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dimanche 25 mars 2012

Venenum : extrait n°1, pour faire comme Fabien Clavel

Vous avez pu lire le début de Venenum sur le site de Gulf stream et j'en ai déjà parlé dans un précédent article de blog. me revoilà avec quelques éléments de réflexion (post-partum) en plus et un extrait. Venenum fait partie de l'excellente collection Courants noirs... des policiers historiques destinés...
- aux jeunes adolescents 
- aux adolescents
- aux jeunes adultes
- et aux adultes aussi
Une collection doublement difficile à situer (vous me direz, ce n'est peut-être pas étonnant que j'y sois...) parce que policier historique + jeunesse + pas tant jeunesse que ça...Sans frontière, donc. Et Venenum, je vous le donne en mille, est lui-même sans frontière dans un genre réunissant le polar et le roman historique... et le cape et d'épées. Et, avec un peu recul sur mes trois Courants noirs, je crois que c'est mon préféré. j'ai adoré travailler sur Noire lagune, entre autres parce que je suis accro à la renaissance italienne et à Venise ; Princesses des os était un double défi : un thriller se déroulant dans la Rome antique, avec la difficulté de "rendre" la vie et la mentalité de l'époque. Avec Venenum, j'ai découvert le siècle d'or de la Hollande, que je ne connais pas du tout... et je me suis plongée dans un 17ème siècle que j'adore : celui de la Fronde, des duels, du panache, de la philosophie, du Cid et même de Molière, en anticipant d'une dizaine d'années. Et à propos de Molière...

Nous voyageâmes une semaine en compagnie d’un couple mal assorti : Agnès et Georges de la Souche. L’homme était un barbon aux joues flasques, riche malgré des habits élimés jusqu’à la trame et une perruque miteuse. Son épouse, à peine plus âgée que moi, avait les épaules voûtées, l’oeil humide et apeuré d’un agneau que l’on mène au sacrifice. Son seul plaisir était de flatter l’encolure des chevaux de l’équipage, quatre hongres à la robe baie, à la croupe large et aux fanons couverts de poils épais. Quand nous ne lisions pas, René et moi-même étions fort occupés à disputer – en latin car il estimait que je me devais sans cesse exercer dans cette matière – du sujet qui nous divisait : la nature des animaux, leur capacité de pensée. Agnès, je le voyais bien, sans rien saisir de ce que nous disions, ne perdait pas un mot de nos altercations. Élevée au couvent sans autre apprentissage que la prière et la soumission, elle découvrait, fascinée, un monde nouveau et esquissa un maladroit début de rébellion. Le châtiment vint aussitôt : la voyant s’approcher des bêtes, monsieur de la Souche se précipita, la saisit par le bras et la traîna à l’intérieur du relais. Gagnant à notre tour l’intérieur de l’établissement, nous entendîmes des pleurs et des cris. Le soir venu, l’odieux individu descendit pour souper, seul. Agnès était punie. « Ainsi faut-il traiter le sexe inférieur, déclara- t-il fièrement à mon tuteur. Le bâton pour châtier, la récompense pour flatter l’obéissance. Vous feriez mieux, monsieur, de suivre mon exemple si vous souhaitez un ménage heureux. » 

Venenum (épreuves non corrigées).

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