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jeudi 25 août 2011

La piel que te habito

Présenté comme un thriller - du moins sur la bande-annonce - le dernier Almodovar n'en est pas un. Certes, il y a de la tension, des coups de feu et de la tension, mais ce n'est pas le sujet. Les sujets, devrais-je dire. Sujets chers au réalisateur qui, comme me le faisait remarquer Fabien en sortant du cinéma, tourne là un condensé de ses thèmes de prédilection : amour et folie, amour et mort, amour et mère, transformation de soi, de l'autre, changement de sexe, changement de corps, identité. Vengeance aussi. Synome de Stockhlm et de Pygmalion(pour une fois attachant). Pas vraiment de méchant (un abruti violeur et un cinglé), mais des "borderline". Antonio Banderas, comme d'habitude, est excellent en homme qui a perdu toute notion de bien et de mal, obsédé à ce point par ses recherches, ses amours défuntes et pourtant vivantes, qu'il en devient à la fois terrifiant et très attachant. Son personnage rappelle celui qu'il interprétait dans Attache-moi (sublime), Elena Anaya, dans le rôle de Vera, la prisonnière, est un véritable oignon : ses yeux sont le centre, son corps transcende les barrières de la peau, du justaucorps qu'elle porte et s'étend jusqu'aux murs de chambre-prison, pour lui rappeler qui elle est. Sur le moment, j'avais trouvé le côté épuré du film pas très almodovarien, le décor trop "nip/tuck" (en même temps je pense que le clin d'oeil est volontaire) mais en y réfléchissant, je crois que la maison, l'épure des chambres et du bureau (il n'y a bizarrement que la cuisine, lieu habité/ hanté par la mère du médecin, qui soit bordélique et vivante) représente les différentes couches de la psyché de ceux qui y vivent, en plus d'être une réflexion sur le "moi/peau", sur les limites et les frontières de l'identité. 
Personnellement, j'ai vraiment adoré et je pense qu'une deuxième vision, "à la recherche de symboles perdus", permettrait de découvrir d'autres facettes de cette peau-miroir.

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