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lundi 8 juillet 2013

La Haine

Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait de revue de presse, ici. Non que je me sois dépolitisée, mais je n'ai simplement plus beaucoup de temps, et puis j'ai tendance à relayer les infos que je reçois via Facebook. Je sais, c'est mal. Mais en ce beau début d'été, il y a des trucs qui me foutent la haine. Et ces trucs qui me foutent la haine, ce sont des appels à la haine, justement.
Je commence par l'extrait d'un article de, Philippe Alain, dans Médiapart, à propos de l'incendie de Lyon (13 mai dernier) : 

Il y a quelques jours, en prévision d’une expulsion à venir, la mairie de Lyon, dirigée par le très socialiste Gérard Collomb coupe l’électricité, tenez-vous bien, pour des raisons de sécurité… Les squatteurs ont osé se brancher sur un distributeur de courant et monsieur Collomb craint probablement que des enfants s’électrocutent. Bien lui en a pris, personne n’est mort électrocuté. Il oublie juste que les Roms sont comme nous, ils ont besoin de lumière. (1) Faute de courant, ils s’éclairent donc à la bougie et trois d’entre eux en sont morts.
Quelques heures après l’incendie, alors que les pompiers travaillent toujours sur les lieux du sinistre et que de nombreux journalistes sont présents, les familles se regroupent sur la place voisine. C’est toute la communauté rom de Lyon qui vient présenter ses condoléances aux familles endeuillées. Un peu plus tard dans la matinée, des hommes en noir affublés d’oreillettes blanches descendent de grosses berlines. Les journalistes quittent la place et le bruit commence à courir que Manuel Valls arrive sur les lieux du drame. Dans la confusion la plus totale et en évitant soigneusement les familles, Manuel Valls, Ministre de l’Intérieur, Christine Taubira, Ministre de la Justice, Gérard Collomb, maire de Lyon, Jean-François Carenco, Préfet de la région Rhône-Alpes vont se présenter devant le bâtiment qui fume encore.
Pas une de ces personnalités qui représentent les plus hautes institutions de la République et élevées dans le sérail des grandes écoles françaises où on n’enseigne visiblement pas la politesse la plus élémentaire, ne va venir présenter ses condoléances aux familles qui attendent à quelques mètres. Les roms sont-ils dangereux ? Manuel Valls aurait-il peur de femmes et d’enfants tétanisés par la douleur ? Un geste, une parole, un simple regard d’un ministre pour dire aux familles que la République Française s’incline devant leur douleur ? Non, rien, rien de rien. Roms vous êtes, roms vous resterez. Au contraire, Valls, oubliant la souffrance dans laquelle sont plongées les familles endeuillées va réaffirmer le leit-motiv de sa pré-campagne présidentielle qui est également devenu le fondement de la politique du gouvernement français contre la minorité rom: « il faut poursuivre le travail de démantèlement et d’évacuation des campements », « comme l’a si bien commencé Nicolas Sarkozy » aurait-il pu ajouter. Aucune pudeur, aucune retenue.

Effectivement, comme le souligne cet article, la politique du gouvernement à l'égard des Roms est à la fois raciste et indécente (le racisme peut-il être décent, me direz-vous ?). Pire, c'est un appel à la haine. Appel sur lequel s'empressent de rebondir les partis plus à droite que le PS : l'UMP, qui surfe sur la vague du FN, et le FN contre lequel le MRAP vient de porter plainte. Pourquoi ?
Je vous copie-colle leur communiqué de presse, plutôt.

Haine anti-Rom de Jean Marie Le Pen :

Le MRAP dépose plainte et demande une condamnation exemplaire
Les mots, les théories, la sémantique qui présentent des composantes de
notre société comme  des occupants, s'apparentent à la prose des journaux
antisémites des années 1930-1940.

Quand Marine le Pen, le vendredi 10 décembre 2010, a comparé les prières de
rue des musulmans à une occupation, elle  s'inscrivait déjà dans cette
rhétorique haineuse. C'est d'ailleurs pour ce motif que le Parlement
Européen a décidé  de lever son immunité parlementaire.

Quand Jean-Marie Le Pen, le jeudi 4 juillet 2013 à Nice , présente les Roms
comme des envahisseurs et qu'il ajoute à leur propos,  qu’il s'agit d'une
présence « urticante et odorante ». nous y voyons la résurgence de la haine
raciste des journaux de la collaboration "je suis partout" ou" Gringoire". 
Devant la multiplication de ces déclarations racistes et leur effet
dévastateur lorsqu'elles émanent des personnalités publiques, le MRAP - qui
dépose plainte pour injures racistes, - demande à ce qu'il soit prononcé, à
l'encontre du multirécidiviste Jean-Marie Le Pen,  une condamnation
exemplaire.

Le MRAP sera représenté pour cette procédure par Maître Pierre Mairat,
avocat à la cour d'appel de Paris.

Paris, le 5 juillet 2013


Leur site, c'est par ici. Moi, ce sont plutôt les propos de cette extrême-droite ignoble que je trouve "urticants et malodorants". leur appel à la violence, que je ressens comme une "occupation". et que penser du discours de Christian Estrosi, le maire de Nice ?
Ci-dessous, un extrait d'un article de Sébastien Crépel, paru aujourd'hui dans L'Humanité

L’UMP continue de ­courir derrière le Front national, jusque dans ses positions les plus xénophobes. On sait qu’il est difficile pour l’élève de dépasser le maître en la matière mais, cette fois, il n’en est plus très loin. Une nouvelle fois, ce sont les gens du voyage qui en font les frais. Après les déclarations de Le Pen père, jeudi, à Nice, sur « la présence urticante » et (mal) « odorante » des Roms et qui feraient presque passer le discours de Grenoble de 2010 de Nicolas Sarkozy pour un manifeste humaniste, le maire UMP de la ville ne pouvait être en reste.
Le très sarkozyste Christian Estrosi y est donc allé de sa diatribe musclée, hier, en ­appelant « les maires de France à la révolte » contre les gens du voyage occupant illégalement des terrains. « J’en ai maté d’autres, je vous materai », a-t-il déclaré à leur intention, en livrant son « mode d’emploi » pour y parvenir : « Mettre des caméras partout pour surveiller (leurs) faits et gestes » ; « noter ceux qui rentrent, ceux qui sortent, à quel moment et ce qu’(ils vont) faire partout dans la ville » ; saisir le tribunal pour « pouvoir saisir (…) ces belles et grosses voitures avec lesquelles ils tirent leurs belles et grosses ­caravanes pour lesquelles il ­faudrait parfois aux Français toute une vie pour pouvoir se payer les mêmes »…


Moi, je leur ferai bien le même coup, à ce sale type et les siens : les traquer, les rassembler dans un ghetto, les marquer comme du bétail, pourquoi pas ? Tant qu'à faire. Quoi, j'exagère ? Mais non. non! Pour surveiller, pour noter les faits et gestes, pour "noter ceux qui rentrent, ceux qui sortent", il faut bien une porte, un endroit clos... 
J'ai la haine. La haine contre ces ordures qui osent proférer de telles abjections, qui appellent les Français à trouver un bouc émissaire facile à leurs difficultés (causées par... oups... les banques, ceux qui nous gouvernent... ceux qui nous gouvernaient...). J'ai vu des Roms, à Montreuil, l'an dernier. Des gamins qui jouaient sur un terrain pourri, parmi des rats, alors que nous étions tranquillou en train de prendre un café dans la salle VIP réservée aux invités du salon du livre. Ben oui, elle donnait juste au-dessus. Et je souhaite aux raclures d'extrême droite,de droite extrême et à leurs proches de vivre un automne dans ces conditions. Un seul  automne. Je me demande comment ils vivraient les mots méprisants et méprisables, les persécutions, l'horreur des expulsions dont sont victimes... ces gens-là.

1 commentaire:

  1. Je ne peux m'empêcher de citer Brel : "chez ces gens-là, on compte..."

    Sauf que ces "gens-là", ceux qui construisent leur carrière politique à l'aune de la peur parlent.

    Point de crainte des mots et des noms : les Valls, les Sarkozy, les Copé, les Estrosi, les Le Pen et leur cortège de sycophantes, pavent leurs routes politiques de xénophobie. C'est tellement populaire !
    Ils cultivent ce jardin et s'empêchent de dresser des murs, autres que ceux de la "différence", de "l'odeur" et du "regard" par... Peur.

    Peur du qu'en dira-t-on final, le seul qui leur importe : nous, électeurs et citoyens. Citoyens d'un monde qui a déjà souffert des excès de cette xénophobie, de cette haine.

    Je ne suis pas un de ces gens qui comptent. Et j'assume mes "idéalismes". Et moi aussi, j'ai les boules et une grande gueule. Ainsi qu'un bulletin de vote en bandoulière.

    Lace'Rage

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