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jeudi 19 juillet 2018

En ce moment





En ce moment, je suis très peu présente sur ce blog. Peut-être parce que la fièvre des articles est retombée... quand mes billets politiques ont été avalés par la machine infernale des fausses manips. Puis, en raison de soucis d'ordre plus personnels. Enfin, parce que je n'ai pas beaucoup de temps. 
Bref. Peu importe... Il continue d'exister, à un rythme plus lent, et c'est ce qui importe.

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En ce moment, j'écris un roman qui - au présent - qui s'interroge énormément sur le passé. Le passé vichyste de la France, l'antisémitisme et la déportation. C'est un sujet auquel je m'intéresse depuis très longtemps. L'adolescence, en fait. J'ai lu Le Journal d'Anne Frank, vu Shoah, pleuré - beaucoup. j'ai été hantée par ces images, par les témoignages tranquilles des tortionnaires nazis. j'ai lu, énormément. Vu. Et puis, avec le temps, je suis passée à autre chose. Mais toujours, je m'interrogeais, une part de moi, plutôt. Comment l'horreur a-t-elle été possible? Comment l'humain peut-il délibérément condamner, torturer, exterminer ? Comment le Mal est-il possible ? L'une des raisons pour lesquelles j'écris des romans historiques est, j'imagine, liée à cette recherche, cette tentative de comprendre - pourquoi, comment. 
Il y a quelques années, au moment du quinquennat ultra-sécuritaire de Sarkozy, je me suis de nouveau interrogée sur cette époque, et plus particulièrement sur la montée du nazisme : Histoire D'un Allemand, de S. Haffner, Rêver Sous le 3ème Reich de C. Beradt, Un Si fragile vernis d'humanité, de M. Terestchenko. 
Et puis, l'an dernier, des circonstances particulières ont fait que je m'y suis de nouveau - franchement - intéressée. Au point, donc, de proposer à l'une de mes éditrices un projet de roman...
Drancy. Source : ajpn

Depuis le début de l'été, donc, j'écris avec la nausée. Parce que je n'ai plus une approche émotionnelle (avec les tripes) mais politique - et probablement philosophique ou/et sociologique -  de ces années-là. Je lis Derniers témoins, de Svetlana Alexievitch, compilation de souvenirs rapportés par des enfants survivants de la région de Minsk, sur l'horreur insoutenable des crimes commis par les Allemands à l'époque. Le Journal d'Hélène Berr, avec ses fulgurances si modernes. 

"C'est toujours la même histoire de l'inspecteur de police qui a répondu à Mme Cohen, lorsque dans la nuit du 10 février, il est venu arrêter treize enfants à l'orphelina, dont l'aîné avait 13 ans et la plus jeune 5 (des enfants dont les parents étaient déportés ou disparus mais il en "fallait" pour compléter le convoi de mille du lendemain) :  "Que voulez-vous, madame, je fais mon devoir!"
Qu'on soit arrivé à concevoir le devoir comme une chose indépendante de la conscience , indépendante de la justice, de la bonté, de la charité, c'est là la preuve de l'inanité de notre prétendue civilisation."

Et puis, je suis allée au Mémorial de la Shoah. J'ai découvert que la France, au lieu d'accueillir les réfugiés chassés de leur pays par les persécutions, la montée du nazisme, des fascismes, les parquait dans des camps de détention. Des fois que ce soient des espions, hein...
En France, on savait. Et on se voilait la face, même parmi les minorités. En Angleterre, Churchill a laissé faire. On faisait aussi des campagnes de propagande à vomir, qui stigmatisaient "le Juif", avec son gros nez, sa grosse bouche, sa fausseté, etc. On devançait la volonté des Allemands. On déportait, on punissait ceux qui s'opposaient. 
un autre élément m'a frappée, c'est à quel point RIEN n'était dit sur les Tziganes, les personnes LGBT, également déportées et exterminées par le régime nazi. 

Le parallèle avec l'horreur que subissent au quotidien les réfugiés de guerre et de misère, ceux que les médias désignent par "les migrants", ceux qui sont stigmatisés par leur couleur de peau, leur âge, parce qu'ils viennent de "là-bas", parce qu'ils nous paraissent différents.. ce parallèle m'a sauté aux yeux. Et l'horreur du délit de solidarité - il a fallu que le conseil constitutionnel  l'invalide pour qu'il ne soit plus appliqué - et ces gamins que les policiers - qui font leur devoir, n'est-ce pas - arrêtent à la sortie du collège ou du lyucée, ceux que trump de l'autre côté de l'Atlantique juge sans avocats,. Et je me dis que rien n'a changé. Si, une chose : l'extermination n'a plus lieu en Europe. Elle a pour nom guerre, dictature, famine, épidémie, elle se passe AILLEURS et ce sont nos gouvernements qui financent, avec des armes, des petits arrangements minables. Et je me dis que si la Solution finale avait été mise en place aujourd'hui, tout le monde aurait su, mais pas un n'aurait survécu.
Et ça me donne vraiment la nausée.

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Update : autre raison d'avoir la nausée, lorsque Macron assiste à l'entrée de Simone Weil au Panthéon,  refuse d'inscrire le droit à L'IVG (pour lequel elle a fait voter une loi, je le rappelle) dans la constitution et plébiscite l'enfermement de réfugiés dans des camps.
#MacronDegage  
 




1 commentaire:

  1. Bonjour,
    vous ne la mentionnez pas dans votre article, alors si vous ne l'avez pas rencontrée, je vous conseille de découvrir l’œuvre de Charlotte Delbo, une très belle écriture et des textes forts. Emma

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