J'écris, en ce moment, un roman qui se passe entre 1912 et 1920. Un roman YA. Un roman qui parle de la fin d'un monde, de la guerre, mais surtout, surtout, de femmes. Pas de serial killer, pas d'espionnage, de fuite, de quête, de meurtres à résoudre, d'amour impossible (quoi que...), de cheval à sauver, de vengeance à accomplir, bref... C'est une espèce de fresque chorale, sans cliffhanger, un ensemble de destins croisés... Et ça me fait tout drôle de ne pas être portée par une intrigue. Non qu'il n'y en ait pas! Attention! Mais c'est juste que, par rapport à mes derniers romans, j'ai le sentiment d'avancer hyper lentement. Je suis le rythme des mois, des événements. Le Parsifal de janvier 1914. La bataille de la Marne,etc. Et chaque personnage suit sa destinée sans qu'il y ait nécessairement le monde à sauver toutes les deux minutes.
Pour ceux qui connaissent un peu ce que j'écris, on est plus proches de Cytheriae que de Proie idéale, par exemple.
Ou, histoire de caser des séries, on est plus dans du Friday Night Lights que dans The Shield (oui, je sais, là je me la pète)...
Et du coup, c'est extrêmement déstabilisant pour moi. Parce que je n'ai plus l'habitude d'écrire comme ça. On m'a tellement seriné qu'il fallait des intrigues simples, efficaces "pour ne pas perturber le lecteur", sans trop de personnages (pour les mêmes raisons), de préférence une écriture à la première personne "parce que le lecteur identifie plus facilement" (en même temps, c'est pas faux...), et surtout que ça ne soit pas trop lent "parce que maintenant, les lecteurs ne veulent plus que ça traîne, surtout quand ils sont jeunes"... et puis, sans compter les références (des fois que les mêmes lecteurs se sentent paumés, vexés...) ... que j'ai l'impression d'être complètement à côté de la plaque, en écrivant une histoire qui ne répond à aucun de ces critères.
Du coup, c'est assez étrange...
Et en même temps, je suis convaincue que c'est la bonne manière de traiter le sujet.
Qu'une héroïne infirmière qui va près du front pour sauver son grand amour, bof. Qu'une espionne... Béatrice Nicodème en a créé une magnifique, avec Vous ne tuerez pas le printemps et j'aurais le sentiment de plagier... Quant aux courageuses institutrices qui prennent la tête de villages, sauvent des vies... Ben je crois que je n'en avais pas envie.
Je crois que je n'ai pas envie d'exalter des sentiments patriotes, juste d'évoquer des parcours, du quotidien. Et quelle meilleure forme pour cela qu'un écrit à plusieurs voix, avec plusieurs personnages qui tentent de s'en sortir, des références (ben oui, entre la lecture et le cinéma, à l'époque...) et une troisième personne du singulier, au passé? Et comme mes bêta-lecteurs me suivent... je respire un grand coup et je continue...
je crois que ce livre que c'est toi dans une baignoire de mots, du coup prend le temps d'infuser à ton rythme par ce que ce que j'en est lu est très bon.
RépondreSupprimerune baignoire remplie de mots Lush, alors. Et merci.
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