Derniers articles

mardi 13 octobre 2015

Jeu littéraire, joyaux littéraires

Je souhaite vous faire partager quelques extraits de romans qui m'ont particulièrement marquée, lorsque je les ai lus. Pour leur style, pour leur contenu, leur humanité, les questions qu'ils posent. Mon choix est loin d'être exhaustif, c'est une question de place surtout. Ce ne sont pas quelques perles isolées dans une nasse de gris. Ce sont des éclats, épars, dans une mer de belle littérature. A vous de trouver d'où ce florilège est tiré...

 Le sol était dur comme la pierre. il n'a pas plu depuis des lustres. J'ai creusé comme j'ai pu, jusqu'à en avoir mal aux mains, puis j'ai tiré le corps dans le trou à la clarté de la lune.
Il affleurait à la surface du sol. Ce n'était pas assez profond, mais je ne pouvais pas davantage. Avant de le recouvrir de terre et de grosses pierres que les sangliers et les lynx ne pourraient pas déplacer, j'aurais voulu voir son visage une dernière fois. Mais sous le foulard bruni, ce n'était plus un visage. Alors, je me suis allongée sur la terre remuée et j'ai posé ma tête sur la poitrine inerte. Un souffle d'air remuait les feuilles des chênes verts et, de temps en temps, le cri d'une hulotte transperçait l'odeur de la terre. 

Il y a des choses que tu sais ne pas être pour toi. Tu ne sentiras jamais le frisson sur la peau de quelqu'un grisé par ta main. Tu ne devineras pas sa timidité en sentant sa paume devenir moite contre la tienne. tu ne pourras jamais vivre ton premier baiser parce qu'il serait fatalement le dernier pour l'être aimé. Tu ne connaîtras pas les plaisirs de la chair puisque cela ferait de toi un assassin.

- Gamin capricieux ?! on est baisés si on reste ici, Ban! A la merci de ceux qui pensent à notre place et qui veulent nous écraser la gueule! Je te parle pas d'aller se la couler douce dans les îles, mais de tenir les rênes de ton existence, et d'apprendre à vivre autrement.
- Marius, je peux pas!  J'ai des responsabilités! c'est un truc que j'ai mis un bout de temps à comprendre, et c'est rentré, crois-moi! tu as sûrement le droit d'être en colère contre ton père, mais regarde aussi comment il a trimé pour t'élever, regarde sa détermination à croire en vous... Et regarde le mien : c'est peut-être un beauf, mais il connaît la valeur du travail, de la vie! je vais pas tout faire exploser pour partir dcouvrir le monde!

 Dès qu'elle avait entendu l'écho du galop, bien avant d'apercevoir le cavalier, son coeur s'était emballé. Arthur avait fondu sur elle pour faire piler l'animal au dernier moment, dans un tourbillon de poussière ponctué d'un hennissement quelque peu effrayant. Il avait mis pied à terre et s'était incliné devant elle en bafouillant qu'il passait là par hasard en se rendant chez des amis à Kilmaine. Puis il lui avait posé toutes sortes de questions sur sa vie à Ballinrobe. Ses maîtres étaient-ils genisl avec elle ? Ne trouvait-elle pas pénible d'obéir du matin au soir ?

Au nord, il y a un petit ru. Au printemps, il chante. En hiver, il reflète la lumière du soleil couchant. Ne manque as ces moments. Ils sont importants. Ils ont autant de valeur que la musique que tu écoutes pour te protéger du monde. Mais ici, tu n'as pas besoin de casque. C’est différent. Ouvre tes oreilles, mon garçon, tu entendras peut-être le son de la neige. Au début, on n'y fait pas attention, puis doucement, elle parle. un craquement, une plaque de glace qui se fissure. un amalgame blanc qui se détache d'un arbre. Le pas d'un animal qui s'enfonce dans sa carapace gelée. [...] Tu es gêné. Je te vois sourire. Rassure -toi. Ici, personne ne se moque de qui s'adresse à la nature. Car elle est tout. Car elle est ta force. 

En maternelle, Malo était mon meilleur ami. A l’époque il n'était ni bête ni méchant. On rigolait bien. On se fabriquait des crottes de nez en pâte à modeler. On s'invitait à jouer chez l'un, chez l'autre. on prenait des bains ensemble, on faisait des batailles d'eau et on se donnait des claques de gants de toilette. Ensuite, on s'est retrouvés dans la même primaire, et on a continué à venir goûter l'un chez l'autre et à jouer à Mario Kart. c'est le CM2 qui nous a un peu séparés. Il a trouvé des potes qui lui on dit, Tain, Malo, ta copine Mireille, c'est un gros thon. Elle est moche comme son cul. Peu à peu il s'est dit, Tain mais c'est la vérité, j'ai pris des bains avec un gros thon, j'ai donné des claques de gants de toilette à une fille moche comme un cul. Et au collège, c'était plié.

La mer avait retrouvé son aspect normal. Celui d'un immense lac parfaitement paisible qui, en d'autres circonstances, aurait suscité le rêve et l'espoir des naufragés. Le ciel aussi devenait plus clément. la pluie avait cessé. par endroits, les nuages se déchiraient pour laisser apparaître les étoiles. 
A présent, les survivants dérivaient dans une direction inconnue. Seul le clapotis des vagues contre l'épave troublait le silence saisissant de l'immensité qui les entourait. dans l'obscurité, Sam évalua le nombre de rescapés sur la coque à une trentaine. Ils devaient être autant dans l'eau, accrochés pour ne pas couler.  [...] Était-ce là le tribut à payer pour entrouvrir les portes de l'Europe ?  

- Doucement. 
Le mot, soufflé dans sa nuque, le paralysa de terreur. La mémoire lui revenait, des souvenirs flous mais vivants [...] Saisi d'une terrible certitude, le jeune homme sut soudain qui se tenait dans son dos. Qui l'avait nourri et avait étanché sa soif. Qui l'entourait de ses bras dans une étreinte jalouse. Qui se réjouissait des battements de son cœur affolés. 
 Au prix d'un terrible effort, il tourna la tête vers la gauche. Il se mordit les lèvres pour ne point hurler quand il croisa les prunelles de nuit du Chasseur. 



... et de choisir, à votre tour, d'autres joyaux littéraires - ils sont nombreux - dans un genre que trop souvent, vous mésestimez.

L'étoile noire, L. Bathelot ; Apocalypsis, E. Esseriam ; Les géants, B. Minville ; L'Anneau de Claddagh, B. Nicodème ; Coeur sauvage, F. Fernandez ; Les Petites reines, C. Beauvais ; La Traversée, J-C Tixier, Les Outrepasseurs, C. van Wilder.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire