Comme chaque année, j'ai le plaisir d'être invitée aux Imaginales d'Epinal, THE place to be quand on aime les littératures de l'imaginaire, la fantasy en particulier.
Enfin, je vous propose ci-dessous un court extrait de mon prochain roman de fantasy, à paraître en 2018 chez Mnemos.
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Enfin, je vous propose ci-dessous un court extrait de mon prochain roman de fantasy, à paraître en 2018 chez Mnemos.
Dans l’antique
royaume de Simbwan, avant que l’Asag n’empoisonne les rivières
et le sol, la magie nichait partout, dans le minéral et dans le vivant car,
disait-on, c’était le royaume favori d’Azara. Les djinns allaient aux côtés des
hommes, en ces temps reculés, bien plus souvent qu’aujourd’hui et la Déesse
elle-même aimait à se promener sur cette terre fertile. Un musicien, Senwou,
tomba amoureux de l’un de ces immortels à la beauté poignante, un amour sans
espoir car celui qu’il aimait ne savait même pas son existence. Senwou était
aimé, lui aussi, par une antilope avec laquelle il avait grandi. Turqi ne
parlait pas, mais n’avait nul besoin de voix pour être comprise. Son
attachement pour Senwou était tel qu’elle n’avait jamais voulu goûter aux délices
de la vie sauvage et le suivait en tous lieux. Pour Turqi, Senwou était tout.
Et quand elle le vit jour après jour s’étioler, délaissant son inanga, oubliant
de manger, incapable de dormir, l’animal décida de prendre en elle un peu de
son chagrin. Elle se coucha à ses côtés, et cette nuit-là, Senwou put se
reposer. Au matin, l’antilope tremblait sur ses pattes, se montrait abattue
mais demeura bravement auprès de lui. Senwou se rendit au bord de l’oued où son
aimé avait coutume de se promener. Il imaginait que le djinn s’arrêterait pour
écouter sa musique, mais celui-ci ne lui accorda pas un regard. Senwou regagna
sa case, accablé. À force de pleurer, il tomba malade. Et Turqi, une fois
encore, se coucha auprès de lui. Et Turqi, une fois encore, prit un peu de son
chagrin et de sa maladie. Et les semaines passèrent. Senwou, amoureux,
malheureux, composait pour le bel indifférent des airs que ce dernier semblait
ne pas même entendre. Mais il espérait encore. Et l’antilope dépérissait. Son poil devenait terne, ses côtes saillaient
sous sa peau. Elle tenait bon, pourtant et ne renonçait pas à son vœu. Un matin
plus frais que les autres, Senwou décida de jouer sa plus belle chanson pour le
djinn, une chanson dans laquelle il avait mis son amour, sa passion. Enfin,
celui-ci s’approcha de lui et sourit. Une onde de joie traversa le jeune homme.
Libéré de son tourment, il put de nouveau écouter, sentir, voir. Alors, il
découvrit l’état de son amie. Mais il était trop tard pour la guérir. Le mal
qui la dévorait, né de son dévouement, avait raison de ses dernières forces. « Quand
je mourrai, lui dit-elle de ses grands yeux liquides, déjà voilés par la mort,
tu prendras mon cœur et tu le garderas avec toi. Il te portera bonheur. »
Et Turqi rendit son dernier souffle. En larmes, Senwou ouvrit la poitrine de
son amie, prit son cœur encore brûlant. Au moment même où les rayons du soleil
tombèrent sur lui, l’organe se métamorphosa en pierre. Une pierre bleue clair,
tiède dans la paume de l’humain. On dit qu’elle lui porta bonheur, que le djinn
dont il était épris, touché par son histoire, en fit un poème. On dit aussi que
lorsqu’on trouve une turquoise, il faut la garder précieusement contre son cœur
et la traiter avec soin, car elle est née d’un sacrifice.
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