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mardi 11 février 2014

Genre...

"On ne naît pas femme, on le devient."
"On ne naît pas homme, on le devient". 
Nous sommes, hommes et femmes, déterminés par notre éducation, les valeurs plus ou moins progressistes de la société dans laquelle nous évoluons. La nôtre est l'héritière d'une longue tradition sexiste, dans laquelle les femmes, mineures à vie, étaient considérées comme des êtres intellectuellement et physiquement plus faibles que les hommes. A force de l'entendre, les deux côtés ont fini par le croire - et de renforcer des stéréotypes... qui aujourd'hui encore, ont la belle vie : "un homme, ça ne pleure pas", "une fille, ça joue à la poupée". "Les hommes sont forts." "Les femmes sont émotives." (et ressentir des émotions n'est pas une qualité, bien sûr, c'est ce qui nous distingue des robots...) 
Et il n'y a qu'à voir la division entre les romans, jeux et autres "dicos" à cœurs, strass, paillettes réservée aux filles et les récits d'aventures, de pirates et autres revolvers de l'espace spécialement designés pour les garçons, pour s'en convaincre.
Bref. malgré les avancées certaines pour les droits des femmes et la marche vers l'égalité, on est encore loin du compte. Mais je digresse. Je voulais parler du genre, qui enrage cette minorité d'extrême-droite, la même qui manifestait contre le mariage homosexuel l'an dernier. Les mêmes, je suppose, qui sabreraient le champagne si l'IVG n'était plus autorisé.
Le genre, donc. Et les "gender studies". Et les "théories du genre".
Si, au lieu d'aller saccager des bibliothèques au nom de valeurs moisies tout droit sorties des autodafés vichystes, cette minorité stupide et haineuse s'arrêtait quelque minutes pour emprunter des ouvrages sur le sujet, elle verrait qu'au-delà des interrogations essentielles sur l'identité, ce qui fait de nous des individus singuliers, hommes, femmes, femmes à hommes, femmes à femmes, hommes qui sont des femmes et femmes qui n'en sont pas, les gender studies étudient l'influence des genres sur l'histoire, la littérature, etc. Permettent, par exemple, de faire surgir des oubliettes où on les a jetées des femmes comme Veronica Franco. permettent d'examiner la société, les sociétés où l'on vit, où l'on a vécu, sous un angle nouveau, et des les questionner. Et de comprendre, par exemple, pourquoi il est essentiel, aujourd'hui, de parler de genre à l'école. De permettre à des enfants, des adolescents - et même des adultes, si si - de découvrir qu'il y a d'autre façon d'être que rose fille et chou garçon, un papa et une maman, qu'on peut aimer les hommes en étant un homme, et que ce n'est pas si grave de tomber amoureuse de sa meilleure amie.
Mais en même temps, il s'agit d'une minorité haineuse, d'autant plus stupide qu'elle n'existe que parce que le gouvernement - minable, sur ce coup-là (comme sur d'autres, mais je digresse) - a besoin, en ce moment, de lui accorder du crédit pour faire oublier l'indigence de sa politique.
Pour gouverner heureux, jetons en pâture au peuple du sexe et de la morale, la censure est la meilleure des muselières.
Je vous promets. C'est ce qu'ils faisaient, pendant les deux guerres.
En attendant, l'une de mes collègues, Anne Percin, est victime de harcèlement à cause de son Boomerang Le Jour du slip/ Je porte la culotte. Copé fait semblant de savoir lire et accuse un album de... Quoi ? D'indécence ? Mais elle est où, l'indécence, dans ces pages rigolotes ? Apparemment, l'album était bien difficile à comprendre pour lui. Et, bien sûr, des bibliothèques se font prendre d'assaut par des extrémistes... Soyons rassurés, notre ministre de la culture les a "condamnés". C'est sûr qu'avec ça, et le recul du gouvernement sur des points essentiels comme... le genre, justement. La famille. La PMA. Oups, pardon! Ça, il n'avait jamais rien avancé... ces extrémistes-là risquent de se sentir menacés.Le communiqué de presse de l'association des Bibliothèques de France, à ce propos, est bien plus pertinent. Il est lisible ici.
A lire, également, le communiqué de presse de La Charte, sur ce lien.
A un journaliste qui demandait à Sylvie Gracia,éditrice au Rouergue, si elle allait continuer sa ligne éditoriale ou  regarder à deux fois avant de publier un livre, celle-ci a répondu : 
Ha ben non ! Ce serait le pire des dangers. Vous savez, ce type d'action vise ça, vise à l'autocensure des auteurs et des éditeurs et il ne s'agit en aucune façon de reculer. Nous menons cette même politique éditoriale depuis vingt ans ! C'est un livre parmi d'autres que l'on a sortis et même chose que pour Le jour du slip, on les revendique et l'on continuera notre travail comme d'habitude que l'on espère dans la plus grande sérénité et ce ne sont pas ces gens-là qui vont nous faire peur… 
(L'intégralité de l'article est ici.)
La meilleure des réponses possibles. En tant qu'auteure, je ne compte pas non plus me censurer. J'ai déjà écrit plusieurs livres sur les thèmes qui posent problème à ceux dont la fausse morale  dissimule le visage de la haine et de la bêtise. Parmi eux, Venenum et Rouge tagada, Précieuses, pas ridicules et Proie idéale, dont je suis très fière. Et il y en aura d'autres. 
Ceux-là, chers nostalgiques des autodafés, chers censeurs, chers imbéciles, si je n'accordais pas tant d'importance aux envois, je vous les dédierais.


3 commentaires:

  1. Tout est dit, et tellement bien
    Fanny

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  2. Chers censeurs, amoureux des feux à combustible culturel, rétrogrades en tous genres,

    Des auteures comme Mme Bousquet, vous en trouverez toujours sur votre route. Des femmes comme elle, qui dénoncent, disent, écrivent et soulignent votre bêtise, toujours elles mettront en lumière vos idioties.
    Et ces femmes, elles ne sont pas seules à porter la lanterne de la sagesse - nous les soutenons.

    No pasaràn !

    Lace' De Rage

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