Hier, concert de Sonia Wieder-Atherton à la salle Gaveau avec Fabien, papa et maman. Au programme, des morceaux choisis de Chants d'Est, Chants juifs, et Vita (Monterverdi Scelsi). Ce qui m'a frappée, c'est d'abord la complicité évidente entre les musiciens, Sonia Wider-Atherton et la récitante, Fanny Ardant dont la voix semble celle d'un violoncelle, et qui joue du MarinaTsvetaïeva, répondant aux musiciens du tac au tac sur Tentative de jalousie, que j'adore. Suite plus intimiste, avec le pianiste Bruno Fontaine et Le cheval noir, poème de Brodsky précédant un extrait d'une sonate de Chostakovitch.
C'était le soir où près de notre feu
un cheval noir apparut à nos yeux.
Je n'ai pas de souvenir de noir plus sombre.
Plus noires que charbon étaient ses jambes.
Il était noir comme la nuit, comme le vide.
Il était noir de la crinière au fouet.
Mais c'est d'un autre noir, déjà, qu'était
son dos qui ignorait la selle.
Il restait sans bouger. Endormi, semblait-il.
Et la noirceur de ses sabots était terrible.
Il était noir, inaccessible à l'ombre.
Si noir, qu'il ne pouvait être plus sombre.
Aussi noir que l'est la nuit noire à minuit...
un cheval noir apparut à nos yeux.
Je n'ai pas de souvenir de noir plus sombre.
Plus noires que charbon étaient ses jambes.
Il était noir comme la nuit, comme le vide.
Il était noir de la crinière au fouet.
Mais c'est d'un autre noir, déjà, qu'était
son dos qui ignorait la selle.
Il restait sans bouger. Endormi, semblait-il.
Et la noirceur de ses sabots était terrible.
Il était noir, inaccessible à l'ombre.
Si noir, qu'il ne pouvait être plus sombre.
Aussi noir que l'est la nuit noire à minuit...
Deuxième partie du concert : des extraits de Vita, croisement d'oeuvres de Monterverdi transcrites pour violoncelle(s), et de Scelsi, racontant la vie d'Angioletta, devenant Angel au 20ème siècle : mots d'amour impossibles, adolescence, le risque de se perdre dans le regard de l'autre, le "ne meurs pas" qui m'a ramené à un vieux souvenir, et lui a donné un tout autre sens (peut-être le bon ? Ne pas mourir, ne pas se perdre soi-même) et a aussi fait écho aux Chimères de l'aube, puisque c'est bien de cela dont il est question, se perdre pour l'autre, puis l'acceptation de l'autre et de soi, la vieillesse et la mort, morceau grinçant, bouleversant, étrange où le violoncelle se fait bourdonnant comme un essaim de mouches. Vie et mort d'Angioletta/ Angel.
Après, je suis allée faire ma fan, j'ai racheté une Vita juste pour me la faire dédicacer...
Merci Charlotte pour ce beau billet : je ne connaissais pas Joseph Brodsky, et j'ai été sidéré par la force de sa poésie.
RépondreSupprimerLe symbolisme a généré le fantastique, en passant je crois par le surréalisme...Et JB le démontre (comme toi, et quelques autres que je commence à découvrir))
Le cheval noir m'a d'abord fait penser à un cheval de mine...
Mais il attend un cavalier...
Ce qui n'était plus le cas (du moins je pense) de ces malheureux chevaux de mine...
Amicalement
GE
Et moi, j'ai vu un grand frison, ou encore un barbe dans les ténèbres, et ressenti en écoutant l'envie irrésistible de grimper sur son dos!
RépondreSupprimer