Après Fanny, c'est au tour de Lacenaire, assez remonté, de profiter de ce blog ouvert...
Il y a des instants et des périodes dans l’existence où l’on ne peut plus accepter d’entendre tout et n’importe quoi. C’est un constat tardif, je l’admets, évident, je suis d’accord, mais qui nécessite d’être écrit, dit. Exemple ?
« … Brasserie populaire… » (En évoquant, tout le monde s’en souvient, le Fouquet’s, maintenant célèbre).
« … civilisations supérieures… » (Flottement dans l’assistance, tort réparé par la réponse de Mr Letchimy à l’auteur de ces mots, malgré la déroute du gouvernement et des élus UMP).
« … l’homme africain doit entrer dans l’histoire… » (Là, je paraphrase le fameux discours de Dakar).
Au-delà des fautes historiques, humaines, de l’ignorance ou de l’ignorance ainsi feinte, ce qu’il faut retenir c’est que ces aberrations ont été dites par des sommités, que dis-je ? Des représentants de l’Etat Français. Et ça, ça la fout mal.
Parce qu’au travers de ces paroles lourdes de conséquences, c’est nous autres, du peuple de France, d’origine incontrôlable, qui sommes concernés en premier lieu. D’abord parce que quoi que nous en pensions, quelle que soit l’estime que nous leur portons ou nos griefs à leur égard, ce sont nos dirigeants élus qui profèrent ces idioties. Ensuite parce que ces paroles resteront dans l’Histoire et que ce sera un travail de longue haleine que de revenir dessus.
Et si aujourd’hui je me permets d’intervenir à ce sujet, c’est qu’une fois de plus, pendant la campagne électorale, une dépêche de l’AFP a vite disparu des radars. A savoir que Mr Eric Besson, ministre de l’Industrie, s’est rendu à Fukushima, là où « s’il y avait eu des réacteurs EPR, il n’y aurait pas eu de fuites » (Anne Lauvergeon, directrice d’Areva, dans les jours qui ont suivi la double catastrophe).
A en croire cette dépêche, Mr Besson s’est rendu devant le bâtiment de la tranche 4, et a lâché ceci, petite perle qui n’annonçait pas la bombe à venir :
«Dès l'accident qui a frappé cette centrale, nous avons voulu marquer la solidarité du gouvernement français et la collaboration de l'industrie nucléaire française avec le Japon».
Ou pas, puisque nos dirigeants paniqués ont d’abord appelé tous les ressortissants Français à quitter manu militari l’archipel nippon.
Fort de cette affirmation pour le moins teintée d’amnésie sélective, Mr Besson, tout de même ministre du président-candidat, a poursuivi sa visite. Du centre antisismique de contrôle des opérations au front de mer, il n’a pas ôté sa combinaison de sécurité, semblable à celles que portent les 3000 employés de TEPCO. Puis, devant ce même océan, il l’a sortie, sa bombe : le voilà « rassuré ». Finalement la situation est moins dramatique qu’il n’y parait (à ce stade la dépêche elle-même paraphrase). Ainsi donc, en France comme en Turquie ou encore en Inde, nous pourrons poursuivre nos chantiers sur des failles sismiques, déplorer plusieurs milliers « d’incidents » nucléaires, voir des fours exploser « sans rejet de produits radioactifs », etc.
Ouf. On peut souffler. Puisque Mr Besson « continue de croire à un nucléaire civil avec le plus haut niveau de sécurité, nous comptons sur vous pour redonner vie à ce secteur», laissons-lui sa chance. Il aura effectué un déplacement à Fukushima, le 21 février dernier, pour nous prouver combien on peut dire n’importe quoi, n’importe où, sans se soucier de la substance du discours, de ce qu’il implique.
Une fois de plus.
L’élégie de l’énergie atomique à Fukushima, ce serait comme l’apologie de la supériorité des civilisations sur l’île de Gorée. Mais je suppose que d’autres y ont déjà songé. Bref, plutôt que de les laisser parler, évoquer à tort et à travers des sujets auxquels ils ne maîtrisent rien et ensuite seulement s’insurger, il serait peut-être temps de leur montrer courtoisement la sortie – par les urnes.
Comme le conclut la dépêche : « En près de deux heures, il (Mr Besson) a reçu une dose d'environ 40 micro sieverts*, 200 fois supérieure à celle absorbée pendant la même durée dans un environnement non contaminé ».
J’espère pour lui qu’il n’en a pas conçu un mélanome – ce ne serait pas très malin.
* impact des rayonnements sur l'homme.
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