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mercredi 14 mars 2018

Un pont entre les genres

Un long silence, depuis mon dernier passage. Entre-deux, le mouvement #PayeTonAuteur, initié par La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse et le SNAC BD a réussi à faire plier le son LivreParis, qui rémunérera tous les intervenants pour leur participation à des tables rondes. Belle victoire, quand on sait à quel point la situation de nos professions (écrivain-e-s, dessinateur-trice-s, scénaristes, etc.) est précaire. Non, la participation à un salon, à des débats, conférences, etc. n'est pas de la promotion. C'est un travail. 
Mais ce n'était pas de cela dont je souhaitais parler dans cet article. 
C'était de la littérature dite "young adult". Considérée il y a quelques années comme un épiphénomène marketing, ce genre plurivoque explose auprès du public, au point que le même Livre Paris lui consacre une scène. On regrettera juste l'absence de deux collections emblématiques du genre, y compris dans les conférences réservées aux professionnels, celle d'Exprim (Sarbacane) qui existe depuis 11 ans maintenant et affiche depuis ses débuts sa youngadultittude et celle de la plus jeune Electrogène (Gulf Stream éditeur), qui propose des récits forts, originaux, dès 15 ans...

Pour la peine...
 

Voilà. Je me sens mieux.
Pour l'autrice que je suis, le young adult, c'est une littérature d'exploration, d'expérimentation, de respiration : un pont entre les différents genres, parce qu'on peut y trouver de la fantasy, du réalisme noir, de la poésie, etc.un pont entre les âges, parce qu'ils s'adresse aussi bien aux adolescents qu'aux adultes, s'affranchissant de certains codes qui enferment à la fois la littérature dite adulte et celle destinée aux plus jeunes. 
On me dit cependant que "le young adult ne se vend pas", que "les libraires ne savent pas où le placer". Au hasard ? Detroit, vous pouvez le mettre au rayon polar, au rayon ado.  Songe à la douceur trouvera aussi bien sa place chez les ados qu'en littérature générale. Encore un peu d'aide ? En continuant avec les mêmes ? Bloc de haine, de Philippe Arnaut: rayon ado, rayon société (comment devient-on facho)? Celle qui venait des plaines, mon petit dernier ? rayon ado, toujours. Et rayon "western" ou "histoire".  
Je trouve extrêmement triste qu'en France, on continue à compartimenter à ce point les genres, à catégoriser, juger au lieu de considérer cet hybride aux multiples facettes qu'est le young adult comme une merveilleuse opportunité de partage entre les lecteurs et de créer des ponts entre les multiples pays de la littérature, voire d'en abolir les frontières. 

#YoungAdult #Exprim #Electrogene

 

3 commentaires:

  1. Le "young adult" est-il un genre ou un type de lecteur ? Parmi les "jeunes adultes" j'en connais qui sont restés fidèles à un auteur de leur enfance, qui ont grandi avec lui, à moins que ce ne soit l'auteur qui ait grandi avec eux. Il y a sûrement aussi, comme vous le dites, l'idée de créer un pont, là où il y avait un mur, entre la LJ et "l'autre", celle à laquelle un auteur jeunesse "pure player" n'arrive pas à -ou ne veut pas - donner de nom. Il y a aussi la volonté, plus ou moins consciente de la part de l'éditeur, de jouer un peu dans la cour des grands, espérant un jour être invité à La Grande Librairie, comme les "autres". De (dé)montrer que la LJ c'est de la "vraie" littérature tant le dédain des médias pour elle, en France du moins, est grand. Franchir le pont, mais aussi traverser le plafond de verre, les images ne manquent pas, que convoque cet anglo-saxonnisme, un peu snob parce qu'il recouvre peut-être un complexe de désirs et de frustrations qu'on préfère ne pas nommer directement en français.

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  2. oui, tout à fait d'accord. D'autant que je suis sûr que pour certaines reprises en poche, on change la couverture et on trouve ça dans des rayons "adultes". Ou encore, comme Harry Potter en son temps, on le trouve dans les deux avec une couverture différente. Bref, c'est une situation paradoxale pour une catégorie qui est sensé briser les murs de se retrouver souvent enfermée.

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    1. Oui, je crois que c'est le cas de Vango, par exemple. En Allemagne, je sais que Simpel (= Simple) de Marie-Aude a été "retraité" de la même façon et la nouvelle couverture reprend l'affiche d'un film que les Allemands en ont tiré, fin 2017. La polyexploitation d'un roman (BD, téléfilm ou film) favorise l'effacement des frontières assignées au lectorat.

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