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mercredi 19 novembre 2014

Lune et l'Ombre T2 - Forger le lien

Dans le cadre d'un événement Facebook, les auteurs de SFFH francophones ont du talent  - rien que ça... Je publie un extrait du deuxième tome de Lune et l'Ombre, trilogie fantastique (à partir de 11 ans, chez Gulf Stream éditeur). Et je le dédie tout spécialement à Mona;, Emma et Harmony.Il faut toujours se méfier des clowns!



C’est une mélodie, d’abord. De joyeuses notes de flûte. Un morceau simple et entraînant. Porté par la brise du soir, il virevolte autour de moi. Incapable de résister, je tourne sur moi-même et j’esquisse quelques pas de danse, ensorcelée. Je m’élance, impatiente de découvrir la source de cette chanson. J’arrive à l’orée d’une esplanade entourée de vieilles demeures. Dans le couchant, elles sont illuminées de rayons d’ambre blond. La musique vient de là. Je ralentis, un peu intimidée. À cet instant, l’oiseau-lune se pose sur mon épaule et me pique deux fois. Réprimant un cri de douleur, je sursaute, porte la main à mon cou. Il m’a fait mal, mais la douleur, comme dans la demeure de l’horloger, m’a libérée du sortilège. Plaquée contre un antique mur de pierres sèches et moussues, je m’approche de la place, le cœur battant.
En guise de chapiteau, une roulotte hexagonale, sans moteur ni chevaux. En guise de scène, une porte fixée par des tréteaux.
Un personnage inquiétant, vêtu d’un chapeau pointu et d’une longue cape rouge, jongle au son d’une flûte invisible avec une vingtaine de minuscules sphères d’argent. Sur le seuil de sa caravane, un lion et une chouette l’écoutent sagement.
Face à lui, une quinzaine d’écoliers en uniformes gris, hypnotisés. J’ai l’impression de les avoir déjà vus. Mais où ? Soudain, je me rappelle : ils suivaient leur institutrice, une nonne sévère. Un gardien barbu les escortait : il portait dans son dos un sac rempli d’oiseaux. Certains parvenaient à s’échapper et filaient à tire d’aile dans le ciel nuageux : ce n’étaient ni des étoiles ni des soleils, mais des rossignols, des mésanges et des petits moineaux. 
Je m’avance un peu plus. Je découvre avec horreur les yeux minéraux du fauve et du rapace : ils sont empaillés. Quant aux lumières, ce sont des boules de plumes inertes, dépouilles fragiles, encore scintillantes de magie, des victimes du chasseur d’étoiles. 
La musique s’arrête. Le clown ralentit ses mouvements. Les cadavres retombent en pluie molle autour de lui. Indifférent, il s’incline et salue. Les élèves applaudissent.

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