Quand j'entends les opposants au mariage gay manifester, pardon, cracher leur haine de l'autre dans les média toujours complaisants dès qu'il s'agit de scandale et de boue, quand je lis des articles révélant la violence de ces gens liés aux mouvement d'extrême-droite et aux intégrismes (le GUD que l'on croyait moribond a de beaux jours devant lui), j'ai envie de vomir.
Contre ces détritus humains, une plainte collective pour appel à la haine, violence et discrimination serait bien plus intelligente qu'une invitation au grand journal, par exemple...
Mais je suis seulement écrivaine et lectrice, pas juriste. Mais je ne pense pas pouvoir être capable d'avoir un discours autre que violent (l'une de mes meilleures amies, très militante, pense qu'il n'y a pas de discours possible avec eux) avec ceux qui prônent la haine.
En revanche, je sais que des gens se posent encore plein de questions. Le mariage pour tous, oui? Mais les enfants seront-ils heureux, avec deux mamans ou deux papas ? Ne seront-ils pas montrés du doigt ? En fait, j'ai envie de répondre que les enfants sont toujours l'AUTRE de quelqu'un. Parce que la couleur de peau n'est pas la même, parce qu'ils ne viennent pas du même coin que leurs camarades, s'habillent mieux ou moins bien, sont solitaires ou timides... Bref, avec ou sans parents gay, l'école n'est pas le pays des Bisounours. Quant à l'équilibre supposé entre père et mère, comment dire... Tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents hétéros formidables...
A ces incertains, j'ai envie de proposer quelques lectures.
Pour les plus jeunes, d'abord : le premier, A mes amourEs, de Claudine Galea est un petit roman illustré qui parle d'une petite fille, Rosalie, qui vit avec ses deux mamans, Natacha et Mélanie. Avec sa meilleure amie, Lucie, elle se pose des questions sur l'amour et c'est un texte très joli.
Le deuxième, Tango a deux papas, et pourquoi pas ? est une histoire de pingouins racontée et illustrée par Béatrice Boutignon. Silo et Roy sont deux manchots inséparables. Mais quand vient le moment de faire un nid et de couver, ils sont très malheureux parce qu'ils n'en ont pas. Le gardien du zoo leur en confie un, orphelin...
Les suivants s'adressent en priorité aux adolescents, mais comme souvent sont lisibles par tous. Il y a notre
Rouge tagada, à Stéphanie Rubini et moi. Si vous avez besoin de vous rafraîchir la mémoire, c'est
là. Chez Actes Sud, il y a l'excellent
Harvey Milk : non à l'homophobie de Safia Arnor qui narre le combat de cet homme politique américain ouvertement homosexuel, élu au conseil
municipal de San Francisco et assassiné en 1978.
Le faire ou mourir de Claire-Lise Marquier (Rouergue) comme La Trace de Christine-Feret Fleury (Hachette), abordent, le premier ouvertement, le second en arrière-plan subtil, l'homosexualité comme interdit familial et les dégâts que peuvent entraîner le rejet chez un jeune homme, ou la peur de l'être chez une femme...
Frangine, de Marion Brunet, paru chez Sarbacane raconte l'histoire d'un frère et d'une soeur, conçus par PMA (en Belgique...) et de leurs deux mères. Joachim, le narrateur, est en Terminale. Maladroit, amoureux de Blandine, il s'est créé une bande de copains et n'a jamais eu de mal à s'intégrer. Sa petite soeur Pauline, tout juste débarquée en Seconde, va subir, elle, les persécutions actives et la passivité lâche de ses camarades. Un roman intelligent, sensible qui devrait trouver sa place dans toutes les bonnes bibliothèques.
Enfin, des conseils de lectures ne seraient pas crédibles venant de moi si je n'évoquais pas la trilogie du Miroir aux vampires, de Fabien Clavel, un Roméo et Juliette admirable, écrit sous la forme d'une longue lettre de l'héroïne, Léa, à sa sœur, et qui se situe entre la France et la Hongrie. Léa est une stryge. Léa tombe amoureuse de celle qu'il ne fallait pas... C'est superbe, poignant et bien écrit.
Voilà, ce n'est qu'un tout petit tour d'horizon, qui j'espère, rayonnera très loin...