Sous Sarkozy, l'ignominie avançait sans masque et les rafles, tout ignobles qu'elles soient, collaient bien au reste. On a mis du temps à parler de rafle, d'ailleurs... Un nom terrible, pour des faits qui n'étaient pas censés l'être, mais l'étaient tout autant. Aujourd'hui, l'ignominie porte un masque - de plus en plus fendillé, il est vrai... Mais la politique de droite extrême, la politique inhumaine et honteuse dénoncée par notre actuel président et son équipe lors de la campagne se poursuit - tout aussi méprisable, tout aussi minable. En voilà un résultat... et si vous connaissez les faits, si ça vous ennuie de lire une revue de presse, le lien pour la pétition demandant le retour de Leonarda est juste là : il suffit de cliquer.
Rappel des faits dans Le Monde :
Il y a un embarras certain au ministère de l'intérieur. Comme si la
machine Valls sur l'immigration irrégulière – des expulsions, mais de
manière "humaine" –, s'était grippée. En cause, les circonstances de l'éloignement de Leonarda, 15 ans, vers son Kosovo d'origine, après avoir été récupérée par les policiers lors d'une sortie scolaire, le 9 octobre, dans le Doubs.
Petit résumé sur Rue 89 :
Leonarda a 15 ans, elle vivait en France, à Levier (Doubs), depuis
presque cinq ans. A deux mois près, elle aurait pu prétendre à une
régularisation.
Le texte, rédigé par les enseignants du collège André Malraux et du
lycée Toussaint Louverture, donne longuement la parole à sa professeur
d’histoire-géographie, qui raconte le coup de fil du maire de Levier et
les moments qui ont suivi : « J’ai demandé aux policiers de laisser s’éloigner le bus pour que les
élèves ne voient pas Léonarda monter dans la voiture de police, elle ne
voulait pas être humiliée devant ses amis ! Mes collègues ont ensuite
expliqué la situation à certains élèves qui croyaient que Léonarda avait
volé ou commis un délit. Les
élèves et les professeurs ont été extrêmement choqués et j’ai dû parler
à nouveau de ce qui s’était passé le lendemain pour ne pas inquiéter
les élèves et les parents. »
Ci-dessous, la lettre ouverte des enseignants du Collège André malraux et du Lycée Toussaint Louverture, publiée par le Blog RESF hébergé par Médiapart :
Mme Dibrani et ses 6 enfants ont été expulsés
mercredi 9 octobre au matin vers le Kosovo. Ils habitaient un
appartement à Levier (Doubs) qu'ils occupaient dans le cadre de la prise
en charge des demandeurs d'asile du DLHD.
M. Dibrani était depuis fin août retenu au centre de
rétention de Strasbourg. Assigné à résidence, il a été arrêté à
Mulhouse. Son expulsion programmée 2 fois a été repoussée jusqu'à mardi 8
octobre au matin.
Après cette expulsion, le mardi soir Mme Dibrani a
réaffirmé son vœu de rester en France pour l'avenir de ses enfants
malgré l'angoisse qu'elle ressentait à l'idée d'être seule avec sa
famille. Les enfants qui ont entre 5 et 17 ans étaient scolarisés depuis
plus de 3 ans, ils étaient en France depuis presque 5 ans (4 ans et 10
mois), autrement dit, dans deux mois, ils entraient de plein droit dans
le cadre dela circulaire Valls et pouvaient être régularisés. Le mardi
soir avant l'expulsion la mère était perdue, les enfants attendaient et
Hasan, l'avant dernier âgé de 5 ans, recopiait des lettres apprises à
l'école agenouillé au-dessus d'un carton.
La plus petite Médina est âgée d'un an, elle est née en
France. Tous les enfants parlent parfaitement le français. Maria et
Leonarda ont obtenu le DELF diplôme de français niveau B1 demandé par la
préfecture pour obtenir la nationalité française. Après ses années de
collège, Maria a fait cette année sa rentrée au lycée Toussaint
Louverture en première année de CAP service. Son professeur de français
souligne sa volonté et son enthousiasme. Dans le petit sac de sport
qu'elle a pris le matin de l'expulsion, elle a emporté son costume de
travail.
Leonarda, scolarisée en 3ème DP3 (option découverte
professionnelle) au collège André Malraux, n'était pas chez elle ce
matin là. Les professeurs de la classe avaient organisé une sortie à
Sochaux sur toute la journée avec un départ à 7h00. Pour être à l'heure,
elle ne pouvait pas prendre le bus de son domicile. Elle a donc dormi
chez une amie à Pontarlier. Les policiers ont été renseignés sur
l'endroit où elle se trouvait. Le maire de Levier a appelé Léonarda et a
demandé à parler à un professeur présent dans le bus, elle a transmis
son téléphone à Madame Giacoma, professeur
d'histoire-géographie-éducation civique au collège Malraux.
Mme Giacoma : «je n'ai pas compris tout de suite ce qui se passait,
j'ai cru que c'était la mère de Léonarda qui voulait être rassurée et en
fait, c'était le maire de Levier, commune de résidence de Léonarda,
qui m'a précisé qu'il savait que nous nous rendions à Sochaux et il me
demandait expressément de faire arrêter le bus. Dans un premier temps
j'ai refusé en précisant que ma mission était d'aller à Sochaux avec tous les élèves inscrits pour cette sortie pédagogique (visite
de lycées + visite de l'usine Peugeot). Le maire de Levier, Albert
Jeannin, m'a alors passé au téléphone un agent de la PAF qui était dans
son bureau : son langage était plus ferme et plus directif, il m'a dit
que nous n'avions pas le choix que nous devions impérativement faire
stopper le bus là où nous étions car il voulait récupérer une de nos
élèves en situation irrégulière : Léonarda Dibrani cette dernière devait
retrouver sa famille pour être expulsée avec sa maman et ses frères et
soeurs ! Je lui ai dit qu'il ne pouvait pas me demander une telle chose
car je trouvais ça totalement inhumain ... il m'a intimé l'ordre de
faire arrêter le bus immédiatement à l'endroit exact où nous nous
trouvions, le bus était alors sur une rocade très passante, un tel arrêt
aurait été dangereux ! Prise au piège avec 40 élèves, j'ai demandé à
ma collègue d'aller voir le chauffeur et nous avons décidé d'arrêter le
bus sur le parking d'un autre collège (Lucie Aubrac de Doubs). J'ai
demandé à Léonarda de dire au revoir à ses copines, puis je suis
descendue du bus avec elle, nous sommes allées dans l'enceinte du
collège à l'abri des regards et je lui ai expliqué la situation, elle a
beaucoup pleuré, je l'ai prise dans mes bras pour la réconforter et lui
expliquer qu'elle allait traverser des moments difficiles, qu'il lui
faudrait beaucoup de courage... Une voiture de police est arrivée, deux
policiers en uniforme sont sortis. Je leur ai dit que la façon de procéder à l'interpellation d'une jeune fille dans le cadre des activités scolaires est totalement inhumaine
et qu'ils auraient pu procéder différemment, il m'ont répondu qu'ils
n'avaient pas le choix, qu'elle devait retrouver sa famille...Je leur ai
encore demandé pour rester un peu avec Léoanarda et lui dire au revoir
(je l'a connais depuis 4 ans et l'émotion était très forte). Puis j'ai
demandé aux policiers de laisser s'éloigner le bus pour que les élèves
ne voient pas Léonarda monter dans la voiture de police, elle ne voulait
pas être humiliée devant ses amis ! Mes collègues ont ensuite expliqué
la situation à certains élèves qui croyaient que Léonarda avait volé ou
commis un délit. Les élèves et les professeurs ont été extrêmement choqués et j'ai du parler à nouveau de ce qui s'était passé le lendemain pour ne pas inquiéter les élèves et les parents.»
Lorsque la famille est partie, nous avons essayé de
joindre par mail la préfecture fermée le mercredi matin. Mais la famille
a été emmenée directement à l'aéroport pour prendre un avion à 13h00 le
même jour. Nous avons eu au téléphone les deux filles Maria et Leonarda
jusqu'au départ de l'avion.
Nous, professeurs du collège André Malraux et du lycée
Toussaint Louverture, sommes profondément choqués par les méthodes
utilisées pour renvoyer des enfants issus de la minorité rom vers des
pays qu'ils ne connaissent pas et dont ils ne parlent pas la langue.
Nous, professeurs du collège André Malraux et du lycée
Toussaint Louverture, sommes choqués de voir comment les efforts
d'intégration fournis par ces enfants à l'école sont réduits à néant par
des politiques aveugles et inhumaines.
Nous demandons le retour immédiat des enfants en France pour leur sécurité.
Enseignants du collège
André Malraux et du lycée Toussaint Louverture
la lettre de Léa, 15 ans : http://commetoileonarda.wesign.it/fr
RépondreSupprimerSigné et twitté, chère Amie.
RépondreSupprimer