ReLIRE, c'est
le registre des livres indisponibles du XXe siècle mis à disposition par la BNF. Foin des 70 ans, pour les morts. Et pour les vivants, s'ils ont des livres qu'ils ne sont plus édités, ceux-ci se retrouveront d'office, sans qu'ils soient prévenus, dans une base de données fourre-tout où leur oeuvre pourra allègrement être pillée. Il ne toucheront rien dessus. Pas de droit d'auteur. Nada. C'est ce qu'on appelle du vol d'état. Vol qui peut être empêché jusqu'à demain, puisque les auteurs concernés et au courant ont comme date-butoir cette date 21 septembre 2013, pour décider de
sortir ou rester dans ledit registre.
Pour rappel, cette base de données publique, gratuite et libre d’accès,
répond à la loi du 1er mars 2012
relative à l’exploitation numérique des livres indisponibles du XXe
siècle.
ReLIRE répertorie pour le moment 60 000 livres indisponibles publiés
avant le 1er janvier 2001. Cette liste sera mise à jour une fois par an,
chaque 21 mars.
Oui, c'est parfaitement dégueulasse.
Si vous ne voyez pas en quoi, imaginez simplement qu'on décide simplement de ne plus tenir compte de vos premiers postes pour le décompte de vos points-retraite. Voilà.
Mon amie Hélène a lancé une pétition sur change.org., adressée à la Bibliothèque nationale de France. Vous trouverez ci-dessous le texte et le lien pour signer.
ReLire or not ReLire
Au mois de mars dernier, un cauchemar culturel et juridique est
devenu réalité. La publication de la base ReLIRE par la BnF marque en
effet le lancement public du projet de numérisation des livres
indisponibles du Xxe siècle, dans les conditions définies par la loi du
1er mars 2012, et dénoncées d’emblée par nombre d’acteurs du monde du
livre, les auteurs en première ligne. Sitôt le registre ouvert à la
consultation, la forme du projet n’a fait que renforcer les craintes
déjà éveillées par le fond : le piège du système de l’opt-out, si
paresseux, si insultant, se resserre à chaque erreur de référencement –
et il en fut relevé un nombre édifiant, en l’espace de seulement
quelques jours. L’incompétence s’allie à l’immoralité, et le droit
d’auteur s’en trouve ébranlé jusqu’en ses bases juridiques, jusqu’en ses
garanties internationales.
C’est pourquoi nous lecteurs, amoureux du livre sous ses
diverses formes, conscients et respectueux du statut du créateur,
atterrés par les flous, les failles, les vices du projet et de son
application, nous déclarons que nous ne sommes pas dupes, et refusons
d’être complices.
Nous ne sommes pas dupes d’un discours officiel qui présente le projet comme une avancée culturelle pour le plus grand bien du public, alors qu’il est clair que sa principale raison d’être est de renforcer le pouvoir d’une minorité d’éditeurs sur des œuvres qui, inexploitées, leur échappaient contractuellement – et leur échappaient d’autant mieux que les contrats d’origine n’incluaient pas de clause de cession des droits d’exploitation au format numérique, Xxe siècle oblige.
Nous qui faisons partie du public, nous ne reconnaissons pas notre intérêt dans un système à but lucratif qui, en absorbant les œuvres orphelines, prive les lecteurs francophones de l’espoir d’une mise à disposition qui aurait pu être encadrée par les bibliothèques, dans des conditions plus équitables et plus démocratiques, ainsi que le prévoyait la directive européenne adoptée en 2012.
Nous qui nous nourrissons de culture, nous ne voyons aucun avantage à une entreprise de numérisation massive où se perd le travail de révision et/ou d’édition qui contribue à la beauté d’un livre en sa renaissance. Nous accusons le projet de numérisation des livres indisponibles de menacer le dynamisme du secteur du livre, en refroidissant l’intérêt d’éditeurs ayant vocation traditionnelle de redécouverte, en échaudant les auteurs qui voient leurs droits bafoués et leur œuvre usurpée, en ralentissant jusqu’aux plus motivés d’entre eux, contraints de gaspiller leur énergie et leur temps à se soumettre au laborieux système de l’opt-out : c’est autant de temps et d’énergie qu’ils ne pourront consacrer à l’exploration des possibilités et alternatives qui s’ouvrent à l’ère du numérique.
Nous qui considérons que culture sans droiture n’est que ruine de l’art, nous ne voyons aucun bien dans un projet qui, pour défendre les intérêts privés d’un petit groupe, altère la relation de confiance entre un auteur et un éditeur, déséquilibre au préjudice de l’auteur leur ancienne position d’égal à égal, invalide le lien sacré unissant l’auteur à l’État qui vient de sacrifier les droits qu’il avait le devoir de garantir, au mépris du Code de la Propriété Intellectuelle et des conventions internationales assurant le respect du droit moral.
Nous ne sommes pas dupes d’un discours officiel qui présente le projet comme une avancée culturelle pour le plus grand bien du public, alors qu’il est clair que sa principale raison d’être est de renforcer le pouvoir d’une minorité d’éditeurs sur des œuvres qui, inexploitées, leur échappaient contractuellement – et leur échappaient d’autant mieux que les contrats d’origine n’incluaient pas de clause de cession des droits d’exploitation au format numérique, Xxe siècle oblige.
Nous qui faisons partie du public, nous ne reconnaissons pas notre intérêt dans un système à but lucratif qui, en absorbant les œuvres orphelines, prive les lecteurs francophones de l’espoir d’une mise à disposition qui aurait pu être encadrée par les bibliothèques, dans des conditions plus équitables et plus démocratiques, ainsi que le prévoyait la directive européenne adoptée en 2012.
Nous qui nous nourrissons de culture, nous ne voyons aucun avantage à une entreprise de numérisation massive où se perd le travail de révision et/ou d’édition qui contribue à la beauté d’un livre en sa renaissance. Nous accusons le projet de numérisation des livres indisponibles de menacer le dynamisme du secteur du livre, en refroidissant l’intérêt d’éditeurs ayant vocation traditionnelle de redécouverte, en échaudant les auteurs qui voient leurs droits bafoués et leur œuvre usurpée, en ralentissant jusqu’aux plus motivés d’entre eux, contraints de gaspiller leur énergie et leur temps à se soumettre au laborieux système de l’opt-out : c’est autant de temps et d’énergie qu’ils ne pourront consacrer à l’exploration des possibilités et alternatives qui s’ouvrent à l’ère du numérique.
Nous qui considérons que culture sans droiture n’est que ruine de l’art, nous ne voyons aucun bien dans un projet qui, pour défendre les intérêts privés d’un petit groupe, altère la relation de confiance entre un auteur et un éditeur, déséquilibre au préjudice de l’auteur leur ancienne position d’égal à égal, invalide le lien sacré unissant l’auteur à l’État qui vient de sacrifier les droits qu’il avait le devoir de garantir, au mépris du Code de la Propriété Intellectuelle et des conventions internationales assurant le respect du droit moral.
Nous soutenons donc les signataires de la pétition « Le droit d’auteur doit rester inaliénable »,
et joignons notre voix solidaire à celles, nombreuses, d’auteurs,
d’éditeurs et d’autres acteurs du livre, qui se sont élevées pour
demander un réexamen de la loi n° 2012-287, en réelle concertation avec
les principaux concernés.
Mais nous n’en restons pas là. Si, en dépit de tous ces appels, ReLIRE et la loi qui l’encadre ne révisent pas leur copie, nous nous ferons un devoir de ne pas ReLIRE : nous refusons d’alimenter la machine aliénante, d’engraisser les abuseurs. Nous nous ferons un plaisir d’apporter plutôt notre soutien financier aux écrivains qui s’en iront, leurs œuvres sauvées du désastre sous le bras, bâtir ailleurs de meilleures structures de publication, aux éditeurs qui n’auront pas sacrifié leur sens de l’éthique et de l’esthétique à leur survie économique, aux libraires indépendants qui défendent tous ceux-là. Dans cette même logique, nous saurons nous souvenir des maisons d’édition qui n’hésitèrent pas à trahir leurs auteurs, en prenant avantage du déséquilibre instauré par une loi qui fait leur seul profit : celles-là perdent notre confiance, notre respect, et notre appui financier. Elles verront bien, à l’heure du bilan comptable, si les cadeaux de l’État valent la loyauté des lecteurs.
Mais nous n’en restons pas là. Si, en dépit de tous ces appels, ReLIRE et la loi qui l’encadre ne révisent pas leur copie, nous nous ferons un devoir de ne pas ReLIRE : nous refusons d’alimenter la machine aliénante, d’engraisser les abuseurs. Nous nous ferons un plaisir d’apporter plutôt notre soutien financier aux écrivains qui s’en iront, leurs œuvres sauvées du désastre sous le bras, bâtir ailleurs de meilleures structures de publication, aux éditeurs qui n’auront pas sacrifié leur sens de l’éthique et de l’esthétique à leur survie économique, aux libraires indépendants qui défendent tous ceux-là. Dans cette même logique, nous saurons nous souvenir des maisons d’édition qui n’hésitèrent pas à trahir leurs auteurs, en prenant avantage du déséquilibre instauré par une loi qui fait leur seul profit : celles-là perdent notre confiance, notre respect, et notre appui financier. Elles verront bien, à l’heure du bilan comptable, si les cadeaux de l’État valent la loyauté des lecteurs.
Le prix que cette loi en l’état voudrait nous faire payer à tous pour
la numérisation des livres indisponibles du Xxe siècle est aberrant.
Mais un public de lecteurs n’est pas un troupeau de consommateurs.
Si le projet ReLIRE se fait, nous nous engageons à ne pas faire vivre ReLIRE : considérez ceci comme notre opt-out.
Si le projet ReLIRE se fait, nous nous engageons à ne pas faire vivre ReLIRE : considérez ceci comme notre opt-out.
Le lien pour signer : clic!
Très beau texte, solidement argumenté.
RépondreSupprimerJe viens de cliquer, mais manque encore pas mal de signatures d'après le "robot annonceur". Le respect des créatrices et créateurs devient une course contre la montre...
Bonjour Charlotte,
RépondreSupprimerJe suis tàf hors sujet, mais étant donné tes combats admirables pour le bien-être des animaux, je te transmets, via ton blog, cette info écoeurante quant aux barbares "écoles" de tauromachie :
http://www.nordeclair.be/820819/article/actualite/monde/2013-09-27/la-violence-insoutenable-des-eleves-des-ecoles-taurines-ils-sont-pousses-a-tuer
Si tu le juges utile, tu diffuseras bien mieux que moi, car mon blog, où ta visite fut un rayon de soleil dans la nuit, est vraiment désert.
Amicalement
Gérard Eloi
J'ai diffusé sur FB.
RépondreSupprimerBon sang, j'avais pas pensé à ces trucs, je vais mettre sur twitter !
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