Derniers articles

lundi 14 novembre 2011

Soyons verts... alistes

Revue de presse Mediapart 1:

En ce moment  en Europe : 
Les marchés, c'est-à-dire les banques et autres établissements financiers (fonds de pension, hedge funds, fonds d'investissement, etc.). Leurs partenaires européens, c'est-à-dire Angela Merkel, Nicolas Sarkozy, les dirigeants de la banque centrale européenne (BCE) et de la commission européenne, déclarant agir au nom de ce qu'ils présentent comme leur devoir : circonscrire l'incendie, sauver l'euro, l'Europe (et se sauver eux-mêmes).
En moins d'une semaine, trois hommes viennent incarner et prêter leur visage aux coups d'Etat des marchés.

-Mario Draghi : ce banquier, vice-président de la banque d'affaires Goldmann Sachs-Europe qui avait aidé la Grèce à maquiller ses comptes, puis gouverneur de la banque d'Italie, prend la présidence de la Banque centrale européenne

- Lucas Papademos : cet ancien dirigeant de la banque centrale grecque (1994-2002), puis ancien vice-président de la BCE durant huit ans (2002-2010), et qui depuis ces deux postes ne pouvait rien ignorer des faux comptes grecs, devient premier ministre grec. Sa condition : un gouvernement d'union nationale qui va de la droite extrême au parti socialiste. 

-Mario Monti : cet économiste de la droite libérale, commissaire européen en charge du marché intérieur puis de la concurrence durant dix ans (1994-2004), et à ce titre acteur déterminé de la dérégulation des marchés européens, nommé mercredi sénateur à vie, doit devenir premier ministre italien. Sa condition : un gouvernement d'union nationale qui devrait aller de la xénophobe et populiste Ligue du Nord au principal parti d'opposition de gauche à Berlusconi, le Parti démocrate.

Et pendant ce temps...
En France, deux solutions à "la crise" : l'austérité libérale façon UMP - jacuzzis et gros navions pour les uns, augmentation de la TVA (livres, etc.) et perte d'acquis sociaux pour les autres OU austérité un peu moins libérale mais quand même si (on se souvient de l'engagement de Manuel Valls aux côtés de Hollande sur ce point). 

Miam, miam... Non ? Non. Non, vraiment, non. Surtout qu'il y en a d'autres, l'une beaucoup plus à gauche avec Mélenchon, l'autre beaucoup plus verte avec Europe-Ecologie - ce ce d'autant plus que ce dernier parti s'insère dans un projet commun  du parti écologiste européen... 

Revue de presse de Médiapart II :

Auteur de Pour éviter le krach ultime et membre du conseil fédéral d'Europe Ecologie-Les Verts, Pierre Larrouturou dénonce l'inaction des dirigeants européens, et l'aveuglement d'une partie de la gauche.
...  quand vous parlez de mettre en œuvre l'accord européen du mois dernier, cela signifie-t-il qu'il faut appliquer les plans austérité pour les Grecs?
Non. Ce n'est pas aux citoyens de payer l'addition. En 2008, tout le monde, y compris Sarkozy dans son discours de Toulon, disait qu'il s'agissait d'une crise du capitalisme et qu'il fallait rétablir la justice sociale, et mettre en place de vraies régulations. Trois ans plus tard, avec la Grèce, on assiste à un retournement intellectuel dramatique: on voit partout Alain Madelin qu'on croyait disparu!
C'est l'Etat providence qui est sur le banc des accusés alors que tous les chiffres montrent que partout, sauf en Grèce où l'Etat ou plutôt le non-Etat porte aussi une responsabilité, la crise vient des inégalités dans le secteur privé. Si on est d'accord avec ce diagnostic, mettre en place des plans d'austérité, c'est humainement scandaleux et économiquement stupide. Puisque cela va aggraver le problème.
En trente ans, la part des salaires dans les pays occidentaux est passée de 67% du PIB (produit intérieur brut) à 57%. C'est 10% du PIB qui vont aux actionnaires au lieu d'aller aux salariés. Au total, en trente ans, c'est 150% du PIB qui auraient dû aller aux salariés et qui sont partis vers les marchés financiers. Sans que cela profite à la recherche et l'investissement des PME. Donc oui, il y a un vrai problème de dette publique: en France, elle est à 86% du PIB.
Mais on peut dire que la dette des marchés financiers vis-à-vis des peuples est de 150% du PIB! J'aimerais que la gauche le dise clairement. Certains dirigeants de gauche aujourd'hui vont sur le terrain de la rigueur. Le débat se résume parfois à l'alternative entre une rigueur de droite et une rigueur de gauche. Ce n'est pas la question!
Comment expliquez-vous qu'une partie de la gauche joue cette partition de la «responsabilité» et de la nécessaire rigueur budgétaire?
C'est troublant, mais un certain nombre de nos dirigeants ne mesurent pas la gravité de la crise. Certains sont aussi poreux au poids des lobbys... 

Eh oui, comme aux Etats-Unis! 

Malgré une récente défaite à Berlin, les Verts allemands ne cessent de progresser dans les scrutins régionaux. Ils président désormais un des Länder les plus riches d'Allemagne, le Bade-Wurtemberg...

 [Et au passage, NDLB : c'est fou le nombre d'emplois créés en Allemagne depuis que, sous l'influence des verts, ils sortent peu à peu du nucléaire et des énergies "polluantes"....]

. A deux ans des élections fédérales, Cem Özdemir, le co-président des Grünen, revient pour Mediapart sur les solutions à la crise européenne et plaide pour un rééquilibrage des politiques d'austérité. C'est un infléchissement dans le discours de ce parti, jusque-là très empreint de rigueur budgétaire.

Le congrès du parti vert européen, réuni du 11 au 13 novembre, a adopté une «Déclaration de Paris», dans laquelle vous êtes parvenus à surmonter vos désaccords presque historiques sur la politique économique. Qu'est-ce qui a changé?
Je ne peux pas parler pour les Français. Mais je peux dire que les Verts allemands ont changé. Nous parlons davantage qu'avant du « Green new deal » (http://www.greennewdealgroup.org/) et du fait qu'on ne peut pas sortir de la crise seulement avec des mesures d'austérité. Car elles ne font que l'aggraver. Bien sûr, en tant que Verts allemands, nous sommes aussi allemands et nous ne pouvons donc pas mettre de côté la peur de l'inflation. Mais aujourd'hui, le risque encore plus important en Europe et en Allemagne, c'est le risque inverse, celui de la récession.
Il faut savoir regarder son pays avec de la distance. Je crois que ce qui m'a le plus choqué avec l'échec du référendum en Grèce, c'est la très mauvaise communication entre les dirigeants européens.
On a une petite minorité de responsables qui ont fait les programmes Erasmus, se croisent dans les réunions européennes, et une masse de gens qui ne connaissent de leurs voisins européens que leurs souvenirs de vacances... Cela se reflète dans la classe politique ! Combien d'élus ou de responsables de partis ont le numéro de téléphone ou le mail de leurs collègues dans les autres pays européens, s'appellent de temps ou temps pour discuter ou s'envoient les documents qu'ils ont élaborés? Très peu.
Nous faisons l'Europe avec des dirigeants qui, pour la grande majorité, n'ont appris à réfléchir que dans le cadre des Etats-nations. Cela se voit. En Allemagne par exemple, qui connaît la situation espagnole ? Le fait qu'il y a 50% de chômage chez les jeunes ! A l'inverse, il y a aussi des spécificités en Allemagne, qu'il faut comprendre...
Quel regard portez-vous sur le débat nucléaire en France ?
Je suis plutôt optimiste et confiant. Quand on voit que la 4e puissance économique du monde, l'Allemagne, y a renoncé avec le soutien de quatre partis sur cinq au parlement – et le cinquième était contre car le processus n'était pas assez rapide –, avec la coopération des entreprises et des syndicats, c'est bien le signe que nous ne sommes pas tous fous! Ou que les Verts, shootés à la marijuana, ont infusé de force tout le pays! Tout le monde a compris que c'est possible. C'est possible de renoncer au nucléaire en ayant de la croissance économique, des prix de l'énergie supportables, sans dépendance extérieure.

La crise rapproche les Verts européens.
Cette fois, ils sont parvenus à un accord avec leurs homologues européens en votant dimanche à la quasi-unanimité une «Déclaration de Paris», qui décline douze propositions contre la crise et pour relancer le projet européen. Les écologistes veulent renforcer le Fonds européen de solidarité financière, pour en faire à terme un Trésor européen, annuler au moins 60% de la dette grecque, recapitaliser les banques, «rééquilibrer l'approche unique d'austérité», réguler la finance, et une nouvelle convention européenne, assortie d'un référendum pour davantage de fédéralisme.
«Les Allemands ont fait adopter un amendement qui précise qu'il faut faire attention à la soutenabilité des finances publiques, précise Stéphane Sitbon, codirecteur de campagne d'Eva Joly et membre de la direction du Parti vert européen. Mais c'est la première fois qu'on parvient, au niveau européen, à se mettre d'accord sur autant de mesures précises avec une orientation à gauche. C'est vraiment une politique commune contre les plans d'austérité.»   
[...]Au terme de longues semaines de discussion, et grâce au travail commun du groupe vert au parlement européen, les Allemands ont accepté une condamnation claire des plans d'austérité en Europe et les Français ont intégré la nécessité d'un contrôle budgétaire en échange de la solidarité européenne. «Les Grünen se sont gauchis et Europe Ecologie-Les Verts ne peuvent plus dire "y'a qu'à, faut qu'on"», résume l'eurodéputé français Pascal Canfin. Le tout sur fond de quasi-unanimisme sur l'attachement à la construction européenne, qui fait, plus que dans d'autres familles politiques, partie du code génétique des écologistes.

Et pendant ce temps, à La Défense.... Revue de Presse Médiapart III :  

Vendredi 11 novembre, 16 heures. Sur le parvis de la Grande Arche de la Défense, tapissé de pancartes, «la dette, c'est du racket(tte)», «regarde ta rolex, c'est l'heure de la révolution», c'est jour de kermesse démocratique et de «step» sur les marches «pour bouger le cul de la France». Tour à tour, des «Indignés» se succèdent au micro, sous les applaudissements d'une foule en délire assise en tailleur et sous le regard impassible des CRS.
  Les «Indignés» sur les marches de la Grande Arche de la Défense, samedi 11 novembre© RA
Des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, refont le monde, avec leurs mots à eux. La parole est libre, spontanée, le fil décousu, les voix furieuses, tonitruantes. Certains se sont maquillés en clowns, d'autres portent le masque du mouvement cyber activiste anonymous. «Mal logés, mal payés, précarisés», ils disent tous payer de leur santé les crises économique, sociale et environnementale. Entonnent le même refrain : «Nous sommes les 99% qui refusent que le 1% décide pour nous. Nous sommes les Indignés, la créativité, les rires, les sourires, les vrais acteurs de ce monde.»
Un salarié des hôpitaux, qui en a «assez des guerres, des banquiers, des gouvernements», appelle au «réveil des consciences». Un jeune papa, licencié d'un cabinet de conseil en marketing, demande s'il doit «apprendre à son enfant à voler, mépriser les gens». Une enseignante, fille d'ouvrier, fustige «ces rapaces de la finance qui nous entourent», en levant les yeux au ciel, vers les gigantesques tours qui les encerclent. Un photographe, qui projette de photographier les «indignés» du monde entier, propose de faire «une action chez Areva, EDF, GDF-Suez à nos pieds». Un Espagnol, parmi les premiers à camper à la Puerta del Sol à Madrid, transmet son savoir-faire en matière de désobéissance civile.
  Au micro, les témoignages personnels se succèdent© RA
«Tout ce qui se dit est consigné par écrit dans un cahier par une bénévole et sera étudié par les groupes de travail en cours de structuration», explique Axel, la modératrice qui a accroché une pancarte à son manteau: «je pense donc je gêne ?». La jeune femme veille au bon déroulement de l'assemblée populaire, montre la gestuelle empruntée à la langue des signes pour manifester son accord ou son désaccord. «Il n'y a pas de chef, insiste-t-elle. Tout le monde s'écoute. Soyez patients. On va lentement parce qu'on va loin. Ce mouvement est pacifique, sans bannières, ni étiquettes politiques, syndicales». Jérémy est «scotché». Ce chômeur de 25 ans, fraîchement arrivé sur Paris, avait entendu parler du mouvement à la télé. C'est la première fois qu'il rejoint les «Indignés». Il n'imaginait pas une telle «énergie», une telle «agora».

Vous pouvez lire l'intégralité de ces articles sur Médiapart: par ici.
Vous pouvez rejoindre les Indignés si vous en avez l'envie, le cran, le temps, vous pouvez écrire, relayer, signer des pétitions, dessiner, bouger... je suis peut-être naïve, mais j'ai l'impression que les gens ne sont pas si aveugles que l'on veut nous faire croire. Et que la dictature de la médiocrité libérale, ça commence vraiment à bien faire...

4 commentaires: