Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait de revue de presse, ici. Non que je me sois dépolitisée, mais je n'ai simplement plus beaucoup de temps, et puis j'ai tendance à relayer les infos que je reçois via Facebook. Je sais, c'est mal. Mais en ce beau début d'été, il y a des trucs qui me foutent la haine. Et ces trucs qui me foutent la haine, ce sont des appels à la haine, justement.
Je commence par l'extrait d'un article de, Philippe Alain, dans Médiapart, à propos de l'incendie de Lyon (13 mai dernier) :
Il y a quelques jours, en prévision d’une expulsion à venir, la
mairie de Lyon, dirigée par le très socialiste Gérard Collomb coupe
l’électricité, tenez-vous bien, pour des raisons de sécurité… Les
squatteurs ont osé se brancher sur un distributeur de courant et
monsieur Collomb craint probablement que des enfants s’électrocutent.
Bien lui en a pris, personne n’est mort électrocuté. Il oublie juste que
les Roms sont comme nous, ils ont besoin de lumière. (1) Faute de
courant, ils s’éclairent donc à la bougie et trois d’entre eux en sont
morts.
Quelques heures après l’incendie, alors que les pompiers travaillent
toujours sur les lieux du sinistre et que de nombreux journalistes sont
présents, les familles se regroupent sur la place voisine. C’est toute
la communauté rom de Lyon qui vient présenter ses condoléances aux
familles endeuillées. Un peu plus tard dans la matinée, des hommes en
noir affublés d’oreillettes blanches descendent de grosses berlines. Les
journalistes quittent la place et le bruit commence à courir que Manuel
Valls arrive sur les lieux du drame. Dans la confusion la plus totale
et en évitant soigneusement les familles, Manuel Valls, Ministre de
l’Intérieur, Christine Taubira, Ministre de la Justice, Gérard Collomb,
maire de Lyon, Jean-François Carenco, Préfet de la région Rhône-Alpes
vont se présenter devant le bâtiment qui fume encore.
Pas une de ces personnalités qui représentent les plus hautes
institutions de la République et élevées dans le sérail des grandes
écoles françaises où on n’enseigne visiblement pas la politesse la plus
élémentaire, ne va venir présenter ses condoléances aux familles qui
attendent à quelques mètres. Les roms sont-ils dangereux ? Manuel Valls
aurait-il peur de femmes et d’enfants tétanisés par la douleur ? Un
geste, une parole, un simple regard d’un ministre pour dire aux familles
que la République Française s’incline devant leur douleur ? Non, rien,
rien de rien. Roms vous êtes, roms vous resterez. Au contraire, Valls,
oubliant la souffrance dans laquelle sont plongées les familles
endeuillées va réaffirmer le leit-motiv de sa pré-campagne
présidentielle qui est également devenu le fondement de la politique du
gouvernement français contre la minorité rom: « il faut poursuivre le
travail de démantèlement et d’évacuation des campements », « comme l’a
si bien commencé Nicolas Sarkozy » aurait-il pu ajouter. Aucune pudeur,
aucune retenue.
Effectivement, comme le souligne cet article, la politique du gouvernement à l'égard des Roms est à la fois raciste et indécente (le racisme peut-il être décent, me direz-vous ?). Pire, c'est un appel à la haine. Appel sur lequel s'empressent de rebondir les partis plus à droite que le PS : l'UMP, qui surfe sur la vague du FN, et le FN contre lequel le MRAP vient de porter plainte. Pourquoi ?
Je vous copie-colle leur communiqué de presse, plutôt.
Haine anti-Rom de Jean Marie Le Pen : Le MRAP dépose plainte et demande une condamnation exemplaire Les mots, les théories, la sémantique qui présentent des composantes de notre société comme des occupants, s'apparentent à la prose des journaux antisémites des années 1930-1940. Quand Marine le Pen, le vendredi 10 décembre 2010, a comparé les prières de rue des musulmans à une occupation, elle s'inscrivait déjà dans cette rhétorique haineuse. C'est d'ailleurs pour ce motif que le Parlement Européen a décidé de lever son immunité parlementaire. Quand Jean-Marie Le Pen, le jeudi 4 juillet 2013 à Nice , présente les Roms comme des envahisseurs et qu'il ajoute à leur propos, qu’il s'agit d'une présence « urticante et odorante ». nous y voyons la résurgence de la haine raciste des journaux de la collaboration "je suis partout" ou" Gringoire". Devant la multiplication de ces déclarations racistes et leur effet dévastateur lorsqu'elles émanent des personnalités publiques, le MRAP - qui dépose plainte pour injures racistes, - demande à ce qu'il soit prononcé, à l'encontre du multirécidiviste Jean-Marie Le Pen, une condamnation exemplaire. Le MRAP sera représenté pour cette procédure par Maître Pierre Mairat, avocat à la cour d'appel de Paris. Paris, le 5 juillet 2013
Leur site, c'est par ici. Moi, ce sont plutôt les propos de cette extrême-droite ignoble que je trouve "urticants et malodorants". leur appel à la violence, que je ressens comme une "occupation". et que penser du discours de Christian Estrosi, le maire de Nice ?
Ci-dessous, un extrait d'un article de Sébastien Crépel, paru aujourd'hui dans L'Humanité :
L’UMP continue de courir derrière le Front national, jusque dans ses
positions les plus xénophobes. On sait qu’il est difficile pour l’élève
de dépasser le maître en la matière mais, cette fois, il n’en est plus
très loin. Une nouvelle fois, ce sont les gens du voyage qui en font les
frais. Après les déclarations de Le Pen père,
jeudi, à Nice, sur « la présence urticante » et (mal) « odorante » des
Roms et qui feraient presque passer le discours de Grenoble de 2010 de
Nicolas Sarkozy pour un manifeste humaniste, le maire UMP de la ville ne
pouvait être en reste.
Le très sarkozyste Christian Estrosi y est donc allé de sa diatribe
musclée, hier, en appelant « les maires de France à la révolte » contre
les gens du voyage occupant illégalement des terrains. « J’en ai maté
d’autres, je vous materai », a-t-il déclaré à leur intention, en livrant
son « mode d’emploi » pour y parvenir : « Mettre des caméras partout
pour surveiller (leurs) faits et gestes » ; « noter ceux qui rentrent,
ceux qui sortent, à quel moment et ce qu’(ils vont) faire partout dans
la ville » ; saisir le tribunal pour « pouvoir saisir (…) ces belles et
grosses voitures avec lesquelles ils tirent leurs belles et grosses
caravanes pour lesquelles il faudrait parfois aux Français toute une
vie pour pouvoir se payer les mêmes »…
Moi, je leur ferai bien le même coup, à ce sale type et les siens : les traquer, les rassembler dans un ghetto, les marquer comme du bétail, pourquoi pas ? Tant qu'à faire. Quoi, j'exagère ? Mais non. non! Pour surveiller, pour noter les faits et gestes, pour "noter ceux qui rentrent, ceux qui sortent", il faut bien une porte, un endroit clos...
J'ai la haine. La haine contre ces ordures qui osent proférer de telles abjections, qui appellent les Français à trouver un bouc émissaire facile à leurs difficultés (causées par... oups... les banques, ceux qui nous gouvernent... ceux qui nous gouvernaient...). J'ai vu des Roms, à Montreuil, l'an dernier. Des gamins qui jouaient sur un terrain pourri, parmi des rats, alors que nous étions tranquillou en train de prendre un café dans la salle VIP réservée aux invités du salon du livre. Ben oui, elle donnait juste au-dessus. Et je souhaite aux raclures d'extrême droite,de droite extrême et à leurs proches de vivre un automne dans ces conditions. Un seul automne. Je me demande comment ils vivraient les mots méprisants et méprisables, les persécutions, l'horreur des expulsions dont sont victimes... ces gens-là.
Je ne peux m'empêcher de citer Brel : "chez ces gens-là, on compte..."
RépondreSupprimerSauf que ces "gens-là", ceux qui construisent leur carrière politique à l'aune de la peur parlent.
Point de crainte des mots et des noms : les Valls, les Sarkozy, les Copé, les Estrosi, les Le Pen et leur cortège de sycophantes, pavent leurs routes politiques de xénophobie. C'est tellement populaire !
Ils cultivent ce jardin et s'empêchent de dresser des murs, autres que ceux de la "différence", de "l'odeur" et du "regard" par... Peur.
Peur du qu'en dira-t-on final, le seul qui leur importe : nous, électeurs et citoyens. Citoyens d'un monde qui a déjà souffert des excès de cette xénophobie, de cette haine.
Je ne suis pas un de ces gens qui comptent. Et j'assume mes "idéalismes". Et moi aussi, j'ai les boules et une grande gueule. Ainsi qu'un bulletin de vote en bandoulière.
Lace'Rage