la merci de ceux qui pensent à notre place et qui veulent nous écraser la gueule! Je te parle pas d'aller se la couler douce dans les îles, mais de tenir les rênes de ton existence, et d'apprendre à vivre autrement.
- Marius, je peux pas!  J'ai des responsabilités! c'est un truc que j'ai mis un bout de temps à comprendre, et c'est rentré, crois-moi! tu as sûrement le droit d'être en colère contre ton père, mais regarde aussi comment il a trimé pour t'élever, regarde sa détermination à croire en vous... Et regarde le mien : c'est peut-être un beauf, mais il connaît la valeur du travail, de la vie! je vais pas tout faire exploser pour partir dcouvrir le monde!

 Dès qu'elle avait entendu l'écho du galop, bien avant d'apercevoir le cavalier, son coeur s'était emballé. Arthur avait fondu sur elle pour faire piler l'animal au dernier moment, dans un tourbillon de poussière ponctué d'un hennissement quelque peu effrayant. Il avait mis pied à terre et s'était incliné devant elle en bafouillant qu'il passait là par hasard en se rendant chez des amis à Kilmaine. Puis il lui avait posé toutes sortes de questions sur sa vie à Ballinrobe. Ses maîtres étaient-ils genisl avec elle ? Ne trouvait-elle pas pénible d'obéir du matin au soir ?

Au nord, il y a un petit ru. Au printemps, il chante. En hiver, il reflète la lumière du soleil couchant. Ne manque as ces moments. Ils sont importants. Ils ont autant de valeur que la musique que tu écoutes pour te protéger du monde. Mais ici, tu n'as pas besoin de casque. C’est différent. Ouvre tes oreilles, mon garçon, tu entendras peut-être le son de la neige. Au début, on n'y fait pas attention, puis doucement, elle parle. un craquement, une plaque de glace qui se fissure. un amalgame blanc qui se détache d'un arbre. Le pas d'un animal qui s'enfonce dans sa carapace gelée. [...] Tu es gêné. Je te vois sourire. Rassure -toi. Ici, personne ne se moque de qui s'adresse à la nature. Car elle est tout. Car elle est ta force. 

En maternelle, Malo était mon meilleur ami. A l’époque il n'était ni bête ni méchant. On rigolait bien. On se fabriquait des crottes de nez en pâte à modeler. On s'invitait à jouer chez l'un, chez l'autre. on prenait des bains ensemble, on faisait des batailles d'eau et on se donnait des claques de gants de toilette. Ensuite, on s'est retrouvés dans la même primaire, et on a continué à venir goûter l'un chez l'autre et à jouer à Mario Kart. c'est le CM2 qui nous a un peu séparés. Il a trouvé des potes qui lui on dit, Tain, Malo, ta copine Mireille, c'est un gros thon. Elle est moche comme son cul. Peu à peu il s'est dit, Tain mais c'est la vérité, j'ai pris des bains avec un gros thon, j'ai donné des claques de gants de toilette à une fille moche comme un cul. Et au collège, c'était plié.

La mer avait retrouvé son aspect normal. Celui d'un immense lac parfaitement paisible qui, en d'autres circonstances, aurait suscité le rêve et l'espoir des naufragés. Le ciel aussi devenait plus clément. la pluie avait cessé. par endroits, les nuages se déchiraient pour laisser apparaître les étoiles. 
A présent, les survivants dérivaient dans une direction inconnue. Seul le clapotis des vagues contre l'épave troublait le silence saisissant de l'immensité qui les entourait. dans l'obscurité, Sam évalua le nombre de rescapés sur la coque à une trentaine. Ils devaient être autant dans l'eau, accrochés pour ne pas couler.  [...] Était-ce là le tribut à payer pour entrouvrir les portes de l'Europe ?  

- Doucement. 
Le mot, soufflé dans sa nuque, le paralysa de terreur. La mémoire lui revenait, des souvenirs flous mais vivants [...] Saisi d'une terrible certitude, le jeune homme sut soudain qui se tenait dans son dos. Qui l'avait nourri et avait étanché sa soif. Qui l'entourait de ses bras dans une étreinte jalouse. Qui se réjouissait des battements de son cœur affolés. 
 Au prix d'un terrible effort, il tourna la tête vers la gauche. Il se mordit les lèvres pour ne point hurler quand il croisa les prunelles de nuit du Chasseur. 



... et de choisir, à votre tour, d'autres joyaux littéraires - ils sont nombreux - dans un genre que trop souvent, vous mésestimez.

L'étoile noire, L. Bathelot ; Apocalypsis, E. Esseriam ; Les géants, B. Minville ; L'Anneau de Claddagh, B. Nicodème ; Coeur sauvage, F. Fernandez ; Les Petites reines, C. Beauvais ; La Traversée, J-C Tixier, Les Outrepasseurs, C. van Wilder.

mercredi 7 octobre 2015

Un an

Cela fait aujourd'hui un an que Keyrann, Assarabe et Dîn sont arrivés en France. Cela n'a pas toujours été facile pour eux comme pour moi. Mais nous avons réussi à surmonter tout cela grâce à mes proches, à des amis géniaux et de belles rencontres (je ne vais pas citer tout le monde, hein, vous le savez...). Aujourd'hui, mes trois loulous sont heureux : pré, paddock, câlins et copains. 
Les photos ci-dessous ont été prises par mon amie Sylvie Allouche, autrice et photographe talentueuse. Coïncidence, je l'ai rencontrée à Pau, lors du salon Un aller-retour dans le noir, deux jours avant leur arrivée en France. 

Keyrann, les fers et moi


Dîn entre deux bisous


I LOVE YOU

Assarabe : un reculer parfait


lundi 5 octobre 2015

INVISIBLE

Quatrième et dernier opus de notre photo de classe en roman graphique, Invisible sort le 22 octobre prochain aux éditions Gulf Stream.
Le problème des souvenirs de collège et de lycée, et même de mes TRÈS brèves années d'enseignement, c'est qu'une fois que cela remonte, c'est un peu comme un flot continu, une fuite d'eau impossible à colmater. 
L'idée de cette histoire, comme les autres, est née de souvenirs de collège et de lycée, ainsi que de discussions autour d'un café avec Stéphanie. 
Des "invisibles", vous en avez côtoyé, même si vous ne vous ne les rappelez pas.  vous étiez peut-être l'un d'eux. L'un de ces ados que l'on ne remarque pas, qui traversent notre scolarité sans que se rappelle d'eux autre chose qu'un vague visage, un pull délavé. Qui sont-ils ? Que cachent-ils derrière leur discrétion absolue ? Certains, rien. Ils ont juste autre chose à faire que se faire des amis au collège. Ils n'en ont pas envie. Ou alors, ils sont trop timides pour oser faire un premier pas.
Cliquez ici!
D'autres ont de bonnes raisons de vouloir s'effacer. Ou de disparaître. 
Marie est l'une de celles-ci.


mardi 29 septembre 2015

Là où tombent les anges... La soirée!

Après le teaser, les lettres, la nouvelle en ligne et les premières chroniques, voici quelques photos (crédit : Sylvie Allouche dont vous avez, j'espère, lu l'excellent Brother) de la soirée de lancement organisée par Gulf Stream le 24 septembre dernier au Delaville Café. Au programme : une lecture musicale, un cocktail et des moments magiques en belle compagnie!



Stéphanie, Fabien, Sarah K.

avec Paola, Camille et Sam

Angela et Paola

avec Jérôme




Tiphaine, Angela, Paola, Jérôme et moi


avec Solène

en noir et blanc, après la lecture, le ponch
Pour terminer, deux chroniques (les dernières en date à ce jour) : l'une est de Mélisande, l'autre de la librairie La Courte échelle.

samedi 26 septembre 2015

Tribune libre : souvenirs d'avant...

Comme vous le savez, sur ce blog, il m'arrive de prêter le clavier à des amis. Aujourd'hui, c'est à "Nina" que je laisse ce petit coin d'espace virtuel. "Nina" qui, à travers un peu d'histoire familiale, rappelle quelques notions de base d'humanité.

Je souhaiterai donner mon point de vue sur la vague d'émotion, un peu tardive à mon avis, concernant tous ces pauvres gens qui n'ont d'autre choix que de fuir leur pays et d'arriver dans des conditions lamentables chez nous ( par chez nous j'entends en Europe) et qui en plus en arrivant se prennent plein de remarques à peine racistes et/ou égoïstes.
Je pense depuis quelques années que ma naissance est un pur miracle quand on s’intéresse à mon histoire familiale.
En effet mes arrières-grands-parents ont fui les pogroms en Pologne, Russie et Lituanie et ont été accueilli en France par la communauté juive ashkénaze à la fin du 19ème siècle. Ils ont fondé ensuite des commerces, nourri honnêtement leurs enfants et payé toutes les taxes jusqu'au dernier centime.
Mes grands-parents maternels se sont rencontrés à Paris dans la cave dans laquelle ils se cachaient quand ils étaient ados. Ils étaient seuls avec un peu de famille éloignées à droite à gauche car leurs parents avaient été déportés. Et je vous épargne les passages dans la douleur de la zone occupée à la zone libre pendant la guerre... Mais ça ne les a pas empêchés de fonder eux aussi leur commerce, de nourrir honnêtement leurs enfants grâce à un coup de pouce de la communauté et payer toutes les taxes jusqu'au dernier centime.
Je vous épargne aussi l'histoire de comment mes parents ont dû insister pour que le service de l'état civil accepte mon prénom et pourquoi ils ont dû choisir un second prénom bien chrétien histoire de faire passer la pilule... et comment la responsable a dit à mes parents que c'était bien malheureux pour la France que je côtoie des petits Mohammed et Carlos à l'école...
Je ne raconte pas l'histoire de ma famille pour vous faire pleurer, mais pour dire que les migrants ne viennent pas chez nous de gaieté de cœur et pas uniquement pour profiter de nos ressources et peuvent très bien s'en sortir s'ils ont a la chance de tomber sur les bonnes personnes.
Donc, si nos chers gouvernements pouvaient arrêter de s’intéresser aux zones de guerre uniquement pour en piller les ressources naturelles et arrêter de jubiler quand ils vendent des armes qui créent de emplois chez nous, mais détruisent la vie d'encore plus de monde ailleurs sur le globe.
Et si chacun de nous pouvait, par exemple, de temps en temps, demander à supprimer certains commentaires racistes on avancerait un petit peu niveau bonne conscience et humanisme^^.
( Je ne demande à personne de se bouger au niveau personnel alors que j'en suis moi-même bien incapable tellement je n'arrive pas à gérer mes émotions quand je vois des pauvres gens comme mes ancêtres. Juste de se souvenir des choses importantes dans la vie et éventuellement donner à des associations si vraiment vous avez des sous en trop. )
"Nina"

samedi 19 septembre 2015

Calendrier des salons

OCTOBRE
2-4 octobre : salon international de géographie, Sain-Dié des Vosges.
10-11 octobre : 25ème heure du livre du Mans.
30 octobre-01novembre : Utopiales



NOVEMBRE
6-8 : foire du livre de Brive
13-15: fête du livre jeunesse de Maubeuge
18-21 novembre : salon du livre de Colmar

DÉCEMBRE
2-7 : salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil (j'y serai les jeudi, vendredi et samedi)
11-12 : KESTULIS, à Carpentras

JANVIER (2016)
14-17 : salon du livre de Péronne


 

vendredi 11 septembre 2015

Mon cheval, mon espoir

Un recueil de neuf récits autour du cheval par plusieurs auteurs jeunesse reconnus. De Pégase au Centaure en passant par les légendes arabes, du récit historique au conte fantastique, le lecteur découvre que l’homme et le cheval vivent une superbe histoire d’amour et d’équilibre…
Les droits d’auteur de ce recueil sont reversés à l’association Cheval-Vie, qui favorise l’équithérapie pour des personnes souffrant de maladies mentales, de handicaps physiques ou sensoriels, ou ayant des difficultés d’insertion sociale.
 Avec des nouvelles de : Anne Percin, Christine Féret-Fleury, Fabien Clavel, Adrien Tomas, Marie Caillet, Victor Dixen, Sylvie Baussier, Anne-Sophie Silvestre et moi-même. 

Voilà, à l'heure où j'écris ce billet de blog, nous sommes à J-5 de la sortie du recueil. Un recueil qui me tient particulièrement à cœur, vous qui me lisez, vous vous en doutez. Je remercie au passage tous les auteurs et amis qui ont participé à Mon cheval, mon espoir, ainsi que Caroline Westberg, qui a soutenu le projet. 
J'ai créé une page Facebook consacrée à Mon cheval, mon espoir, en lien ici
En attendant la sortie du recueil, n'hésitez pas y faire un tour, ainsi qu'à poster photos et témoignages! n'hésitez pas non plus, bien sur à aller faire un tour sur le site de Cheval Vie afin d'en apprendre plus...

mercredi 2 septembre 2015

Là où tombent les anges - extrait

Là où tombent les anges sort demain, dans toutes les bonnes librairies. 
Pour fêter ça, un petit extrait, tiré d'une lettre de Solange à sa meilleure amie.


Noël approche. Pas de permission pour les soldats. Clémence désespère et moi, je respire puisque Robert ne rentre pas à Paris. Ici, on prépare les fêtes avec ferveur : tu ne peux imaginer le nombre de colis bourrés de lainages, chocolats, pipes, tabac et gilets de corps qui partent chaque jour sur le front. Dans tous les journaux, on fait appel au dévouement des mères, épouses et sœurs. Travaillez plus, travaillez jusqu’à tomber d’épuisement, travaillez même si vous n’êtes pas payées, la France et vos hommes vous en seront reconnaissants. Les vitrines des grands magasins regorgent de produits en tous genres destinés aux Poilus et à leurs fils. Et bien sûr, les réclames, dans les journaux, vantent mille et un articles destinés à améliorer l’ordinaire des soldats… Clémence a failli acheter des pilules destinées à fortifier le sang de son mari. Heureusement, Marthe l’en a empêchée ! L’une de ses collègues a envoyé des médicaments du même genre à son fils, et il a été malade pendant une bonne semaine. 
Je me sens extérieure à tout cela, même si je participe à l’effort de guerre. Chaque mardi et chaque jeudi, je retrouve Blanche et Odile chez Catherine Villepreux pour un thé caritatif. Imagine une douzaine de bourgeoises vêtues de la façon la plus austère possible, qui tricotent, cousent, des vêtements pour les enfants victimes de la guerre. D’après ce qu’elle nous a expliqué, l’idée lui est venue en lisant l’histoire de Denise, une fillette blessée par une bombe à la fin du mois de septembre. La petite a fait preuve d’un courage exemplaire, malgré sa blessure et a demandé aux secours de ne pas inquiéter sa mère. Les journaux se sont emparés de l’histoire et en ont fait une héroïne nationale. Catherine Villepreux s’est sentie « inspirée ». Sa cause en vaut bien une autre. Georgette, qui vit près du Cirque d’hiver, est de plus en plus effrayée par l’afflux de réfugiés belges. Comment les loger ? Comment les nourrir ? Faut-il leur faire confiance ? Pour Catherine, dont la générosité et l’inspiration ont des limites, la réponse est évidente : on ne peut pas accueillir tout le monde, on ne peut se fier à des étrangers. 



 Nous sommes en décembre 1914. Le nord de la France et la Belgique ont été envahis par les Allemands et les réfugiés affluent en masse. Ce dont on ne parle pas : les viols des femmes, les déportations dans des camps de travail. Déjà, les malheureux, hagards, exsangues, étaient considérés comme des dangers potentiels dont il fallait se méfier, des boulets dont on devait se débarrasser, de peur qu'ils piquent le travail des "braves gens". L'histoire se répète...

lundi 24 août 2015

Barbelés

Barbelés
à ceux que l'on refoule 

Tu te réveilles, un matin, un soir, peu importe
Puisque c'est la guerre qui frappe à ta porte,
Avec ses bombes et ses cris, ses victimes hébétées.
Tombes à ciel gris fumée, les immeubles éventrés
S'effondrent dans le feu, les rafales et le sang.
Fracas de la mort, violence cannibale, hurlements
Que t'essaies de pas entendre pour pas te retourner,
Peur de rester, de crever toi aussi en essayant de résister,
De laisser tes mômes, tes parents, ta femme, ton mari
Sans défense, sans espoir, face à cette frénésie.

poussière et blessures, t'as des croûtes aux pieds, tu marches sans faiblir, sans t'accorder même une seconde de repos, tu ne peux pas te le permettre, si tu veux survivre, si tu veux qu'ils survivent, que le petit mange de nouveau à sa faim, que ta sœur, ta fille, ta mère, ne finissent pas esclaves, écartelées, violées, torturées

Tu traverses le désert, les montagnes et la mer,
Ta peau craquelée serre tes os, tu erres,
Porté par l'espoir d'un refuge, d'un toit,
Un endroit ou te reposer pour les tiens et pour toi,
Un endroit où panser tes plaies, et respirer ,et pleurer
Tout ce que tu as abandonné, tous ceux que tu as oubliés,
Même ceux que tu ne connaissais pas, par nécessité.
Tu consoles avec  des paroles d'espoir les désespérés.
Tu veux croire qu'ailleurs, il y aune vie meilleure,
Même provisoirement,  loin de tous ces malheurs.

tu te presses avec les autres à la frontière et tu ne comprends pas pourquoi personne ne te tend la main, pourquoi personne ne te regarde comme si t'étais humain, on t'accueille avec de l'acier dans le regard, des barbelés en sourire, ici non plus t'as pas le droit d'exister, tu fais plus partie de leur espèce, t'es juste un encombrant, un parasite, allez! dehors! exit!