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jeudi 21 novembre 2019

Communication interspécifique, éthique, etc.

J'ai eu l'immense plaisir d'être invitée au colloque "Représentations animales dans les mondes imaginaires : vers un effacement des frontières spécistes ?" la semaine dernière.Colloque pluridisciplinaire, qui convoquait aussi bien des éthologues que des chercheur.euse.s en littérature comparée, des anglicistes, et moi, donc, en tant qu'autrice "multiclassée". Ce qui m'a ravie, au cours des échanges - j'en ai raté beaucoup, mais j'attends impatiemment la mise en ligne des interventions -, c'est l'ouverture d'esprit dont tou.te.s les intervenant.e.s ont fait preuve, de leur bienveillance et de la nature plurielle des questionnements engendrés par les diverses interventions. 
J'ai été particulièrement sensible au fait que les liens entre sexisme-racisme-spécisme soient mis en avant (je me sens moins seule...). La manière dont les animaux sont objectivés, mécanisés, dans notre culture - sous couvert de "vérités scientifiques" qui sont, je le rappelle, autant de croyances (elles sont justes... jusqu'à preuve du contraire) est une mise à distance, une dégradation de "qui" ils sont - une mise à distance que l'on retrouve évidemment dans des rapports humains où l'autre, mis à distance, est un objet convoité... 



... ou un autre réduit à un numéro, une "bête de foire", ou encore un encombrant dont il faut se débarrasser. Ainsi que le disait Marguerite Yourcenar :

"Soyons subversifs. Révoltons-nous contre l'ignorance, l'indifférence, la cruauté, qui d'ailleurs ne s'exercent si souvent contre l'homme que parce qu'elles se sont fait la main sur les bêtes. Rappelons-nous, puisqu'il faut toujours tout ramener à nous-mêmes, qu'il y aurait moins d'enfants martyrs s'il y avait moins d'animaux torturés, moins de wagons plombés amenant à la mort les victimes de quelconques dictatures si nous n'avions pas pris l'habitude de fourgons où des bêtes agonisent sans nourriture et sans eau en route vers l'abattoir, moins de gibier humain descendu d'un coup de feu si le goût et l'habitude de tuer n'étaient l'apanage des chasseurs. Et dans l'humble mesure du possible, changeons (c'est-à-dire améliorons s'il se peut) la vie."

L'autre élément qui m'a vraiment fait énormément plaisir - et rassérénée, c'est que de moins en moins est faite - ou alors de façon critique - la distinction "homme-animal".   L'homme appartient au règne animal. Et, dans cet esprit, au lieu de chercher ce qui nous distingue, ce qui nous rend "meilleurs" (mais en quoi ?), dans une espèce d'illusion pyramidale, qui classe les espèces comme elle classe les hommes et les femmes, les différents peuples, et numérise, juge, dégrade, avec des prétendues "lois du plus fort", il devient plus intelligent, plus constructif, plus juste de chercher ce qui nous rapproche : l'entraide, l'empathie, les émotions, la capacité à utiliser des outils, les pensées, etc. A ce titre, j'ai été particulièrement touchée par l'intervention d'Agatha Liévin-Bazin sur les corvidés, et par l'échange avec l'éthologue Charlotte Duranton sur les fausses coyances à propose des héirarchies des meutes (on retrouve les mêmes fausses croyances avec les chevaux...)
Quant à ce terrrriiiiible anthropomorphisme dont on nous rebat les oreilles - "attention à ne pas faire d'anthropomorphisme, blablabla", c'est oublier que chacune des espèces vivantes perçoit le monde et l'interprète à travers le prisme de ses propres codes de communication. Le chat fait du "catomorphisme", le corbeau du "corvidomorphisme", etc.
Ainsi que le soulignent plusieurs chercheurs, comme Frans de Waal ou Mark Bekoff, il faut surtout faire attention à ce que le refus de l'anthropomorphisme ne se transforme pas très vite en anthropodéni, une façon supplémentaire d'établir des frontières. 
... en revanche, tous sont unanimes sur les dangers de l'anthropocentrisme... bisou... 
La communication interspécifique, c'est la création, à la manière dont Winnicott l'exprime dans Jeu et réalité, d'une "aire intermédiaire d'expérience" permettant, avec les codes de l'une et l'autre espèce, de créer une communication coopérative - et singulière. 
Quelle que soit l'espèce.

jeudi 31 octobre 2019

Avec les tripes

... et au-delà.
Il y a quelques jours, je suis tombée sur un commentaire, en lien avec une chronique, par ailleurs très positive, sur Le jour où je suis partie. une remarque qui disait, en gros : "ouais, mais t'aurais mieux fait de lire un bouquin écrit par une Marocaine..." Ma première réaction (aussitôt contrôlée, effacée, soyez rassuré.e.s) a été de répondre : "j'ai fait des allers et retours pendant 17 ans au Maroc, je suis légitime, pauvre c..." Très vite, je me suis rendu compte de l'absurdité de ma réponse, qui aurait sonné comme une justification. Et je l'ai effacée.
Et puis, je me suis interrogée sur cette notion même de légitimité dans l'écriture de fiction. J'ai pensé à Sweet Sixteen, le merveilleux roman d'Anne-lise Heurtier sur les neuf premiers élèves noirs intégrant un lycée blanc, en Alabama. Avait-elle besoin d'avoir vécu en tant qu'adolescente pauvre et noire dans l'Amérique ségrégationniste de 1954 ? J'ai pensé aussi à Fabien Clavel, et ses très nombreuses héroïnes. A-t-il le droit d'utiliser des filles ou des femmes dans ses romans ? Et Jean-Chirstophe Tixier, qui évoque les réfugiés, dans La Traversée ?
Et les romans historiques ? De SF ? 
Et... Et... Et... Maxime Chattam est-il légitime à parler de serial killer... A moins qu'il n'en soit un ?
Vous l'aurez compris, je suis très vite arrivée au bout de mon raisonnement. Ces réflexions, et les justifications qu'elles engendrent, n'ont pas lieu d'être. Bien sûr, quand on écrit un récit historique, ou qu'on évoque certaines thématiques, on se documente - c'est même la moindre des choses. Mais l'essence même de l'écriture d'une œuvre de fiction, c'est la capacité que nous, auteur.ice.s, avons à nous mettre à la place de l'autre, quel qu'il soit - donc dans la peau de nos personnages -, à nous projeter dans leur quotidien, à ressentir leurs émotions. J'ai habité au Maroc.  Mais je ne me suis jamais rendue aux Etats-Unis de la fin du XIXème siècle et je n'ai pas vécu dans une réserve du Dakota du sud. Pas plus que je ne suis un garçon un peu geek, un peu rond, et beaucoup trop timide fasciné par les princesses inaccessibles. Et je peux vous garantir que Sylvie Allouche n'est pas une sociopathe et Fabien Fernandez n'a pas connu le Dust Bowl ni la misère des hobos des années 30. Bruno Lonchampt n'est pas le Bloc de haine facho de son roman éponyme.
Nous écrivons des histoires. Ni des essais ni des transcriptions de la réalité.Et ces fictions, nous les écrivons avec sincérité, avec nos tripes, en les étalant de façon plus ou moins brutale, parfois avec poésie, même, sur nos mots. 
Alors, la question de la légitimité  ne devrait pas se poser.

jeudi 17 octobre 2019

Fête du livre de Saint-Etienne



Je serai, de vendredi à dimanche, à la Fête du Livre de Saint-Etienne, sur le stand ados. Je participerai à une table ronde, avec mes co-autrices, le vendredi matin, autour de l'anthologie La revanche des princesses, sortie chez poulpe fictions au printemps dernier.

mardi 10 septembre 2019

Au coeur de la forêt

La planète brûle. Sécheresse. Crimes de pyromanes. Géocides autorisés. Apathie des gouvernements. Compromissions. Quand j'ai accepté de participer à ce collectif, l'ordure qui est à la tête du Brésil n'avait pas encore commencé à cramer l'Amazonie. 
Il y a encore, toujours de l'espoir. il faut, encore et toujours, nous battre pour protéger, préserver ce qui peut - doit - l'être. 
Nos mots, à nous, auteur.ice.s - sont des armes. Et, dans ce collectif, Au Cœur de la forêt, ils se font graines, puisque tous les droits sont intégralement reversés à l'association Up2Green, qui reboise, plante, éduque et développe des programmes de reforestation aux quatre coins du globe. (Pour en savoir plus : https://www.up2green.com/)


Les autres auteurs qui ont participé à ce bel ouvrage, à paraître le 10 octobre, sont :  Pascal Brissy, David Bry, Christine Féret-Fleury, Madeleine Féret-Fleury, Fabien Fernandez, Françoise Grard, Erik L’Homme, Jean-Luc Marcastel et Anne-Fleur Multon.

Les bénéfices de la vente de cette anthologie permettront dès 2019 la plantation de 1000 arbres dans une zone du globe menacée par la déforestation. 

Je vous encourage à vous procurer ce recueil dès sa sortie, à l'offrir, le diffuser, organiser des lectures, des débats, des actions - parce que ça urge, là.Et qu'il est encore temps.

#extinctionrebellion #ilestencoretemps #onesprets #youthforclimate

vendredi 6 septembre 2019

Poèmes qui font du bien... le retour!



Arc-en-ciel

Un arc de cercle 
Suspendu au-dessus de l'âme
Et les couleurs de la vie 
Sept dans le ciel 
Bleu comme le cœur d'un colibri
Pour bondir dans les nuages
Et sourire
Et aimer. 

 

jeudi 27 juin 2019

Miroirs...

Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine.... j'ai fait une thèse de philosophie. Intitulée : Les mondes imaginaires et le déplacement du réel : un questionnement de l'être humain, elle interrogeait, à travers les différents prismes que sont la philosophie, la psychanalyse, la littérature fantastique et la musique notre rapport à l'autre. L'autre : humain. L'autre : non-humain. J'y montrais, de mémoire l'impossible définition de l'humain en l'homme, et surtout l'absurdité de la question... J'y montrais également que notre rapport à l'autre, c'est d'abord la prise de conscience de notre fragilité (le visage, selon Lévinas) et notre finitude (la mort, le corps mort, etc.) - l'autre est ce qui m'attire, et aussi m'effraie. C'est également dans ce rapport à l'autre, cette fois l'autre non-humain, que l'être humain est confronté à ses propres failles (ou aux failles de son questionnement). Le non-humain, dans ma thèse, c'était le monstre - en particulier la Sphinge envoyée par Apollon, à la croisée des chemins, pour terrifier les voyageurs mais aussi punir un meurtre. Œdipe, en résolvant l'énigme de l'hybride, la détruisait, mais devenait ainsi un VRAI monstre (parricide d'abord, puis incestueux...) Pourquoi avoir détruit la Sphinge? Pourquoi ne pas lui avoir demandé "pourquoi", justement... 


Nous , humains, passons notre temps à classer et définir, cherchant à nous classer, étiqueter, définir, les uns par rapport aux autres,  ou à une norme, ou au monde. Nous essayons d'être objectifs. Du moins en philosophie. Et dans certaines sciences. Et nous nous plantons, lamentablement. Nous nous plantons parce que nous délimitons, excluons, au lieu de comprendre, parce que nous coupons des liens au lieu d'en créer. Nous nous plantons surtout pace que nous ne sommes pas des machines, mais des êtres sensibles. L'objectivité, à moins d'être un parfait sociopathe, c'est une vaste fumisterie. Ou un exercice impossible. Ou une façon de passer à côté de la vie. Bref. 


A l'époque, je le pensais mais je n'étais pas assez sûre de moi ou claire avec moi-même, mais notre manière de penser, classer, définir, avec les animaux autres qu'humains, me paraissait tout aussi absurde. Absurde, parce qu'héritée d'une pensée mécaniste et utilitariste, rongée par la volonté de puissance,  bien pratique quand on a besoin d'opprimer, dominer, tuer, etc. Qu'on ne s'y trompe pas, l’asservissement des animaux autres qu'humains préfigure et rend possible celui des humains *
En biologie et éthologie, en France particulièrement, les recherches souffrent énormément de ces carcans étriqués. philosophe et éthologue, Vinciane Despret a beaucoup écrit sur la question de l'objectivité très subjective en réalité des chercheurs : 
"(...) les expérimentateurs expérimentés conseillent aux jeunes scientifiques de ne pas travailler avec les chats. Il semblerait en effet que, dans certaines circonstances, si vous donnez à un chat un problème à résoudre ou une tâche à exécuter pour trouver de la nourriture, il va le faire assez rapidement, et le graphique qui donne la mesure de son intelligence dans les études comparatives connaîtra une courbe ascendante assez raide. Mais, [Vicky Hearn] cite ici un de ces expérimentateurs, « le problème est que, aussitôt qu’ils ont compris que le chercheur ou le technicien veut qu’ils poussent le levier, les chats arrêtent de le faire. Certains d’entre eux se laisseront mourir de faim plutôt que de continuer l’expérience ». Elle ajoute laconiquement que cette théorie violemment anti-behavioriste n’a jamais été, à sa connaissance, publiée. La version officielle devient : « n’utilisez pas de chats, ils foutent les données en l’air »." (Penser comme un rat). 

 
Le biologiste et psychologue Frans de Waal, lui, explique que les expériences visant étudier le comportement des animaux et/ ou leurs capacités d'apprentissage sont souvent faussés lorsque cela concerne les animax autres qu'humains : des enfants et des chimpanzés auront le même référent humain, pour leur montrer comment effectuer telle ou telle tâche. Les enfants réussissent mieux... parce que l'expérimentateur qui leur propose tel ou tel jeu est humain. Les chimpanzés ont plus de difficultés à comprendre quelqu'un qui n'est pas de la même espèce. Ce n'est qu'un exemple. 
Il montre dans Sommes nous trop bêtes pour comprendre les animaux à quel point nos méthodes sont limitatives et sources d'échec quand on tente réellement de comprendre comment les animaux apprennent, communiquent, etc. 
"... si la cognition animale devient un sujet de plus en plus populaire, l'idée qu'elle ne serait qu'un pâle substitut de la vie humaine a la vie dure. [...] Quel étrange animal nous sommes pour que la seule question que nous posions sur notre place dans la nature soit : "miroir, mon beau miroir, quel est le plus intelligent ?" La volonté de laisser les humains à leur place dans l'absurde échelle de la nature imaginées par les grecs de l'Antiquité  a conduit à une obsession de la sémantique, des définitions, des redéfinitions - et, soyons honnêtes - au déplacement incessant des lignes de but. Chaque fois que nous transformons nos faibles attentes envers nos animaux en expériences, le miroir nous fait entendre notre réponse préférée."
Ainsi, que ce soit dans des articles, sur les réseaux, dans des conversations, on entend que tel ou tel espèce "n'est pas capable de", "a un plus gros cerveau", "moins grand", etc. Frans de Waal raconte l'anecdote de l'éléphant incapable de se reconnaître dans un miroir... trop petit pour lui. Et de conclure : "il y a tant d'explications possibles à des résultats négatifs qu'il est plus sûr de douter de sa méthode avant de douter de ses sujets." 
A propos de Hans le malin, le cheval qui "savait compter", il a été montré que, ce qu'il savait, c'était lire les émotions et le langage corporel de son humain. Ce qui veut dire, non qu'il était stupide... mais que c'était un maître en communication et en empathie. C'est juste dommage qu'il ait fallu des décennies pour comprendre ça.** 

Photo : Kimberley Spencer

A cela, se rajoute, les généralités à propos des espèces : "le cheval est", "le chat n'est pas", "le chien est", avec plein de grandes vérités, issues de courants de pensée, d'approches, elles-mêmes influencées par les idées de celui-ou celle qui les aura écrites... qui nie complètement la singularité,, la personnalité de chaque individu. Comme si, seul, l'humain - et encore, mâle, blanc, hétérosexuel et riche..*** - avait le droit à la singularité. Une façon bien commode de regarder le miroir... par le petit bout de la lorgnette et de refuser ce qui nous lie aux autres personnes, humaines et non-humaines... Si je me reporte au drame d'Oedipe et de la Sphinge, ce refus de considérer l'autre dans sa singularité, de nous y reconnaître, dans notre fragilité, dans notre étrangeté, et de communiquer avec lui (ou trouver le moyen de le faire), ce jugement qui refuse toute empathie, est ce qui nous coupe de nous-même, du monde, de notre humanité... 
Je conclus en vous renvoyant à la première des cinq excellentes émissions de france culture : l'Animal est il l'avenir de l'homme, avec Yves Christen, biologiste et spécialiste es peuploe panthère... excusez du peu! 

* Je cite Marguerite Yourcenar : "Je me dis souvent que si nous n'avions pas accepté, depuis des générations, de voir étouffer les animaux dans les wagons à bestiaux, ou s'y briser les pattes comme il arrive à tant de vaches ou de chevaux, envoyés à l'abattoir dans des conditions absolument inhumaines, personne, pas même les soldats chargés de les convoyer, n'aurait supporté les wagons plombés des années 1940-1945. Si nous étions capables d'entendre le hurlement des bêtes prises à la trappe (toujours pour leurs fourrures) et se rongeant les pattes pour essayer d'échapper, nous ferions sans doute plus attention à l'immense et dérisoire détresse des prisonniers de droit commun.'

** Note pour les cavaliers : les chevaux perçoivent nos peurs, nos angoisses, notre joie, nos frustrations, nos intentions, au point que cela peut paraître magique. Ils ne peuvent en revanche comprendre nos incohérences, parce qu'ils lisent un langage qui est en contradiction avec nos émotions... le souci n'est pas tant de faire de l'anthropomorphisme, que d'être cohérent entre ce que l'on exprime et ce qu'on veut. ) 

*** Vous n'avez pas remarqué le nombre de textes qui célèbrent La femme, en général bien archétypée, parlent de LA femme, etc.  ?
 

jeudi 13 juin 2019

Veggie, tendance vegan



Quand Mallory débarque dans sa classe de terminale, Chris tombe vite sous son charme. Mais il se sent maladroit et balourd face au charisme de la jeune fille, végétarienne, slameuse et youtubeuse, engagée dans la lutte contre les violences faites aux animaux. Challengé par son amie Nadia, il décide de devenir végétarien lui aussi. Et puis, il se prend au jeu. Quand le prof de philo annonce un exposé en commun, Chris propose à Mallory et Nadia de travailler sur le thème de l’animal. Trouvera-t-il le courage de dévoiler ses sentiments  ? 

Ce roman, paru hier aux éditions Rageot, parle de végétarisme (évidemment), mais aussi d'amitié, de jeu de rôles, de famille, et de chats.  

Vous pouvez en lire un extrait sur ce lien : clic!  

Il parle aussi - et surtout - d'une prise de conscience et d'un engagement nécessaires, dans ce XXIe siècle de la 6ème Extinction, dans lequel notre planète est rongée par les pesticides et l'industrie (élevage  compris), polluée par les plastiques et les déchets, détruite par la folie des puissants (surpêche, destruction de la biodiversité, chasse, chosification des animaux et des hommes, etc.)... 
Oui, c'est un roman engagé. 
Oui, il se peut qu'il dérange. 
Mais il est  - aussi -  là pour ça.  

#vegetarienne #jdr #animaux #veggie #nonalachasse #ilestencoretemps #sauvezlaterre #antispecisme

mercredi 5 juin 2019

L'Archipel des Numinées : intégrale

Cette année, cela fera 10 ans que L'Archipel des Numinées a été publié sous la direction de Charlotte Volper,  aux éditions Mnémos. Enfin, le premier tome, Arachnae, avec sa première et belle couverture dessinée par Elvire de Cock. Ont suivi Cytheriae (prix Elbakin 2010, prix Imaginales 2011 et prix de l'illustration 2011, ce dont je suis extrêmement fière) et Matricia
C'est une trilogie sombre, très sombre (trop sombre pour certain.e.s éditeur.ice.s poche et chroniqueur.euse.s) puisqu'elle explore, à l'échelle d'une ville, d'un quartier, d'une famille, le côté obscur de l'être humain.


Dans le premier opus, Arachnae, il est question de perversité et de vices, mais aussi de choix politique et de lâcheté. On y suit Théo, bretteuse douée de prescience, incapable d'engagement (être une fonction, plutôt que soi-même), Ornella, une courtisane lumineuse et le prince Alessio, dévoué à sa principauté et capable de sacrifier ce qu'il a de plus précieux au nom du bien commun. Arachnae a été retravaillé 2 fois (et 2 fois épuré!), une première pour sa sortie poche dans la très belle collection Helios, des Indés de l'imaginaire -  c'est Mélanie Delon qui a dessiné les 3 couvertures - et une seconde fois, donc, pour cette intégrale. 
Cytheriae, qui parle essentiellement d'amour, de peur et de folie, prend place dans un quartier de Cribella. Aux portes de la ville, se pressent des réfugiés venus d'autres principautés : il fuient la menace de la peste cendreuse et sont parqués dans une zone marécageuse très surveillée (toute ressemblance avec la réalité...) Nola, une jeune écrivaine publique, sert de confidente à la plupart des gens du coin - quelle que soit leur condition. Mais jamais elle ne parle d'elle. Parce qu'elle est complètement dissociée, depuis la nuit terrible où elle a perdu son enfant. Seul son ami, Angelo, sait qui elle est vraiment. Un jour, Noladécouvre le journal de Malatesta, créature hybride emprisonnée dans un labyrinthe...
Des trois tomes de L'Archipel, c'est le plus lumineux. 
Matricia, enfin. Mon chouchou! La peste cendreuse a dévasté Matricia, située au nord de l'Archipel. Dans les ruines d'un opéra, Dionisia, métisse et magicienne d'une grande puissance, affronte son oncle Alino, le dernier survivant de cette famille maudite. Pendant ce temps, Angelo débarque sur l'île, en quête de réponses, et peut-être du seul moyen de sauver l'archipel du mal qui le ronge.
Dans ce 3ème tome, il est question de vengeance et de sacrifice, de folie une fois encore et de perversité. Mais surtout, d'acceptation de soi et de dignité. 
Le fil rouge qui relie ces trois volumes...  Le même, je crois, qui traverse TOUS mes romans de fantasy : la menace de la dissolution, du néant. C'est un thème qui me hante - le vide qui ronge, détruit, quelle que soit sa forme et sa cause première (mal "classique", écologique, politique...) Et le sentiment d'urgence qui y est lié. Je me suis rendu compte, en retravaillant ces trois textes, qu'ils étaient encore et toujours d'actualité : compromissions politiques, crises  humaines, et de façon plus intime, la difficulté d'être soi, de transmettre ou de communiquer (ses peurs, ses désirs, etc.) 
Voilà. C'est un peu foutoir, tout ça! (et sans doute trop intello, aux yeux de certain.e.s...  pas grave, lire, c'est aussi réfléchir...) Et vous me direz : "bon, c'est super tout ça mais que trouve-t-on de plus dans cette intégrale "? 
Des cartes, des tarots, des nouvelles, des poèmes et même du théâtre. ce qui n'est pas si mal!
Pour terminer, je voudrais juste en profiter pour remercier Charlotte Volper, Elvire de Cock, Stéphanie Nicot, Mélanie Delon, Anne Besson, Frédéric et Nathalie Weil qui ont tou.te.s, d'une façon ou d'une autre, aidé cet univers à exister. 
Et la bonne nouvelle ? Ce n'est pas fini... Dès 2021, il y aura du nouveau, du côté des Numinées.

mercredi 29 mai 2019

Dissociation et politique

Non, ce n'est pas un titre qui parodie Jane Austen. 
C'est juste le début d'une réflexion qui met en parallèle la dissociation liée à un traumatisme et les résultats de ces élections européennes (et des élections, depuis une bonne vingtaine d'années, en général). 
Depuis pas mal de temps, je m'intéresse aux mécanismes de soumission à l'autorité, mais aussi aux conséquences des maltraitances et agressions, notamment aux notions de sidération et dissociation. Quand j'ai écrit Là Où tombent les anges, notamment, je me suis documentée sur les violences familiales (et conjugales) : qu'est-ce qui fait qu'une femme battue reste avec son conjoint ? Qu'est-ce qui fait qu'une personne victime de violences va se mettre dans des situations qui reproduisent ou font écho à ce qu'il ou elle a subi ? le parcours de Solange, c'est celui d'une fillette battue par son père, qui s'enfuit lorsque ça devient vraiment dangereux pour elle (question de vie ou de mort), et se retrouve mariée à un homme violent et possessif... dont elle mettra plusieurs années à se libérer. Plusieurs chroniques reprochaient à Solange sa passivité - genre "mais pourquoi elle n'explose pas la tête de cette ordure ?"...  Ben la réponse est simple : parce que, dans la vraie vie, ça ne se passe pas comme ça, et même s'il y a pétage de tronche, en fait, il y a une reconstruction à effectuer derrière (juste pour ne pas retomber dans le même mécanisme) et c'est long.
Comme c'est long, infiniment long, de se sortir des griffes d'un.e pervers.e narcissique (jusqu'où accepte-t-on d'être noyé.e...?). 
En schématisant : "au moins, on sait où on va" - avec un.e. pervers.e, un.e conjoint.e violent, etc. Je vous renvoie au site élaboré par Muriel Salmona sur les mémoires traumatiques : ici et là  pour une analyse vraiment approfondie de la question. 
Depuis des décennies, en France, on subit une politique de plus libérale et de moins en moins sociale, qui détruit tout ce qui a été arraché à la force de manifestations, révoltes, mouvements sociaux (par exemple, les congés payés, la retraite et la sécurité sociale), qui transforme le monde du travail en société d'esclaves en cassant le code du travail, en traitant les chômeurs (par exemple) comme des moins que rien (et pire, en faisant en sorte que leurs pairs les considèrent comme de gros fainéants... ), en criminalisant l'humanisme (l'aide aux migrants), en divisant les gens (par exemple, les discours anti-profs et anti-fonctionnaires... oubliant par-là-même que les policiers le sont, fonctionnaires) - et je ne parle même pas du massacre délibéré de l'environnement, flore, faune, terre... enrobé depuis longtemps par un discours vaguement écolo (n'achète plus de bouteille en plastique... consomme du Nutella...) 
Ce que je raconte, comme ça, a l'air un peu foutoir, hein. Mais l'idée, c'est de faire un parallèle entre les mécanismes de dissociation et le vote systématiquement destructeur des Français - et j'y ajouterai bien une pincée de lobotomisation sectaire (pensée conditionnée par des décennies de croyances fausses sur la "droite  stable et solide" et la "gauche laxiste pas réaliste"). 
Pour moi, le vote de dimanche dernier, c'est la conséquence d'un long passif de maltraitance et de matraquage - avec, n'oublions pas, la sidération née de 5 ans de Hollande (qui  a eu l'occasion de changer les chose,s mais a préféré marcher dans les pas du CAC 40) - la loi El Khomri, c'est lui. un peu comme si une personne se sortait d'une situation de violence ouverte pour tomber dans les rets d'un.e pervers.e narcissique. Avec LRNM (oui, c'est délibéré), "on sait où on va"... Ou "voter ou pas, ça ne change rien, ne sert à rien"...
Je veux croire que c'est ça qui fait que le pire se produit encore et toujours en France, en politique. Et que c'est pour cette raison (en plus du matraquage médiatique qui fait qu'on ne vote plus pour un programme mais pour la nouvelle star) que tant de personnes ont la trouille... même quand il s'agit de liberté, d'urgence climatique, de respect des droits de l'homme, de protection animale, de sauvegarde de nos droits à exister... 
Le problème, c'est que nous sommes en état d'urgence. Urgence climatique (oui, j'ai de gros doutes sur EELV), urgence animale, urgence sociale... et que le temps qu'onse sente vraiment suffisamment "mal" pour changer les choses, il sera peut-être trop tard.
 

mercredi 22 mai 2019

EN GUERRE CONTRE LES FEMMES

L'Amérique de Trump porte atteinte aux droits des femmes, à leur corps, à leur vie. L'Amérique de Trump décomplexe la politique patriarcale et sexiste de ses Etats les plus puritains : l'Alabama interdit l'IVG même en cas de viol et d'inceste, le Texas projette de  punir l'avortement de la peine capitale. L'ONU recule sur des résolutions évoquant la notion de santé sexuelle et procréative, sous la pression des Etats-Unis, de la Chine et de La Russie (une horreur quand on sait que le viol et les violences sexuelles sont des armes de guerre). En France, on entend régulièrement des propos anti-avortement, avec les éclats bien puants de l'ignoble président du syndicat des gynécologues en France. (cf ici). Et ce, sans compter les difficultés croissantes que connait le planning familial... De façon plus générale, l'IVG reste problématique dans notre pays - alors qu'il ne devrait pas - et plus - l'être : la loi Veil, ça fait 44 ans, quand même. 
Et pourtant, la question  de la potentielle culpabilité de la femme/ fille enceinte est telle que, même lorsque l'IVG est une évidence, les grilles de lecture sont faussées. Ainsi, quand j'ai écrit le scénario de Secret pour secret (graphique dessiné par Jaypee), je n'ai absolument pas voulu faire de cette bédé une histoire de "je le garde ou pas"- le seul moment où Louane pose la question, c'est parce qu'elle s'abreuve de séries américaines (ou on peut faire à peu près n'importe quoi, sauf avorter) et non parce qu'elle s'interroge vraiment, d'ailleurs la question est réglée en une phrase lapidaire de sa copine. Secret pour secret parle d'avortement (ça se passe comment, et d'amitié...) Mais les retours de lecteur.ice.s que j'ai eues sont pour l'essentiel liés à "se demande si elle va le garder ou pas"... (comme s'il n'y avait qu'une seule façon de parler de l'IVG, comme s'il n'y avait qu'une seule histoire possible, avec deux fins différentes). Et, pour les jeunes que je rencontre, si les questions de genre et de préférences amoureuse évoluent très bien,n l'attitude des adolescents vis-à-vis de l'IVG reste problématique : il y a bien sûr les questions d'éducation parentale, mais également de culture télé, et de manque d'informations (quand des adolescentes évoquent le fait de tuer un foetus, ça fait peur...)
Autre point, soulevé par une certaine Amérique : "même en cas d'inceste et de viol". Dans les pays qui autorisent l'IVG, la question ne devrait pas se poser (dans les faits, c'est une justification morale qui ne devrait pas l'être). Dans les pays qui l'autorisent "en cas de viol, violence, inceste, etc. " , c'est la moindre des choses - mais encore trop souvent sujet à pressions sociales, culturelles, juridiques (n'oublions pas que la femme, même victime, est a priori toujours coupable...) Dans l'Amérique de Trump, dans ses États les plus conservateurs, même ce "mieux que rien" est arraché aux filles et aux femmes. C'est véritablement une guerre ouverte, une guerre liberticide et féminicide : faut-il rappeler le nombre de femmes qui meurent chaque année d'avoir été contraintes d'avorter clandestinement ? et quel message, sinon un véritable "feu vert", font passer de telles  interdictions font passer aux violeurs ?
Je ne suis pas américaine, mais contre ces agresseurs, je me bats depuis quelques années avec des mots - parce que les mots sont des armes. Et voici quelques réponses, quelques pistes de réflexion, pour combattre, survivre et vivre libre de nos choix.


#gulfstreamediteur
#editionsscrineo
Nos Vies suspendues et Sang-de-Lune seront disponibles aux Imaginales.




#liberte #moncorpsmonchoix #nonauviol

mardi 14 mai 2019

Le Passageur - Andoryss

Directrice de collection aux éditions Lynks, j'ai la chance d'avoir travaillé avec des gens que j'apprécie énormément, à la fois sur le plan professionnel et humain. Et puis, à travers les manuscrits, et les échanges avec  les auteur.ice.s, j'ai (re)découvert de très belles personnes. Andoryss, autrice de la série Le Passageur, dont le T2 sort jeudi, en fait partie. 
L'histoire de Matéo, son Passageur et de sa fratrie, Dio et l'adorable Luiza, est vibrante d'humanité, en plus d'être remarquablement écrite. Les intrigues son captivantes, et apportent une réflexion brillante et engagée sur l'histoire de notre pays - la Commune de Paris (bizarrement peu étudiée au lycée) et la France de Vichy (l'attentat de Barbès, les aliénés).



La Dévoreuse se tient au centre du tourbillon. Ce ne sont plus des pleurs, ce sont des cris, des morceaux d’âmes que l’on arrache et qui produisent ce son. Dressée au milieu des ombres, la silhouette est un spasme de lumière qui se contorsionne dans le courant, comme si on le torturait. Je lutte comme un forcené pour l’atteindre et soudain je crève la bulle. Au centre du cyclone, le courant se meurt et disparaît pour rugir à l’extérieur de nous.

Matéo Soler sait que les fantômes existent. Il le sait parce que sa mère en a aidé des dizaines à trouver le repos, jusqu’à ce qu’elle-même meure, des années auparavant. Ce que Matéo ne pouvait pas deviner, c’est qu’il hésiterait de son pouvoir. Le voilà désormais contraint de lutter contre un trushal odji, une âme affamée. Pour s’en libérer, Matéo n’a d’autre choix que de la rejoindre afin de l’apaiser – et le temps lui est compté. Escorté par le fantôme d’une mystérieuse enfant, Matéo retourne dans le passé, au cœur de la Commune, dans un Paris en proie aux flammes…



Merci pour ta confiance et ces très beaux moments de lecture, Andoryss!

Et rendez-vous le 16 mai pour la sortie officielle du roman!

dimanche 5 mai 2019

Les mots sont des armes...


Je viens de terminer un article sur l’utilisation et l’évolution du féminin dans le langage. Une fois encore, je suis émerveillée par sa puissance: les mots, leur forme, nous conditionnent. La disparition progressive du féminin dans les arts et les lettres comme le terme autrice par exemple, ou poétesse, philosophesse, tyranne, les règles de simplification de la langue – le masculin vaut pour un neutre et l’emporte sur le féminin – ont mené à et renforcé une véritable dévalorisation des femmes, à la fois culturellement et socialement.
Dans le monde de l’édition, des manuscrits écrits par des hommes, ou sous pseudonyme masculin, ont plus de chance d’être lus et pris au sérieux que s’ils sont rédigés par des femmes – même aujourd’hui. Certaines refusent catégoriquement d’être féminisées, au prétexte qu’autrice ou écrivaine sont moches (des arguments employés par de vieux intellos sexistes de l’Académie à la fin du XIXeme siècle, qui d’ailleurs étaient les mêmes qui clamaient qu’écrivain n’était pas un métier pour les femmes, alors qu’il s’agit d’un sexisme et d’une dévalorisation de soi totalement intégrées.
Dans le milieu équestre, on continue à parler d’un « homme de cheval », alors même que les femmes sont plus nombreuses et au moins aussi compétentes que leurs pairs. Certaines cavalières de haut niveau ou coach mettent un point d’honneur à se montrer totalement dénuer d’empathies dans un milieu machiste ou on aurait vite fait de les taxer de « trop sensibles » (alors que les chevaux SONT hyper sensibles, mais passons…) Il en va de même dans de nombreuses professions traditionnellement « masculines ».
 Pour rester dans le même domaine, celui de l’équitation, le vocabulaire qu’on emploie pour désigner et qualifier les chevaux, nous conditionne à les considérer comme des objets : on parle de « modèles », comme s’il s’agissait de voitures. Au passage, le nombre de pubs qui comparent la possession d'une femme - et donc, l'objectivent - à celle d'une voiture montre bien  que le passage du sexisme au spécisme dans cet article est plus logique qu'il ne le paraît... (Oh, et ne dit-on pas que certaines femmes ont « une belle carrosserie » ?)




Les chevaux ne maigrissent pas, ne grossissent pas : ils prennent ou perdent "de l’état"; cette terminologie contribue à les objectiver, cette fois par en invoquant la notion d’engraissement. 
On peut ainsi continuer les parallèles : durant des siècles, les femmes ont été interdites de féminisation des noms des professions liées à la création et au pouvoir, au point que certaines d’entre elles refusent le féminin « directrice » de peur d’être « mal vues » par leurs collègues. On refuse aux autres espèces tout ce qui peut les rapprocher de la nôtre – les éthologues prennent d’infinies précautions quand ils parlent de « pensée » et de « sentiments » pour les rats, singes, chevaux, ânes, poissons divers qu'ils étudient (même si, heureusement, les lignes bougent) et on leur refuse encore la possibilité d’être des personnes. 

Il est temps de cesser de s’excuser d’avoir de la considération pour autrui. les mots sont des armes. Utilisons-les.

mardi 19 mars 2019

La fabrique du pire

Depuis une trentaine d'années, les différents ministères de l'éducation nationale s'efforcent avec plus ou moins de constance de creuser les inégalités entre les élèves, mettant en place des programmes super quand on va dans un collège du marais parisien, beaucoup moins sympas et totalement inapplicables quand on vit dans un village de Haute-Marne. Ou dans "les quartiers" (le politiquement correct des cités, de la banlieue, de la zone, bref...) Ou qu'on n'a pas un rond. Ou les deux. Tout en encourageant le mépris des fonctionnaires "qui ne foutent rien". Et en supprimant des postes. Etc;
Avec les réformes Blanquer, on touche le fond. On touche aussi le cœur d'un idéal qui n'a de philosophique que quelques oripeaux moisis (tirés d'un mélange de Kant et de Platon, tous deux déjà fachos et ringards en leur temps*) mais sert en réalité une ploutocratie bouffie de capitalisme, qui a tout intérêt à creuser les écarts entre les "classes" et créer des esclaves corvéables à merci, incapables de réfléchir (selon eux) ou de se défendre.
Ainsi, la réforme des lycées et du BAC, évoquée par un enseignant sur le Média. 


Celle des lycées "à la carte" sauf que quand t'es dans un bled, tu n'as d'autre choix que te contenter de peu ou migrer vers une grande ville, en internant pour peu que tu en aies les moyens...
Celle des lycées professionnels, qui entre en vigueur en septembre, est l'illustration parfaite et terrible de cette volonté d'état :
* de 4H d'histoire et de français, orientées entre autre sur la classe ouvrière et ses révoltes, des réflexions autour du féminisme...
*... on passe à 1.5H par semaine, où on enseignera la révolution américaien et les points positifs de notre belle République, ainsi que "comment faire une lettre de motivation (atelier qui existe déjà aujourd'hui dans une autre matière)
*suppression de postes dédiés
* et devoir de réserve, moins politiquement correctement parlant : parole muselée.
En écho à celui des Gilets jaunes, le mouvement des Stylos rouges est né : clic aussi. 
Aujourd'hui, les profs sont en grève, et pour avoir pas mal circulé dans les classes ces derniers temps, je sais que leurs élèves les soutiennent. Élèves qui se battent à la fois pour leur avenir et notre avenir à tou.te.s : celui d'une planète martyrisée par les hommes. 
L'enseignement. Les transports - là, je ne parle pas de la privatisation des aéroports, votée à 5H du matin... mais ce que je constate : des campagnes de moins en moins bien desservies. Une volonté, derrière, qui est d'isoler les gens, les forcer à migrer vers la ville - c'est quoi, l'idéal, derrière ? Des mégalopoles crasseuses, bien dystopiques et des champs pourris par Monsanto s'étirant à perte de vue dans un pays ravagé par les pesticides ? 
Depuis leur arrivée au pouvoir - et des élections manipulées par la peur ("ben qu'est-ce qu'on va pouvoir voter sinon..." dès le premier tour, c'était triste à pleurer - des fois que les Insoumis aient un programme un peu trop inconfortable, hein...) - Macron et sa horde sont en marche vers la fabrique du pire. Avec la complicité des grands médias, qui s'empressent d'envoyer des images d'incendies et de parler de casseurs là où la vraie violence, c'est celle-ci : 
Ou bien celle-là "on travaille avec l'humain" : là 
et puis là aussi
Ou encore, celle qui est dénoncée par l'ONU, l'Europe, Amnesty international : hop.... dénonciation dont se foutent bien les politiques et leurs alliés pseudo-intellectuels qui appellent à rtirer à balles réelles sur leurs concitoyens et parquer les opposants dans des stades - mais non, mais non, nous ne sommes pas en dictature... toute ressemblance avec des régimes venus du passé est à bannir...
Exemple : ... ou ... 
Et je ne parle pas, dans cet article du crime dont nous, signataires de l'Affaire du Siècle, accusons l’État : inaction climatique... en fait, un mot gentil pour dire destruction systématique de la biodiversité au profit des pollueurs et des tueurs.

Alors, oui. Il y a des violences. Plein de violences, même. pas celles que les Pujadas et autres imbéciles montrent à la télé. Mais celles que nous subissons au quotidien, tou.te.s. Celles qui empêchent de se nourrir. Celles qui mutilent et qui tuent. Celles qui détruisent la terre. Celles qui dévorent les vies. celles qui incitent à la haine. Celles qui sont le fait de l’État français. 
Un état illégitime. Liberticide. Et meurtrier. 
Il y a quelques jours, Emmanuel macron félicitait son (ex) homologue algérien qui avait la sagesse de ne pas se représenter et de tenir compte de la volonté du peuple (article ici). il serait peut-être temps qu'il tiennt compte de la volonté des #GiletsJaunes, des #StylosRouges, des jeunes #OnEstPlusChaudqueeLeClimat, de tous ceux qui pensent qu' #IlEstEncoreTemps, des profs, des urgentistes, des Français en somme, et dégage pour de bon.
Parce que la vraie violence, c'est lui.


* Dans La République, Platon prône l'existence des castes : artisans, guerriers, politiques, et l'impossibilité pour un artisan de devenir guerrier par exemple. belle ouverture d'esprit... A son époque, il était déjà critiqué, entre autres par Aristote. Dans son traité sur l'éducation, et à plusieurs reprises, Kant parle de la nécessité d'uniformiser les jeunes dès leur plus jeune âge . Comme il était aussi partisan de l'inceste par rapport à l'onanisme, il semble évident qu'il faille prendre pas lmal de distance par rapport à ses propos.
Bisous, messieurs Ferry, Blanquer et Cie.