Derniers articles

mercredi 28 novembre 2018

Montreuil : horaires et cie

... dans le "et cie", j'ai envie de vous dire de vous précipiter aux stand des éditions Le poulpe et de vous procurer :




avec un extrait si vous cliquez sur ce lien

C'est un récit documentaire génial, drôle, super rythmé, et très cortiqué! Les ados ne pourront que craquer sur Momo (lière), et les adultes apprendre enfin l'origine de toutes les viles rumeurs qui couraient sur lui. 

********

Quant à moi, je serai présente samedi :
15H15 : libertés d'être, questions d'identité

Comment sensibiliser les consciences à la transition de genre ? Comment en parler sans tabou mais avec justesse et délicatesse ? Comment aider à comprendre ces situations ? Une problématique très actuelle traitée dans deux bandes dessinées parues cette année.
Avec les auteur.ice.s Charlotte Bousquet (Barricades, Gulf Stream), Catherine Castro et Quentin Zuttion (Appelez-moi Nathan, Payot-Rivages). Modération : Barbara Krief, journaliste, Le Nouvel Obs.
16H15-16H30 (peut-être) : passage éclair chez Gulf Stream éditeur (stand E40)

16H30-18H : Mnémos / Naos (G32)


18H-19H : Gulf Stream éditeur (E40 toujours) avec Fabien Fernandez et Christine Féret Fleury




jeudi 8 novembre 2018

Des morts, encore... Extrait de Là où toùmbent les anges


29 juillet 1916,
Ma chère Blanche,
C’est un beau jour pour mourir.
Le soleil brille, les oiseaux volent dans le ciel bleu et d’étranges petites fleurs rouges poussent au bord de notre tranchée. Du moins, celle qui nous sert de base provisoire depuis dix jours. Le colonel a ordonné un assaut. J’ai tenté de m’y opposer, mais il n’a rien voulu entendre. Apparemment, les ordres viennent d’en haut. L’attaque fait partie d’une stratégie à grande échelle imaginée par nos généraux, qui espèrent une fois encore repousser les Allemands et leur prendre du terrain, mais ne réussiront qu’à mener les hommes au massacre pour quelques tranchées ou un cratère d’obus. C’est l’enfer, ici. Pire encore que ce que nous avons vécu cet hiver ; les soldats meurent par centaines, par milliers, fauchés par les mitrailleuses et les obus, asphyxiés ou transpercés par les baïonnettes, tirés comme du gibier par des tireurs embusqués. Et quand ils survivent, ce sont d’autres ennemis, tétanos, dysenterie, syphilis, gangrène, qui ont raison d’eux.
Nous rendons œil pour œil, mais nos rangs sont décimés et les renforts tardent à nous rejoindre. J’en ai l’intuition, ma chère Blanche, je ne survivrai pas...


 Pétition pour réhabiliter les fusillés de la Grande Guerre : ici.

mercredi 7 novembre 2018

Aux héro.i.ne.s... Extrait de Là Où tombent les anges

Les héros et les héroïnes de guerre n'avaient ni titre ni médailles. Et, avant tout, c'étaient des humains. Des humains envoyés à l'abattoir par des gradés et un gouvernement paranoïaque... 

*



Extrait d'une lettre de Pierre, soldat sur le front


8 janvier 1915, près de Sapigneul,
Ma chère et tendre Clémence,
J’ai reçu ton paquet comme une bénédiction. J’ai partagé le chocolat avec Léon, qui n’a rien eu du tout, le pauvre gosse, Thomas, à qui sa mère a envoyé du fromage et du pâté, et Bérard, emporté par la fièvre juste avant le Nouvel An.
Fantôme est à côté de moi et me regarde avec ses bons yeux de chien, comme pour me reprocher de t’écrire cela. Mais ici, la mort rôde au quotidien. Parfois, je me sens comme un cadavre en sursis, et je suis tout étonné d’avoir survécu à une sortie ou à une simple journée.
C’est pour ça, ma Clémence, que tes lettres et tes colis, sont si importants : grâce à eux, je me rappelle qui je suis. Grâce à eux, je me rappelle notre vie, notre monde. Et tu ne peux savoir combien c’est important. Ça donne un sens à tout, même à ce qui n’en a pas. Comme l’exécution du malheureux Constant, hier à l’aube Constant n’avait pas vingt ans et il a été fusillé. Pourquoi ? Parce qu’il a craqué, parce qu’il n’en pouvait plus de tuer, parce qu’il se pissait dessus chaque fois que l’ordre était donné de monter à l’assaut, parce qu’il a voulu fuir un cauchemar éveillé. Voilà ce qui s’est passé : les officiers nous ont réveillés en aboyant encore plus fort que d’habitude. Ils nous ont conduits dans les ruines d’une ferme. Là, tout avait brûlé. Il ne restait que des poutres calcinées, des pierres grises à demi ensevelies sous la neige. Constant pleurait quand ils l’y ont traîné. Ils l’ont attaché à un poteau de fortune, noir de suie. Ils ont lu la sentence, assez lentement pour qu’on comprenne bien le sort qui nous attend si par malheur il nous prenait l’envie de déserter. Ils l’ont abattu comme une bête malade et contagieuse, avec le même mépris et le même dégoût. Son sang s’est répandu sur la neige.
Dans le ciel où disparaissaient les dernières étoiles, le contraste était curieusement beau.
Les romans que tu m’as envoyés m’aident à résister. Le Chien des Baskerville, que j’ai terminé peu après le Nouvel An, m’a captivé, emporté, effrayé, si bien que lorsque j’ai tourné la dernière page, l’espace d’un instant, je n’ai plus su où je me trouvais. Si tu as la possibilité de m’envoyer d’autres récits de ce Conan Doyle que je ne connaissais pas, ce serait merveilleux. La lecture est encore la meilleure manière de s’évader.
Et toi, ma chérie ? Comment vas-tu ? Es-tu de nouveau allée au cinéma ? Dis, tu sais ce qui me ferait plaisir ? C’est que tu retournes au cabaret du Néant, et que tu m’écrives une carte de là-bas. Tu t’amuseras pour nous deux. Et puis, là-bas, les cercueils sont vides et le jus d’asticot a le goût de l’absinthe ! Tu iras ? Tu me raconteras ? Promis ?
Je t’aime.
Pierre