Difficile de parler du dernier roman de Maïa Mazaurette, La Coureuse. Par quel bout le prendre ? Où commencer ? Je cherche vainement une citation qui m'a beaucoup marquée, sur la nécessité de ne surtout pas être soi pour séduire, ne pas faire peur, d'être conforme, surtout pas sincère, surtout pas soi parce que la vérité effraie... Bref, ça m'a rappelé quelques "saines" lectures d'adolescence ou de salon de coiffure - j'ai nommé les magazines féminins (sauf Causette, of course) expliquant comment se formater pour décrocher le prince charmant, le bon, celui qu'on pourra épouser. Et qui, lui, n'a pas besoin d'être formaté, à peine éduqué à ranger ses chaussettes et nettoyer la lunette des WC - et encore, la première année.
Roman gigogne, La Coureuse, c'est l'histoire d'une fille, Maïa, qui depuis toute petite ment pour se protéger du monde, pour séduire des hommes, se créant chaque fois une personnalité d'emprunt, parce qu'elle veut son rêve de princesse, parce qu'elle est sexperte et que sexperte, ça le fait moyen sur un CV de fille avec laquelle on se marie. Maïa connaît tous les codes, toutes les techniques, travaille ses personnages d'emprunt...
Il faut être jolie. Hygiénique. Il faut suivre le script. Il faut présenter son meilleur angle. il faut jouer la pièce préécrite. Il faut asuer. il faut être douce... (P79)
Jusqu'où ira-t-elle, dans le massacre délibéré d'elle-même, pour séduire Morten son prince charmant danois, psychorigide, égoïste et inculte (il ne lit pas, il monte des start-ups) ?
Maïa Mazaurette développe deux archétypes, pousse les tendances jusqu'à l'extrême, pour mieux disséquer cette fable stupide du prince charmant et de sa princesse, celle qui doit correspondre absolument aux normes qu'il s'est fixées, que la société a fixées, et livre un récit oignon, décapant, féministe et drôle, sur les relations humaines et amoureuses de notre époque.
Je n'en parle pas très bien, mais je ne saurai trop vous le conseiller. Filles ou garçons.
yep tout à fait d'accord :)
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