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mercredi 25 juillet 2018

Drôle de corps

Ce billet ne sera pas politique. Ni social. Enfin, si, peut-être, un peu. Mais pas sociologique. plutôt de l'ordre de l'intime, en fait. Voilà, je suis maladroite (et étourdie). Je suis tout à fait capable de passer plusieurs jours sans casser quelque chose, je suis à ma grande surprise capable de marcher sur hauts talons sans me tordre la cheville, mais si je me perds dans mes pensées ou que je susi sous l'effet du stress, c'est juste la catastrophe : je tombe, je casse, ou je me paralyse - genre, comme si mon cerveau se mettait en mode "off" - il n'y a plus personne, merci, au revoir. Ce phénomène de "trou noir", forme de trac tout à fait classique, m'a valu quelques déconvenues scolaires, mais ce n'est pas le propos. Le propos, c'est ce drôle de corps qui n'a toujours pas compris que les angles étaient droits, que la gauche et la droite correspondaient à des directions, que les pieds ne sont pas forcés de s'emmêler si je réfléchis à un truc en même temps que je marche... 
Bref. 
J'adore danser. Genre, tango, flamenco, valse. Le problème, c'est que je suis incapable de reproduire les mouvements que l'on m'enseigne. Mon corps et mon cerveau sont complètement dissociés - j'ai le souvenir absolument affreux de cours en groupe, face à un miroir, où tout le monde arrive à reproduire les gestes de la prof, alors que je suis décalée, à côté, à contretemps ou à l'envers. 
A cheval, je rencontre des difficultés assez similaires. Jusqu'à ce matin, - parce que j'ai décidé de prendre le taureau par les cornes et de voir comment dépasser ça - j'étais persuadée d'être juste "pas douée", un peu "décalée", assez ridicule parfois et pas très à l'aise en dépit de l'absolue conviction d'être à ma place dès lors que je suis avec eux (les chevaux). Avec Keyrann, je ne me suis jamais posé de questions, parce que nous avons essentiellement été à l'extérieur, , parce qu'en milieu naturel, randonnée, etc. il n'y a pas d'angles (et puis tout devient un jeu, hop la branche de l'olivier, hop les zigzags entre les arbres). Avec Shen, que j'ai d'abord du travailler à pied, je passe mon temps à m'interroger et douter. Comme j'ai deux mains gauches, j'ai utilisé d'autres outils avec lui (stick plutôt que corde, travail en liberté plutôt que longé)  et progressivement j'ai essayé de réduire le plus possible mes déplacements, mes gestes - même si c'est parfois compliqué - pour le moins désordonnés. Shen est capable, quand on travaille ensemble, dans un environnement calme ou maîtrisé, de répondre à des très légères sollicitations. Mais s'il y a de nouveaux apprentissages, et dans des conditions inhabituelles, c'est la cata - je panique, il panique, on stresse, et c'est n'importe quoi. Le souci, c'est que sachant cela, et anticipant mes propres incapacités, je suis déjà en perte de repères, et donc de coordination - et, en conséquence, de confiance en moi. Dans ces cas-là, je sais que je suis aussi fermée que lui, aussi hermétique à ce qu'on peut me dire que lui... et c'est par une personne extérieure que peut venir la solution parce que je n'ai plus du tout de moyens. Objectivement, c'est rageant, de rêver de faire des trucs et de s'en rendre compte qu'on en est incapable.
Bref, ce matin, de bonne heure, je décide de chercher des méthodes pour travailler sa coordination. Je me dis même qu'en kinésiologie, ça doit être possible. J'entre donc "maladresse", "problèmes de coordination" dans les moteurs de recherche et je tombe sur : ce lien, celui-ci, et celui-là, etc. (j'ai repéré aussi pas mal de trucs liés à l'hypersensibilité et à la douance, mais ce n'est pas le sujet, enfin, pas exactement...)
Dyspraxique, moi ? 
"Plusieurs signes permettent de reconnaître une dyspraxie :
- mauvaise coordination des gestes volontaires
- maladresse
- difficultés à s’orienter dans l’espace (sens de l'orientation, droite et gauche, etc.)
- difficultés à dessiner et à écrire
- difficultés à utiliser des objets (ciseaux, règle, compas…)
- difficultés à réaliser des puzzles et des jeux de construction
- fatigue lors de l’apprentissage de nouveaux gestes" (si on remplace par stress, ça fonctionne)
Bien sûr, je suis "rêveuse", "distraite", etc. Mais franchement... Ça m'a fait tilt. Bien sûr, je vais  "faire des efforts", "m'entraîner", etc. Mais maintenant que je sais comment, pourquoi, je me dis surtout que je vais pouvoir le faire de la bonne manière, pas en essayant de reproduire l'impossible sans me donner le temps et en me traitant de nulle parce que je n'y arrive pas.  







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