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mardi 26 mai 2015

Mes Imaginales 2015

les Imaginales, rendez-vous annuel et tellement attendu!
Pour moi, elles seront cette année sous le signe de la lecture! En effet, en plus des maintenant très attendues "histoires à lire quand les enfants sont couchés" du jeudi soir, ce n'est certes pas moi qui m'y colle, mais je choisis les extraits, je lirai plusieurs extraits de mes romans : Lune et l'ombre, le samedi après-midi et Là où tombent les anges, lors de l'apéritif Gulf Stream, qui aura lieu le dimanche midi à l'Espace  Cours (pour l'occasion, je serai d'ailleurs en compagnie de Jérôme Noirez, Cindy van Wilder, Agnès Marot, Françoise Grard qui publient comme moi dans cette belle collection et Angela Léry, attachée de presse de Gulf Stream )





Mon programme en détails et en liens : 


jeudi 28 mai

vendredi 29 mai

16h00 — Après les surhommes
Places aux sur-femmes de la fantasy
Table Ronde
Lieu : Espace Cours

samedi 30 mai

dimanche 31 mai

11h00 — Magie et magiciens...
Pouvoir sur soi, pouvoir sur le monde !
Café littéraire
Lieu : Magic Mirrors 1
15h00 — Beaux temps sur les Utopies
Lieu : Temple maçonnique

Sinon, vous pourrez me retrouver comme d'habitude dans la bulle du livres pour des signatures et comme chaque année, de belles rencontres!

samedi 23 mai 2015

Le Pari(s) de Fanny

A quelques jours de la sortie de Fanny, quelques précisions sur le roman... D'abord, ce n'est pas parce qu'il y a une jolie fille en couverture que c'est une romance. Il y a certes quelques baisers passionnés et plus si affinités, mais ce n'est pas ce qui m'a menée par le bout du clavier (ben oui, moi, l'écriture manuscrite, comment dire...) : bien plutôt l'amitié, la difficulté d'être soi face aux normes et aux préjugés, le théâtre et... Paris. Fanny est newyorkaise d'adoption, mais répète du côté du canal Saint-Martin, endroit bobo s'il en est , mais très sympa pour déjeuner et dîner. Quant  à sa meilleure amie Sonia, elle a quelques bonnes adresses, parmi lesquelles la fromagerie Hardouin, visible ici et Puerto cacao, , ainsi qu'en extrait ci-dessous :

Le week-end est passé, pareil à un songe rythmé de brusques réveils. Samedi, j’ai hanté Facebook sur mes deux identités, j’ai récupéré pour 5 euros Jeux d’enfants en DVD d’occasion, j’ai répété mot pour mot ces dialogues que je connais par cœur. Dimanche, j’ai retrouvé Sonia à côté du marché d’Aligre, chez Puerto Cacao pour un petit déjeuner ; je l’ai suivie chez le marchand de légumes et le poissonnier ; j’ai craqué devant les chèvres et le comté de Cyrille, son fromager préféré, qui nous a fait goûter à chacune ses dernières acquisitions, et je suis allée au cinéma voir un film dont je ne me souviens pas.  

 ou encore le Rancho Dominicano rue de Lappe... 


Amitié, rôles à jouer, choix, donc. Un dernier extrait avant le 29 mai : 



Ce soir au New Morning, j’assisterai donc, dans ma nouvelle peau, au concert de cette chanteuse de blues à la voix éraillée. Je soupire, me frotte les paupières, soudain consciente de l’énormité de ma promesse. Une fausse identité pour séduire Fred ? Ivre, l’idée me semblait géniale. Sobre, je la trouve franchement stupide – d’autant que j’ai autre chose à faire. Sauf que j’ai juré craché d’aider Sonia à se venger. Je ne peux pas la laisser tomber. Et puis une petite voix dans ma tête me souffle que cela peut être intéressant de jouer le rôle de Marie. Vaincue, je me traîne jusqu’à la douche et récapitule sous l’eau chaude mon programme de la journée : me débarrasser définitivement de mon mal de tête ; boire un café, de préférence très serré ; me préparer pour l’audition que m’a obtenue Jane et foncer au théâtre de l’Atelier ; filer répéter Célimène, puis me faire une teinture et me mettre dans la peau de Marie-la-future-conquête-de-Fred ; enfin, aller au New Morning en mode « bien sous tous rapports » pour écouter une chanteuse que j’aime beaucoup. — Quand même… qu’est-ce qui m’a pris ? dis-je à haute voix, m’enroulant dans une serviette avec un soupir. La réponse est simple : Sonia est mon amie. La plus proche, peut-être, que j’aie eue à l’exception de Russel. Elle m’a demandé de l’aider à faire payer son humiliation à Fred, j’ai accepté. Pour être honnête, je n’ai pas beaucoup hésité, et pas seulement parce que j’avais trop bu. L’idée de séduire ce type, de le rendre jour après jour plus amoureux de « Marie » pour mieux le piéger m’amuse : un entraînement parfait pour le rôle de garce que je rêve d’incarner. Il y a autre chose, même si j’ai plus de mal à le reconnaître. Je crois que j’ai envie de savoir, le temps d’un mensonge, ce que ça fait d’être le style de fille que ma belle-mère porte aux nues. Le style de fille bien élevée, souriante, pas trop bruyante, qu’on épouse avant de l’oublier, la quarantaine venue, au coin d’un canapé.
Comme Carole, la fiancée de mon demi-frère. Comme toutes ces femmes que ni Sonia ni moi ne serons jamais. J’aurais pu devenir l’une d’elles. Il aurait suffi de peu : une étincelle trop timide pour embraser mon cœur de comédienne, une volonté trop faible pour résister à la pression de Françoise et de mon père. Certains soirs, quand je doute de moi, quand je suis lasse de me battre pour des rôles que je n’obtiens pas, pour exister comme je l’entends, je regrette de ne pas avoir étouffé cette flamme. Je me dis que les metteurs en scène qui ne me laissent jamais faire mes preuves ont raison : je n’ai pas l’étoffe d’une Chimène. Je ferais mieux de changer de voie pendant qu’il en est encore temps. En devenant Marie, je saurai peut-être ce qu’aurait été ma vie si je n’avais pas lutté.


mercredi 6 mai 2015

La loi du silence

Depuis la sortie de Mots rumeurs, mots cutter, je reçois régulièrement des demandes d'interviews en lien avec le cyber-harcèlement (le drame de la semaine dernière en est d'ailleurs une conséquence). On me demande pourquoi cela me touche, si c'est du vécu, si j'ai fait des recherches, mais également pourquoi Léa, l'héroïne du roman graphique, ne parle pas - à ses parents, à des adultes bienveillants et s'il existe des solutions.
Ce matin, en répondant au "pourquoi Léa ne se confie-t-elle pas?", l'un des premiers trucs qui m'a sauté à l'esprit, c'est "la loi du silence". Quand on est petit, on apprend que "rapporter, c"'est mal", que ce sont les "fayots", chouchous" et autres petits être chafouins et mesquins qui le font, qu'on ne dénonce pas ses copains, quitte à récolter une punition/ heure de colle collective. En somme, qu'on la ferme. Quand on est exclu, on perd peu à peu toute estime de soi, on se noie dans une solitude de plus en plus prégnante, on est isolé - mais la plupart du temps, peut-être par une espèce de processus complètement délirant qui s'apparenterait au syndrome de Stockholm, ce qu'on veut, c'est retrouver le groupe, être accepté (je dirai, quelque part, qu'être bouc émissaire, c'est d'une certaine façon avoir un rôle à jouer). Or, la règle n°1 du groupe, c'est... de ne pas trahir. Ça ressemble un peu à l'armée. Loi du silence. Ce qui se passe dans la caserne reste dans la caserne.
Parfois, on est au-delà de cela. On est si mal qu'on ne sait plus parler ou comment exprimer sa souffrance, comme l'exprimer avec des mots, en tous cas. On se renferme, on se recroqueville, on disparaît peu à peu. On met un mur entre soi et les autres - un mur si épais que les parents ne savent plus comment le franchir. Et quand il le franchissent, parviennent à obtenir des confidences, vont au collège s'entretenir avec d'autres adultes (principal, profs, parents du ou des harceleurs), le résultat est parfois à l'inverse de ce qui était espéré : la victime a trahi ses bourreaux, est encore plus ostracisée. Les adultes sont débordés, indifférents, mal à l'aise, pas toujours capables de réagir.
Ce matin, je me suis rendu compte, ou plutôt, j'ai mis des mots sur le fait qu'à la source du cyber-harcèlement, il y avait le harcèlement tout court. Et que ce harcèlement était un monstre multiforme : à l'école, au travail, moral, etc. dont la nature demeurait la même : la victime et les bourreaux, l'individu et le groupe, le bouc émissaire, la fragile frontière entre le bien et le mal, la soumission à l'autorité...
Soit un groupe d'individus donnés. L'un devient la cible des autres, pas de tous mais d'une ou deux "fortes têtes", qui se veulent plus charismatiques, mais sont juste en général plus méchants et plus brutaux que les autres. Rapidement, il est ostracisé. Mis à l'écart. On se moque de lui, on le bouscule. Ceux qui ne sont pas d'accord ont honte de ne pas agir et de baisser les yeux, mais comme le bouc émissaire les renvoie à leur propre lâcheté, ils l'évitent encore plus... Sans compter que les enjeux sont parfois élevés : une vie sociale (au lycée, ça compte^^), un travail (voir un collègue ou un ami malmené, mais ne rien pouvoir dire de peur de perdre son job), etc.
La loi du silence, donc.  Ou de la tête baissée.
Humaine avant d'être adolescente.
Vous me direz, avec le cyber-harcèlement, il y a autre chose. les harceleurs sont derrière leur écran, ils détruisent pour le plaisir, ils assassinent à distance. Ils n'ont plus l'excuse du regard de l'autre, puisqu'il n'y a pas de regard du tout. Ben là, je dois avouer... Je suis sèche. Pas de réponse, pas de piste en dehors de celles des mots qui se finissent en "pathes" (socio, psycho). Parce que je ne suis pas sûre qu'avec tout ce qui circule sur le Net à ce sujet, les bourreaux du Net ne soient pas conscients du mal qu'ils font...

Mini biblio, de mémoire, sur ces thèmes : Frangine de Marion Brunet, Une sonate pour Rudy, de Claire Gratias, Un si fragile vernis d'humanité, de Michel Terestchenko, Le Bouc émissaire, de René Girard.